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Covid-19 : un second confinement entre «crainte» et «incertitude»

15 mars 2021

Christopher Lim, Self-Employed dans la production multimédia : «Au vu du nombre de cas, la situation fait peur»

 

La situation actuelle fait peur car, contrairement à l'année dernière, on a attendu cinq jours avant que le confinement soit instauré et entre-temps, il y a eu de grands rassemblements dans l'île. Je m'inquiète aussi de la situation économique. Le pays était déjà à genoux et là, c'est back to square one, comme on dit.

 

Au vu du nombre de cas, la situation fait peur. Je suis très déçu du manque de proactivité de nos dirigeants. Je m'interroge aussi sur la responsabilité du public. Avant que le pays n’entre en confinement cette semaine, les gens s'embrassaient, se serraient la main et tout, alors que ces habitudes, de par ce qu'on a vécu l'année dernière, auraient dû, selon moi, changer. Je n'ai pas été pris au dépourvu par rapport à l'annonce du lockdown parce que je m'étais déjà préparé à cette éventualité depuis l'annonce des premiers cas. Je vis en ce moment mes premiers jours de confinement dans l'île car l'année dernière, je n'étais pas au pays. Je me trouvais en Australie où j'étais bloqué. Je suis Business Owner et j'évolue dans la production multimédia avec Orchid Studio. J'ai déjà partagé le travail avec les employés.

 

Cette situation affecte, bien évidemment, mon business : les événements, les mariages et autres photoshoots sont en pause. Il y a un manque à gagner. Sur le plan personnel, ce qui se passe m'affecte sur les plans physique et mental. Comme je travaille à la maison, je dois sortir quotidiennement pour me relaxer et me changer les idées via le jogging ou le yoga. Cela va me manquer. Je vais me remettre à la peinture que j'ai délaissée.

 

Caroline Jodun, chanteuse et organisatrice d’événements : «Des moments très stressants»

 

Il a fallu une réorganisation dès l’annonce du confinement. Nous avions beaucoup d’événements prévus au restaurant (NdlR : elle gère, avec plusieurs, le restaurant La Cannelle au Domaine Les Pailles), avec des soirées musicales et du karaoké. Et puis paf, le confinement ! C’est un stress, déjà au niveau personnel car il faut se protéger ainsi que ses proches. Puis professionnellement, il y a les annulations mais aussi tout ce qui est consommation, avec toute une réorganisation pour conserver la nourriture, voire en distribuer un peu. L’autre stress vient du fait que nous ne savons pas jusqu’à quand va durer ce confinement et que nous appréhendons les pertes financières. La reprise se fera-t-elle vraiment un jour vu la situation ? Et je n’ose imaginer ce qui va se passer à long terme pour les artistes. La situation était déjà difficile pour nous avec le premier confinement, ce qui ajoute aussi au stress, d’autant que les nouvelles au quotidien ne sont pas du tout rassurantes.

 

Veda Krishna, étudiant à l’Université de Maurice : «Dans une situation assez difficile»

 

L’annonce du lockdown par le Premier ministre après la détection des cas de contamination en dehors du cluster Surat a eu l’effet d’une douche froide. Ça fait vraiment peur, surtout que les autorités ne savent pas encore comment le virus s’est propagé. La situation est vraiment très grave. Le virus est bel et bien présent et se propage graduellement dans la communauté à une vitesse accélérée. De plus, je suis attristé par le fait que cette fois, ce sont plus des jeunes étudiants et des enfants en bas âge qui sont contaminés.

 

Pour ma part, je suis en dernière année d’études en communication à l’Université de Maurice et je trouve que tous les étudiants en ce moment sont dans une situation assez difficile. Premièrement, nous sommes en plein dans la préparation de notre dissertation et la bibliothèque de l’institution a dû fermer ses portes par mesure sanitaire. Donc, nous nous retrouvons à nous fier uniquement à des ressources en ligne. De plus, j’ai dû stopper mon stage.

 

Malgré toutes les difficultés auxquelles nous faisons face, il ne faut pas céder à la panique. Au contraire, afin de freiner la propagation du coronavirus dans la communauté, il faut agir de manière responsable en respectant les mesures de protection comme les gestes barrières et le port du masque… pour nous protéger mais aussi pour protéger les autres.

 

Aroushinee Goorapah, nutritionniste : «Un impact sur la personne extravertie que je suis»

 

J'ai continué à croire jusqu'à la veille du lockdown que nous serions sauvés d'un épisode similaire à celui de l'année dernière. Malheureusement, il semble que, même si notre système médical est bien préparé à cette épidémie sanitaire, la propagation de la maladie est beaucoup plus dangereuse. Ma principale façon de surmonter une mauvaise journée ou quelque chose qui m'inquiète, c'est quand je prends contact avec mes patients et que nous discutons. Très souvent, ils me disent que, lorsqu’ils voient mon sourire, ils se sentent bien. Ce sentiment est simultané et partagé car j'ai besoin de mes patients pour me sentir bien. Par conséquent, une fois de plus, cela laisse des effets sans précédent, où non seulement ma vie professionnelle est affectée mais aussi ma vie personnelle. Le fait que je ne puisse pas voir mes proches, a un impact sur la personne extravertie que je suis. Même si c'est difficile, nous restons tous à la maison et je recommande à tous de faire de l'exercice à la maison et de préparer des collations et des repas sains. C'est aussi ce que j'essaie de faire : être en sécurité et rester à la maison. Ne pas oublier d'utiliser du gel hydroalcoolique et de prendre les précautions nécessaires en étant des consommateurs avisés. Ma prière envers notre pays et notre population est que nous arrêtions bientôt la propagation de la pandémie de Covid-19.

 

Kavina Gungadu, policière : «La crainte d'être contaminés»

 

J'habite et je travaille dans la zone rouge, c'est-à-dire la division centrale. Donc, le risque de contamination pour ma famille et moi-même est encore plus grand. D'autant que mon époux est également policier. Malheureusement, nous n'avons pas le choix et devons traiter avec le public au quotidien avec le moindre équipement mis à notre disposition. Nous devons, tous les jours, avoir la force mentale nécessaire pour quitter notre domicile et aller travailler mais le plus dur, c'est de rentrer avec la crainte d’être contaminés. Au bureau, nous essayons de nous soutenir mutuellement et de remonter le moral de chacun.

 

À mon avis, un complete lockdown de deux semaines aurait été plus approprié car étant moi-même sur le terrain, je constate que les gens sont nombreux à ne pas suivre les consignes. J'aurais aimé être à leur place, confinée à la maison, mais nous avons un devoir. J'espère tout simplement que cela prendra fin très rapidement.

 

Saleem Moosa, homme d’affaires : «Nous devons apprendre à vivre avec»

 

Le premier confinement, en 2020, était très pénible à vivre mais nous avons dû nous adapter à la situation. En ces temps difficiles, il faut coopérer. Cette situation nous permet de passer plus de temps avec notre famille. Mais en même temps, nous avons besoin de nous occuper, de travailler et faire tourner l’économie. Nous avons mis en place un système en ligne pour le travail à la maison mais ce n’est pas pareil. Dans le commerce, nous avons encore besoin du contact humain. Mais il faut s’habituer aux changements vu que la pandémie va durer encore un moment. Nous devons apprendre à vivre avec cette situation très complexe qui montre à quel point les gens ne sont pas prêts à vivre avec ces nouvelles dispositions. Ce second confinement ne va pas arranger les affaires du pays. Le gouvernement fait de son mieux pour nous sortir de la crise mais comment faire quand beaucoup d’entreprises et de commerces sont dans des situations vraiment compliquées ? Nous avons connu une grosse perte dans nos chiffres lors de la première vague, alors que nos frais sont restés inchangés. C’est vrai que cette première expérience nous a appris à mieux gérer la situation mais nous ignorons encore combien de temps va durer ce second lockdown et à quel point cela va impacter sur le monde des affaires. Les prochaines semaines risquent d’être difficiles à gérer…»

 

Sharon Carpen, maman et entrepreneure : «L’angoisse est là»

 

Le renvoi des examens du PSAC, je trouve que c’est la meilleure des décisions. Le ministère de l’Éducation a pris en considération le bien-être de nos enfants. Ça leur permettra de mieux se préparer et de prendre part aux examens dans les meilleures conditions. Pour mon fils Steevy, tout cela est déstabilisant, néanmoins. Il s’était préparé psychologiquement à prendre part aux examens ; il voulait en finir une bonne fois pour toutes ! Il devra gérer son stress un peu plus longtemps. J’espère que les sessions de Zoom avec ses enseignants vont l’aider à rester concentré (sinon, ce sera un laisser-aller entre la télévision et les jeux vidéo !). Pour l’instant, le confinement se passe bien, on est à la maison, en famille. Mais l’angoisse est là : le nombre de cas qui augmente est effrayant. Il y aussi le fait que mes parents et mes proches vivent dans les régions les plus affectées. Ça ne permet pas d’avoir l’esprit tranquille. Il est également difficile de ne pas penser à cette incertitude par rapport à l’avenir.

 

Rajnish Burton, homme d’affaires : «Je suis dans le rouge»

 

Ce n’est pas facile de faire face à un second confinement car je travaille à mon compte dans le domaine du catering et de l'événementiel avec ma compagnie Foodamour Ltd qui, d’ailleurs, a une large clientèle qui normalement vient de l’extérieur. On ressent toujours les séquelles du premier confinement et voilà que le pays est à l'arrêt. Mais on doit faire avec et penser à l’intérêt de l’île  avant tout. Financièrement, je suis dans le rouge et je suis très inquiet.

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