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Covid-19 et confinement : les confidences des seniors

12 mai 2020

Jean Lewis Dick, Josiane Céline Ohis, Marie-Noëlle Rima et Sybille Noëlle Durhone racontent comment ils gèrent la situation.

On entend beaucoup parler d’eux. On les qualifie de «plus fragiles», de «plus menacés», de «vulnérables» ou encore comme étant «à risque» face au coronavirus. Eux, ce sont nos seniors. Car si le risque de formes graves de la maladie augmente avec l’âge, et ce dès 40 ans, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) place les «plus de 60 ans» dans la catégorie des personnes les plus en danger, aux côtés de celles souffrant de maladies chroniques. Toutefois, dans certains pays, comme au Royaume-Uni, le seuil de 70 ans a été retenu pour définir les personnes à qui il est conseillé de respecter un confinement strict. Comment vit-on cette période lorsqu’on est considéré, articles de presse et courbes de chiffres à l’appui, comme étant en première ligne face au virus ? Quelques-uns de nos aînés nous racontent comment ils gèrent la situation.

 

Jean Lewis Dick, 67 ans, était dans le berceau même du virus il y a quelques mois. «J’étais en Chine en décembre pour le World Wood Day. Je suis rentré au pays le 8 décembre. Mon épouse est très stricte concernant tout ce qui touche à la santé à la maison. Elle m’interdit même de sortir. Je ne suis donc pas sorti de la maison depuis le 19 mars, jour où le pays est entré en confinement», nous confie l’habitant de Bambous.

 

Chez lui, les infos autour du virus sont suivies avec beaucoup d’attention : «Ma fille est nurse à la clinique Shifa. Elle me donne ainsi toutes les infos et les précautions à prendre.» Contrairement à d’autres personnes de son âge qui sont seules ou qui vivent dans des maisons de retraite, le sexagénaire dit pouvoir compter sur ses proches pour s’occuper des tâches comme aller faire les courses, par exemple. Il évite ainsi le risque d’être exposé à une éventuelle contamination : «C’est mon épouse et mon fils qui s’occupent de tout.»

 

Et pour ne pas s’ennuyer et surtout pour ne pas tomber dans une déprime ou une routine, le secret de Jean Lewis, qui est sculpteur, c’est de toujours avoir quelque chose à faire : «Je m’occupe bien pendant ce confinement avec mes sculptures. Puis, j’ai continué la construction de ma maison. Même si je suis très triste pour ces pertes de vies humaines dans le pays, pour moi, ce confinement est une bénédiction car j’arrive à trouver du temps pour mes projets artistiques. J’ai 40 ans dans le domaine.» Si les nouvelles sont parfois mauvaises, le sculpteur se dit chanceux d’avoir son cocon familial pour le réconforter : «Je profite de ma famille. Passer du temps avec mon épouse ainsi que mon fils et ma petite-fille qui habitent chez moi, est un véritable cadeau de Dieu. Je suis très attaché aux miens.»

 

Bien évidemment, Jean Lewis ne cache pas avoir peur des dangers liés au virus mais il ne s’inquiète pas que pour lui : «Avec le déconfinement, j’ai très peur pour mes proches et pour le monde entier. J’angoisse aussi pour les plus jeunes car ce ne sera pas facile pour eux de prendre toutes les précautions nécessaires.»

 

D’un avis à l’autre, d’un aîné à une autre, le virus est plus que présent dans les pensées. Pour Josiane Céline Ohis, qui a eu 66 ans le 1er mai, la prudence doit être de mise. «Tout ce que le Covid-19 a provoqué nous a permis d’être en communion avec les autres, même à distance.» Pour elle, il y aura définitivement un après coronavirus : «Je ne vois plus les choses de la même façon. On vit actuellement dans un monde différent. La solidarité, dans les moments difficiles, a commencé à la maison, en famille mais aussi avec les amis. Il a fallu en arriver là pour rassembler les uns et les autres. Oublions nos différences.»

 

Sécurité

 

La sexagénaire considère ainsi le confinement et les mesures strictes de sécurité comme un mal pour un bien : «C’est pour mieux nous retrouver après, pour mieux s’embrasser, plus fort, et s’aimer avec plus d’intensité.» Avec tout ce qu’elle entend, son message est clair : la sécurité des seniors est une priorité. «Nous sommes vraiment fragiles, nous, les personnes âgées, et il nous faut être protégées. L’heure est grave. Il faut faire très attention après le déconfinement. La prudence est de mise mais soyons forts et responsables. Continuons à lutter ensemble et prions...» Car Josiane Céline Ohis, comme d’autres personnes, puise ses forces dans la prière qui lui permet de s’éloigner quelques instants du stress et de l’angoisse.

 

Sybille Noëlle Durhone n’arrive toujours pas à croire ce qui se passe actuellement dans le monde : «Jamais je n’aurais cru vivre ce genre de tristes expériences. Je voyais ce qui se passait en Chine mais je n’imaginais pas que le virus allait arriver jusqu’à nous et qu’il allait chambouler toute notre vite et menacer surtout les personnes d’un certain âge.» C’est en prenant toutes les précautions qui s’imposent et en confinement que Sybille se protège avec sa famille : «Il nous faut faire attention et surtout être responsables. On peut se protéger, protéger notre population et nos aînés, si on fait ce qu’il faut.» La situation actuelle lui rappelle les échanges qu’elle avait plus jeune avec sa grand-mère : «Je me souviens quand elle me parlait de la grippe espagnole. C’était une mauvaise période qui l’avait marquée et me voilà à vivre presque la même chose.»

 

Si elle avoue avoir peur, Sybille estime qu’elle craint surtout pour la santé de ses proches : «On essaie d’appliquer toutes les barrières de sécurité.» C’est entourée de sa famille qu’elle vit ce moment : «C’est clair que ce qui se passe actuellement nous a fait nous rappeler de l’essentiel, qu’on a besoin des autres pour se sentir bien. Ce lockdown a permis de souder encore plus les liens de la famille.» Entre les moments familiaux autour de la télé ou d’un bon plat, Sybille ne cache pas qu’elle s’adonne aussi à des activités qui lui permettent de trouver son équilibre : «Il y a, certes, les tâches ménagères et le jardinage qui m’occupent mais je me change aussi les idées grâce à Facebook ou encore YouTube.»

 

C’est aussi grâce à la technologie que Marie-Noëlle Rima, 62 ans, s’occupe : «C’est une situation stressante mais j’essaie de positiver.» La conseillère pédagogique s’est découvert des talents qu’elle ne soupçonnait pas : «Je ne pensais pas pouvoir organiser une vidéoconférence. Depuis le confinement, je me suis familiarisée avec des outils comme Zoom, que je ne pensais pas devoir maîtriser un jour. Je l’ai fait et je suis très contente. Ce triste épisode nous a fait comprendre qu’il faut nous adapter. On apprend tout le temps...»

 

Avec son stock de désinfectants et autres outils de protection à portée de main, Marie-Noëlle est très attentive à tout ce qui touche de près ou de loin à la progression du virus : «Je suis particulièrement tout ce qui touche au secteur éducatif car la pandémie affecte beaucoup le calendrier scolaire.»

 

Le virus et tout ce qu’il provoque l’interpellent comme tout le monde mais pour Marie-Noëlle, avoir une journée bien remplie, entre ses proches et ses occupations personnelles, est une façon de ne pas se laisser dépasser par ce virus qui, même s’il affecte particulièrement les seniors, n’épargne personne sur son passage...

 


 

Des mesures pour nos aînés

 

Les personnes âgées sont plus vulnérables face au Covid-19. L’Attorney General Maneesh Gobin l’a encore précisé, sur le plateau de la MBC, peu après l’annonce du plan de déconfinement graduel pour le pays par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, vendredi dernier, rappelant que celles-ci ne pourront sortir que dans les cas exceptionnels, notamment pour s’approvisionner ou si elles sont détentrices de permis de déplacement. La distribution de la pension mensuelle continuera à s’effectuer à domicile, de même que les visites médicales par les médecins de la Sécurité sociale. Un comptoir spécial est aussi prévu dans les banques pour les personnes âgées. Et elles ne pourront accéder au transport public que selon un système par ordre alphabétique et hors des heures de pointe.

 


 

En Italie, Ada Zanusso, 103 ans, guérit du coronavirus

 

Il y a des histoires qui touchent. Celle d’Ada Zanusso, 103 ans, qui vit dans le nord de l’Italie, a fait le tour du monde. Parmi toutes les mauvaises nouvelles qu’on entend ces derniers temps, elle est venue démontrer que le coronavirus n’est pas toujours une fatalité, même si une personne a plus de 60 ans. Elle avait contracté le virus au début de mars alors qu’elle séjournait dans un centre de soins à une centaine de kilomètres de Milan. Vingt et un autres résidents du centre ont succombé au Covid-19, alors qu’elle, elle a tenu bon et a résisté au virus. Celle qui fêtera ses 104 ans en août s’est miraculeusement remise en n’étant traitée que pour faire baisser la fièvre. «Elle est restée alitée pendant une semaine, nous l’avons hydratée parce qu’elle ne se nourrissait pas. Puis, nous avons pensé qu’elle ne se remettrait pas car elle était très somnolente, elle ne nous répondait pas. Mais un jour, elle a rouvert les yeux, elle s’est réveillée et s’est remise à manger», témoigne Carla Furno Marchese, son médecin traitant depuis 35 ans. Lorsqu’elle a été interrogée sur ce qui, selon elle, l’a aidée à combattre le virus, la centenaire a répondu : «Le courage, la force et la foi...»

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