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Covid-19 : ces bébés du confinement

29 mars 2021

Vanessa Virassamy Chan Fee : «Le monde s’est arrêté autour de nous»

 

Vanessa Virassamy Chan Fee a donné naissance à la petite Leyla le 27 mars 2020, avec un peu d’avance. Quelques jours plus tôt, l’annonce des premiers cas de Covid-19 à Maurice lui avait donné froid dans le dos. «Je m’en souviens comme si c’était hier. J’étais chez moi devant la télé quand j’ai entendu la nouvelle. J’ai eu des frissons. Ce jour-là, j’avais mon dernier rendez-vous chez ma gynécologue, qui a été annulé à cause du lockdown. J’étais à presque 40 semaines de grossesse et j’ai commencé à stresser et paniquer. Mon époux Christopher m’a rassurée et je me suis calmée.» Vanessa se rend à la clinique quelques jours plus tard, dans une ambiance surréelle. «Les rues étaient désertes, avec des barrages policiers comme dans les films. À la clinique, c’était port du masque obligatoire et prise de température.»

 

Dans la salle d’accouchement, la jeune femme garde le masque sur le visage, même si c’est contraignant. Lorsque Leyla pointe enfin le bout de son nez, c’est l’explosion de joie. «On a pleuré tellement on était heureux. C’est comme si que le monde s’était arrêté autour de nous et qu’il n’y avait que nous trois.» À cause de la situation sanitaire, la jeune famille ne reçoit aucune visite et c’est via les réseaux sociaux que l’annonce de l’arrivée de Leyla est faite à la famille. Pendant tout le confinement qui prendra fin le 31 mai, Leyla, confie la jeune maman, sera leur rayon de soleil, les faisant oublier les angoisses liées au coronavirus. Pour son premier anniversaire, le couple avait prévu une grande fête avec toute la famille mais une fois de plus, le confinement est venu chambouler leurs plans. «Situation oblige, ce sera seulement entre nous trois, à la maison, avec des appels vidéos avec le reste de la famille. Avec la Covid-19, on apprend à être prévoyants. J’avais déjà commencé à préparer la fête, donc j’ai déjà son cadeau et quelques déco. Nous ferons la fête une fois que le lockdown sera levé.»

 

Anisha Mangrah «Vyaan a porté les vêtements de sa grande sœur»

 

Le stress d’un accouchement en plein confinement ? Anisha Mangrah ne l’a pas vraiment ressenti, même si son bébé, un petit garçon, est venu au monde avec quelques jours d’avance. Ainsi, le 22 mai 2020, la jeune femme, déjà maman d’une petite fille, se rend à la clinique pour donner naissance à Vyaan dans des conditions particulières. «J’étais heureuse et triste à la fois. J’avais un peu peur aussi de la situation avec la Covid-19 mais j’ai gardé mon calme en évitant de stresser. J’ai dû laisser ma fille à la maison avec ma maman qui ne pouvait pas venir me rendre visite à la clinique. Il n’y avait que mon mari qui pouvait être avec moi.»

 

Avec le confinement, qui dure alors depuis un certain temps, Anisha n’a pas pu acheter les vêtements de bébé. Au lieu de paniquer, elle décide alors de sortir les affaires de sa petite fille qu’elle a conservées. «À sa naissance, Vyaan a porté les vêtements de sa grande sœur jusqu’à ce que le confinement soit levé et que nous puissions sortir lui acheter ses affaires.» Le retour à la maison, à l’image du calme qui règne dans les rues, s’est passé dans la tranquillité la plus totale. Alors que les autres membres de la famille ont pu rendre visite au petit qu’après la levée du confinement, Anisha et sa famille sont restées dans leur petite bulle, à la maison. Ce second confinement, dit-elle, a été une fois de plus l’occasion de se retrouver ensemble et de profiter des uns et des autres. «Mon mari a amplement le temps de profiter de nos deux bébés, ce qui n’est pas forcément le cas au quotidien.» En ce moment, la petite famille prépare le premier anniversaire de Vyaan qui se fera, espèrent-ils, sans aucune restriction sanitaire.

 

Kéren Dhoorah Létendrie : «Cette expérience m’a rendue plus forte»

 

Kéren Dhoorah Létendrie s’en souviendra toute sa vie. Alors que la naissance de son bébé est prévue pour fin mars/début avril, son époux, qui est alors à l’étranger pour son travail, se retrouve bloqué en dehors de Maurice. «Mon époux devait rentrer en mars mais avec la fermeture des frontières, ça n’a pas été possible. C’était dur car je me retrouvais seule. Heureusement, j’ai pu compter sur la famille qui était d’un grand soutien.» Rassemblant tout son courage, la jeune femme affronte les derniers jours de sa grossesse avec optimisme, malgré la situation. «J’ai placé toute ma confiance en Dieu. Je me devais d’être forte pour moi, pour mon bébé et pour mon mari. Heureusement, tout était prêt pour l’arrivée de bébé.»

 

Lorsqu’elle est admise à l’hôpital, Kéren se retrouve une fois de plus seule, les visites étant interdites. «Je dois dire que le personnel hospitalier était aux petits soins. Ils ont su me rassurer.» Le 14 avril, la petite Ella vient enfin au monde, pour le plus grand bonheur de ses parents. C’est à travers un appel vidéo que le papa fait la connaissance de sa fille. Un moment heureux mais tout aussi douloureux à cause de la distance qui les sépare. De retour à la maison, la jeune femme peut compter sur le soutien de ses parents. Ce n’est que deux mois plus tard, après la levée du lockdown, que le reste de la famille rencontrera pour la première fois bébé. Ella et son papa se rencontreront, eux, cinq mois plus tard, quand les vols de rapatriement ont commencé à ramener dans l'île les Mauriciens bloqués à l’étranger. Enfin réunie, la petite famille est sur un petit nuage et savoure le bonheur d’être ensemble. «C’est comme si ces deux-là s’étaient toujours connus. C’était magnifique. Et toute cette expérience m’a rendue plus forte.» 

 

Un an plus tard, alors qu’elle ne sait toujours pas comment va se passer le premier anniversaire de sa fille, Kéren a choisi de rester positive. «J’ai le cœur gros à l’idée de savoir qu’Ella va peut-être devoir fêter son anniversaire loin de tous ceux qui l’aiment mais on ne perd pas espoir. On préfère rester positifs en se disant qu’on pourra toujours faire la fête après.»

 

Nandita Rajcoomar Dookayka : «Je n’étais pas prête du tout»

 

Être enceinte et se retrouver subitement en lockdown sans avoir rien préparé pour l’arrivée de bébé, c’est l’un des pires scénarios qu’on puisse imaginer, confie Nandita Rajcoomar Dookayka. Et c’est justement ce qui lui est arrivé. «J’étais à environ six mois de grossesse quand on a annoncé le confinement alors que je m’apprêtais justement à commencer mon shopping. Pour moi, ça a été un choc. Je ne savais pas combien de temps allait durer le confinement. Heureusement, comme je suis déjà maman d’une petite fille, j’avais un berceau à la maison mais je n’étais pas prête du tout.»

 

Alors que les jours passent et que la situation ne semble pas s’améliorer, Nandita perd son calme. «Je pensais que lorsque j’accoucherais, le confinement serait fini mais les nouvelles n’étaient pas du tout rassurantes. Plus les jours passaient, plus j’étais stressée. J’avais quelques complications de grossesse qui demandaient des injections quotidiennes et évidemment, je n’avais pas la quantité suffisante pour toute la durée du confinement. Les consultations étaient annulées et le médecin me parlait uniquement au téléphone. Des fois, je me demandais si le bébé allait bien, comme il n’y avait pas d’échographie.»

 

Jonglant entre toutes ces émotions, Nandita essaie quand même de s’organiser un minimum en utilisant les réseaux sociaux pour commander en ligne et recevoir les affaires de bébé en livraison. Lorsqu’elle accouche le 11 mai et donne naissance à Avir, son époux n’est pas présent. «J’étais stressée. Il fallait respecter les mesures sanitaires et faire le test Covid-19. Heureusement, le personnel était calme. Ils m’ont accompagnée jusqu’au bout, tout en nous rassurant, mon mari et moi.» Après l’épreuve de l’accouchement, comme partout ailleurs, Nandita et le petit n’ont pas eu droit aux visites. Une fois à la maison, les choses ne se sont pas non plus passées comme prévu. «Normalement, nous organisons une séance de prière pour accueillir le bébé à la maison mais nous n’avons pas pu avec l’interdiction de se rassembler. De plus, nous avions fait des arrangements avec une dame du voisinage pour des séances de massage pour bébé. Nous étions assez anxieux.»

 

Si à ce jour, le Premier ministre a annoncé un déconfinement partiel après le 31 mars, Nandita et sa famille ne savent toujours pas dans quelles conditions Avir soufflera sa première bougie. Ce sera certainement une petite fête rien qu’entre eux à la maison, confie-t-elle, vu les circonstances…

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