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19 octobre 2020 13:52
C’est, confie-t-elle, un vrai cri du cœur. Sa colère et son désespoir, elle a décidé de ne plus les cacher. Cette patiente, qui a souhaité témoigner sous le couvert de l’anonymat et que nous appellerons donc Priya, est admise depuis 20 jours à l’hôpital ENT qui accueille ceux qui ont été testés positifs à la Covid-19. À ce jour, Maurice compte 43 cas importés de Covid-19. 1 867 personnes sont actuellement en quarantaine.
Au bout du rouleau, cette patiente souhaite aujourd’hui faire la lumière sur les conditions d’admission qu’elle juge «inacceptables» et «inhumaines». Les conditions sanitaires, avance celle-ci, sont dans un état lamentable. «Rien n’est propre et il n’y a aucune sécurité. Les toilettes ne sont pas nettoyées, tout comme les équipements tels que les appareils de tension utilisés», lance-t-elle.
La liste de ses doléances est longue. Parmi, il y a le fait que les résultats des tests effectués ne leur sont jamais communiqués, affirme cette patiente, mais aussi le fait qu’on leur donne des comprimés sans qu’ils sachent de quels médicaments il s’agit et pourquoi ils les prennent. «On ne nous dit jamais si nos résultats sont positifs ou négatifs, alors que c’est la moindre des choses de nous laisser savoir. Moi, je suis là depuis une vingtaine de jours et je suis à bout. Il y en a d’autres qui sont là depuis plus de 40 jours.»
Priya déplore aussi le manque de sécurité. «Je suis dans une salle avec huit autres patients. Le soir, alors que nous sommes en chemise de nuit, des patients hommes traversent notre chambre. Nous sommes terrorisées et frustrées par une telle situation. Est-ce que nous sommes dans un hôpital ou ailleurs ? Mon rêve c’est que le Dr Gaud vienne passer deux nuits ici pour mieux comprendre notre situation.»
La distanciation sociale n’est pas non plus respectée, dit notre interlocutrice. «Ceux qui sont asymptomatiques sont en contact avec ceux qui présentent des symptômes. Il n’y a aucune règle de distance sociale et ce n’est pas normal. Je n’ai rien contre le protocole mais est-ce que ce protocole induit que les toilettes et les équipements médicaux ne soient pas nettoyés, qu’il n’y ait pas de distanciation sociale ? Je ne pense pas.»
Face à toutes ces critiques, le Dr Zouberr Joomaye, porte-parole du National Communication Committee sur la Covid-19, tient à mettre les choses au clair, affirmant que toutes les règles sanitaires imposées par le High Level Committee, présidé par le Premier ministre, sont suivies à la lettre. «Je crois que l’ensemble de la population est consciente que le service du ministère de la Santé est un service constant. Toutes les normes d’hygiène sont respectées. Les patients positifs ne sont pas autorisés à se mélanger entre eux et restent hospitalisés tant que leurs résultats ne sont pas négatifs à la Covid-19. Nous ne pouvons pas prendre le risque de les laisser sortir car nous n’avons pas la garantie qu’ils ne sont pas contagieux.»
Il dément également le fait que les résultats ne soient pas communiqués aux patients. «Nous sommes conscients que ce protocole est strict mais c’est dans l’intérêt général de la population afin d’éviter que des personnes porteuses du virus se baladent dans la nature.» C’est là, dit-il, la priorité des autorités.
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