Publicité
21 novembre 2023 11:39
Arrêt sur image. Le décor : le Caudan Waterfront. Et c’est sur la partie piétonne, face à la mer, qu’on découvre Valentina Première en action. Caméra en bandoulière, le visage souriant, la tchatche facile, il ne lui faut pas beaucoup de temps pour mettre une bande de jeunes qui se promenait à l’aise pour les photographier. Et derrière son appareil, elle oublie tout et reste focus pour se concentrer sur un seul objectif : mettre en lumière ses sujets, fixer un regard et captiver une émotion dans des instantanés d’un moment à se souvenir. Le cliché une fois en boîte, c’est derrière son comptoir, toujours au Caudan Waterfront, que nous retrouvons Valentina. Et c’est toujours avec une bonne humeur contagieuse, qu’elle livre la photo, à la bande de jeunes qui, grâce à elle, a aujourd’hui, un moment à jamais immortalisé.
Faisons un peu plus connaissance avec Valentina. «Je suis donc Valentina Première, j’ai 38 ans et j’habite à Petite-Rivière. Je suis mère d’un jeune homme de 14 ans qui s’appelle Soan et d’une petite fifille, Arya Aza-Leila qui a 2 ans, issue de mon premier amour, William, retrouvé après 20 ans», confie celle qui a plusieurs cordes à son arc : «Je suis photographe, animatrice, organisatrice évènementielle et aussi actrice...» Quand on zoome sur son parcours, on devine que tout, pour elle, ne s’est pas fait comme par enchantement. «Il y a cette phrase qui dit : "choisis un travail que tu aimes et tu n’auras pas à travailler un seul jour de toute ta vie". Moi, j’en ai choisi quatre. La raison pour laquelle je ne trouve pas trop difficile de faire tous ces métiers, mis à part la fatigue bien sûr, est tout simplement que ce sont vraiment mes passions», explique la jeune femme qui se souvient de ses premiers pas dans le monde de la photographie : «C’est mon petit frère Yannick qui m’a initié à cet univers extraordinaire. Je dis bien extraordinaire pour plusieurs raisons. Déjà, l’originalité vient du fait que je fais des photos instantanées. C’est-à- dire, je propose à des clients de les prendre en photo et de la développer tout de suite et cela sans retoucher les photos. C’est là que réside la magie de la photographie, ce côté naturel et sans préparation. Comme je le dis souvent, vous pouvez avoir le plus beau mannequin, très bien habillé, très bien maquillé et le plus grand photographe du monde, s’il n’y a pas d’émotions, la photo ne dégage rien, à quoi ça sert ?»
Dans chacun de ses mots, on ressent de la tendresse. «La photographie est ma principale activité. Auparavant, je ne bossais que le week-end dans les soirées et à la plage. C’est l’après-Covid qui a fait que je propose mes services dans les centres commerciaux. Cela me permet de travailler tous les jours et en journée, sauf quand j’ai des événements les week-ends.» Et c’est toujours avec une grande détermination que Valentina attaque chaque journée : «La seule difficulté que je rencontre tous les jours, c’est lorsque je commence à parler pour proposer les photos instantanées aux passants et que ces derniers ne me regardent même pas et ne répondent pas à mon bonjour. Même jusqu’à maintenant, je trouve cela choquant et très vilain. Sinon je vais dire que 95% des passants s’arrêtent pour m’écouter et à chaque oui que je reçois de leur part, je ressens une petite joie dans mon cœur et c’est le cas aussi si c’est un "non" qui est dit gentiment.»
Malgré les difficultés, la femme d’affaires est heureuse d’avoir écouté son cœur pour devenir son propre chef. «Après 8 longues années à travailler dans une société française comme téléconseillère. En 2018, j’ai tout plaqué : le confort et un très bon salaire pour me lancer dans cette belle aventure de femme entrepreneure et je ne le regrette pas parce que je suis ma propre patronne. J’adore cette liberté. Je gère mon petit business comme un petit chef, avec une bonne organisation, de la persévérance, de la régularité et beaucoup de patience... D’ailleurs, j’encourage les femmes à se lancer pour apporter de la nouveauté. Osez, même si vous tombez, ce n’est pas grave, relevez-vous et continuez de mener votre combat et avancer, c’est trop facile d’abandonner», raconte Valentina en évoquant son cheminement.
À la base de son équilibre, Valentina parle de son enfance : «Je suis issue d’une famille de quatre frères et deux sœurs avec un père laboureur et une mère éleveuse d’animaux. Le week-end, pour joindre les deux bouts, je l’accompagnais pour aller vendre des produits de lessives dans des gallons de 5 litres et on y allait par le bus. C’était lourd mais c’était un vrai plaisir de l’accompagner. Ma force et ma détermination, je les tiens de ma mère. Mes parents n’ont jamais été sur les bancs d’une école mais ils nous ont inculqué les valeurs humaines de la vie telles que : dire bonjour, de ne pas toucher ce qui ne nous appartient pas ou alors qu’il faut travailler pour avoir son pain...»
Et puis, il y a ces années durant lesquelles, elle s’est construite : «De 2014 à 2019, j’étais mère célibataire et femme indépendante qui devait tout gérer. Le réveil se faisait à 6 heures pour aller acheter le pain, préparer le petit déjeuner et préparer mon fils pour l’école, faire le ménage, aller récupérer mon fils à Rose- Hill, retourner à la maison à Petite-Rivière puis remonter à Ébène pour commencer à bosser à 16h et ce jusqu’à 1 heure. Je ne dormais que 4 heures par jour. C’était une période vraiment difficile parce que je voyais mon fils que 1 h 30 par jour mais le Bon Dieu ne m’a pas abandonnée. En 2019, j’ai eu la chance de retrouver mon premier amour après 20 ans. C’est une personne formidable qui me soutient dans tous mes projets et dans ma vie de tous les jours. On partage les tâches ménagères aussi bien que les factures parce que je tiens vraiment à garder mon statut de femme indépendante et qui assure. Après la tempête vient le beau temps, depuis qu’il fait partie de ma vie, je suis une femme accomplie. Monsieur William, merci d’exister. Merci d’être au petit soin pour notre famille et continue de nous préparer de bons petits plats.»
Femme à multiples facettes, Valentina, quand elle n’a pas sa caméra en main, porte aussi la casquette d’actrice. «Un beau jour en 2011, j’étais dans un supermarché à Ébène et un gentil monsieur m’a abordée et m’a proposé de jouer dans son film et depuis, l’aventure ne s’est jamais arrêtée. J’ai eu la chance de jouer dans plusieurs de ses films et avec plusieurs awards. Ce monsieur, c’est le producteur Sada Rajiah. Depuis, j’ai rejoint l’équipe comprenant aussi le producteur Désiré Prévost. Le premier film dans lequel j’ai joué comme actrice principale est Zanfans des Ziles. Sur 32 films, le film a été primé meilleur court métrage dans le cadre du festival kreol en 2016. J’ai tout de suite enchaîné avec le film Think Before You Act, aret violans domestik, celui-là a aussi été primé meilleur court métrage sur 35 films, lors d’un concours organisé par le ministère de la Femme. En 2018, j’ai joué Leker Papa dans le cadre du 7 Day Challenge. J’ai également joué dans les films Le Coup Parfait et 1968 sortis sur grand écran. J’ai eu la chance de co-produire un film qui s’appelle Well done avec le producteur Désiré Prévost en 2019», raconte Valentina qui est également organisatrice d’événement. «En décembre 2020, j’avais organisé ma première soirée Dans Enn Batazzz avec Lin et Blakkayo. J’ai aussi organisé un bal familial Saint-Valentin le samedi 13 février 2021 au Jam Inn Petite-Rivière avec Justice et Big Frankii, entre autres soirées. Le 3 décembre 2022, j’avais également organisé la soirée Tass Dan La Tête, avec les artistes tels que Ryan Trapu et Denzel. Ma dernière soirée cette année, en 2023, c’était avec Blakkayo à Jin Fei, c’était un très grand défi et c’était un défi relevé. L’objectif principal derrière ces soirées est de promouvoir nos artistes locaux», nous raconte la jeune femme dont l’actualité du jour est lié au film Les Cris du Baobab : «Le film a pour principal objectif d’être envoyé au Festival de Cannes 2024. Entre-temps, il sera joué sur grand écran très prochainement. Le film commence par la vie moderne actuelle. Un adolescent, rôle joué d’ailleurs, par mon fils Soan, souhaite connaître son histoire et ses origines. Ce qui fait qu’il a une transition entre la vie actuelle et celle d’avant, au temps de l’esclavage à l’époque où nos ancêtres vivaient heureux et paisible dans leur pays natal qu’est l’Afrique. Ensuite, il y a la capture et pour la suite, je vais vous dire très prochainement. Je remercie Vikram Jootun qui est toujours là pour promouvoir l’industrie du cinéma mauricien et merci à tous ceux qui donnent un coup de main derrière la caméra, Ghirish, Bala, Karene, Pritva, Deane,la famille Rajiah et Prévost. Je suis vraiment navrée si je n’ai pas cité tous les noms. La liste est bien trop longue. Merci également aux producteurs Sada Rajiah et Désiré Prévost qui croient toujours en moi.» Elle travaille également sur un projet de faire un film sur le frère Julien Lourdes, un homme qui l'a beaucoup inspiré : «C'est mon plus grand projet. Je serai la productrice, et j'aurai le coup de main de Sada Rajiah et Désiré Prévost.»
Voilà pour toutes ses occupations. Mais s’il y a bien un rôle que Valentina aime le plus parmi tous ses engagements, c’est bien son rôle de maman. Et pour conclure l’interview, elle tient particulièrement à dire quelques mots pour son fils aîné : «J’aimerais rendre un hommage spécial à mon fils Soan Khadun qui a tout le temps su faire preuve de patience. Il m’accompagnait souvent lorsque j’allais bosser dans des événements et ailleurs. Même s’il a eu des difficultés scolaires auparavant, il a su remonter la pente, et ce avec de bons résultats. J’aimerais lui dire que je suis vraiment fière de lui. De plus, il est l’acteur principal dans le film Les Cris du Baobab...»
Paroles d’une super maman multicarte...
Publicité