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17 août 2020 02:54
Comme un air d’espoir. Ce sentiment prend de plus en plus de place dans le cœur des villageois de Vieux-Grand-Port. Sur la plage publique de la localité, les passages des volontaires et des officiers sont moins fréquents. Dans l’eau, les ballots de paille ont remplacé les bateaux. Le paysage n’est, certes, plus aussi beau mais l’espoir de retrouver le paysage d’avant a refait surface. En effet, après des jours de nettoyage, la situation, au vu des habitants, semble peu à peu s’améliorer. Gérard, qui habite juste en face de la mer, a contemplé pendant des jours le triste spectacle qui s’y est joué. «C’était vraiment triste de voir ça. Ça fait longtemps que j’habite ici et je n’avais jamais vu une chose pareille. L’odeur était vraiment forte et on la sentait partout dans la maison. Maintenant, ça va mieux.» Si au début de la crise, les volontaires affluaient, dorénavant, lance Gérard, on ne les voit presque plus. Ce qui le gêne, dit-il, c’est que les barriques de débris s’accumulent sur la plage. «On espère qu’ils viendront bientôt les ramasser. Ça ne fait pas joli à voir», dit celui qui espère vite retrouver cette plage, celle qu’il a toujours connue.
La route côtière d’Anse-Jonchée retrouve peu à peu sa quiétude. Sur la plage, la présence des officiers du ministère de l’Environnement anime encore le quartier qui a connu, au cours de ces derniers jours, de nombreuses allées et venues. Harold Broiard, habitant de la localité, assiste quotidiennement à cette scène qui se joue sous ses yeux. Il y a encore une semaine, l’atmosphère ici, dit-il, était aussi lourde que l’huile qui s’est échappée du Wakashio. «C’était très triste de voir notre lagon dans un tel état, sans parler de l’odeur qui était insoutenable. Heureusement, aujourd’hui ça va mieux.»
Après l’énorme mobilisation des volontaires et le travail des officiers des autorités pour nettoyer les plages, les villageois arrivent aujourd’hui à retrouver le sourire. Cependant, même si la situation semble s’être améliorée, Harold reste inquiet quant aux dégâts qui prendront du temps à être réglés. «Le problème, c’est cette huile que le sable et la terre ont imbibée. Ce ne sera pas aussi facile de les nettoyer.» Néanmoins, pas question de se décourager, surtout face à cette vague de solidarité dont les Mauriciens font preuve.
Les images de la catastrophe restent dans les esprits. Cependant, elles s’estompent peu à peu, laissant place à des images de solidarité et d’entraide. Bois-des-Amourettes ne fait pas exception à la règle de cette dernière semaine. Au débarcadère du village, les pêcheurs et leurs bateaux ont été remplacés par les boudins de paille et les volontaires munis de leur combinaison de protection. Entre ces derniers et les différentes unités présentes sur les lieux, Bois-des-Amourettes vit des jours sans précédent. Aux abords du débarcadère, les barriques de fioul s’accumulent. Au cours des derniers jours, explique Manoj Ramdonee, président du village, les travaux de nettoyage se sont enchaînés tout au long de la journée. «Nous avons eu une grosse mobilisation ici grâce aux volontaires, aux habitants et aux pêcheurs de l’endroit. Tout le monde a mis la main à la pâte, ce qui a permis d’achever environ 60 % du travail.» Au fur et à mesure que l’eau du lagon retrouve un peu de ses couleurs, l’odeur de fioul, elle aussi, se dissipe lentement. Forts de la solidarité des Mauriciens dans ces moments difficiles, les habitants de Bois-des-Amourettes espèrent bientôt retrouver la beauté et la tranquillité qui font la renommée de leur village.
Amy Kamanah-Murday
Étudiants, pêcheurs, plaisanciers… Tous mettent la main à la pâte au Mahébourg Waterfront, en ce vendredi 14 août, tout en suivant les consignes. Même si la fatigue est lisible sur le visage de ceux qui sont au front depuis plus d’une semaine, ils espèrent que bientôt, tout cela ne sera plus qu’un mauvais souvenir. «Je viens aider tous les jours sans faute, aussi fatigant que cela puisse être. C’est un devoir pour moi d’être là et de mettre la main à la pâte car je vis de la mer. C’est pour cela que je demande aux gens de venir aider. La mobilisation doit continuer», affirme Garry Jamala, un habitant de Mahébourg. Il appelle néanmoins à la vigilance. Un peu plus loin, un petit groupe d’étudiants du Modern College, à Flacq, confectionne des booms. Ashley Chenel, enseignant au sein de l’établissement, explique qu’une cinquantaine d’élèves et une dizaine de professeurs sont venus apporter leur aide : «C’est une belle initiative de l’administration du collège de nous permettre de contribuer à la cause. Pour nous, c’était important d’agir, même si nous venons de loin. Nous aidons à notre façon, que ce soit pour la confection des booms ou le nettoyage des lieux.»
Toutefois, le samedi 15 août, des volontaires au Mahébourg Waterfront ont été surpris par un déploiement de la police. Kugan Parapen, membre de Rezistans ek Alternativ, a d’ailleurs fait un live sur Facebook pour expliquer la situation. Plusieurs membres de la police, dont la SSU et des Jeeps de la police, ont débarqué pour sommer les volontaires de quitter les lieux. Soutenant qu’ils ne pouvaient plus faire du volontariat et que le Mahébourg Waterfront était une restricted area. Ce qui n’a pas manqué d’interpeller ceux présents. Par contre, à l’heure où nous mettions sous presse, Stephen Gua, également de Rezistans ek Alternativ, nous avait confirmé que le calme était revenu très vite et que les activités de volontariat au Mahébourg Waterfront se poursuivaient. Live à l’appui !
Valérie Dorasawmy et Stephane Chinnapen
«Nous avons agi avant que la situation ne s’aggrave. C’est ce qui a fait que nous n’avons pas eu beaucoup de dégâts», observe Maxime Apollon, un habitant de Bambous-Virieux. «Mais ce n’est pas pour autant que nous devons laisser tomber ceux qui ont toujours besoin d’aide. C’est pourquoi ici, les villageois aident toujours car Bambous-Virieux, c’est un village de pécheurs et, en ce moment, nous sommes dans l’incapacité de travailler.» Dans la région, explique-t-il, ce sont principalement les pécheurs qui ont été sollicités pour mettre les booms à l’eau. «Ils savent comment faire par rapport au courant et la direction du vent pour que les booms soient efficaces. Nous espérons que la situation finira par se stabiliser.»
VD
Les images de désespoir des jours passés disparaissent peu à peu. Malgré le va-et-vient des officiers du ministère de l’Environnement, des pompiers et de la police, qui sont à pied d’œuvre à la plage publique, le village de Rivière-des-Créoles semble retrouver un peu de sa tranquillité. Bien que l’odeur de fioul reste toujours présente, l’optimisme des villageois a refait surface. Sur place, Swastee, une habitante de la localité, ne cache pas sa satisfaction quant à l’avancée des travaux de nettoyage. «C’est bien mieux que les jours précédents. Nous pouvons voir que les choses avancent dans le bon sens. L’huile qui couvrait l’eau n’est plus aussi visible, ce qui témoigne du bon travail qui a été fait.» En attendant que le village retrouve ses couleurs d’avant, l’heure est à l’espoir. Swastee et les autres habitants de Rivière-des-Créoles espèrent que la scène qui s’est jouée dans nos lagons ne sera bientôt plus qu’un mauvais souvenir.
AKM
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