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17 mai 2021 17:08
La voix cassée, Linford Sardes arrive difficilement à s’exprimer sur ce terrible drame qui frappe sa famille. Le jeune homme lance qu’il est «très bouleversé» après avoir perdu son parrain dans des circonstances horribles. Son père Lindsay a, lui aussi, perdu l’envie de parler, tant l’épreuve qu’il traverse avec sa famille est atroce. La seule phrase qu’il arrive à lâcher est : «Mon frère n’avait pas d’ennemis.» Pourtant, c’est bien aux fréquentations de Dany Sardes que s’intéresse la police après la découverte macabre de son cadavre à son domicile, à Résidence Vallijee.
Cette affaire éclate le 14 mai, vers 11h45, lorsque Lindsay, 52 ans, alerte la police sur la disparition de son jeune frère Dany, âgé de 44 ans. Ce dernier, dit-il, ne donne plus signe de vie depuis le 6 mars, soit depuis le début du confinement. Un peu plus tôt ce jour-là, le quinquagénaire et une sœur s’étaient rendus chez leur frère à la rue Banyan pour avoir de ses nouvelles. Sur place, ils ont constaté que la porte était fermée à clé. Et en regardant par un trou dans une vitre, ils ont vu qu’il y avait du désordre à l’intérieur. C’est la raison pour laquelle ils ont décidé d’alerter la police. «Monn kriye li me personn pann reponn», a expliqué la sœur aux policiers à leur arrivée sur place peu après. Ces derniers ont dû forcer la porte d’entrée pour avoir accès à l’intérieur de la demeure de Dany Sardes. À première vue, celle-ci, dans un désordre indescriptible, semblait avoir été fouillée de fond en comble.
D’ailleurs, selon Lindsay, plusieurs objets appartenant à son frère auraient disparu. Les policiers ont ensuite inspecté toutes les pièces à la recherche du propriétaire avant de découvrir l’horreur. Une odeur nauséabonde émanant du congélateur en marche avait attiré leur attention. En l’ouvrant, ils y ont retrouvé le cadavre de ce Job Contractor. Il portait un short bleu, était torse nu et dans une position accroupie. Il avait une blessure à la tête et celle-ci était recouverte d’un tapis maculé de sang. C’est le tatouage qu’il a sur le flanc gauche qui a permis de l’identifier.
Le Dr Gundagin a examiné la dépouille du quadragénaire avant son transfert à l’hôpital Jeetoo pour les besoins d’une autopsie prévue pour le lendemain. Cependant, le Chief Police Medical Officer n’a pas encore pu le faire jusqu’ici en raison de la rigidité de la dépouille congelée du quadragénaire. Cet exercice devrait se faire cet après-midi. La police n’a, de son côté, pas chômé. Les enquêteurs, qui privilégient la thèse d’un vol qui a mal tourné ou celle d’une vendetta, ont arrêté un camionneur qui est en détention et interpellé cinq autres suspects qui ont pu rentrer chez eux par la suite. D’autres personnes de l’entourage du défunt seront également interpellées pour les besoins de l’enquête.
Le voisinage de la victime avance que celle-ci a été vue en compagnie de trois personnes avant sa disparition. Les limiers ne négligent pas cette piste. Pour cause, ils soupçonnent ces trois individus d’avoir mortellement agressé le quadragénaire pour faire main basse sur des objets de valeur ainsi que du matériel utilisé pour la soudure. Les malfrats qui auraient agressé Dany auraient même emporté un hard disk où les images de la caméra de vidéosurveillance que Dany Sardes avait placée à son domicile, étaient sauvegardées. La police compte, de plus, étudier toutes les images des caméras CCTV de la région pour résoudre cette affaire.
Daniel Sardes, le frère aîné de Dany, explique que ce dernier était célibataire et vivait seul depuis 10 ans. Il est toutefois père de deux garçons issus de deux précédentes relations. L’un vit en Angleterre, alors que l’autre est à Maurice avec sa mère. Daniel décrit son frère comme «un bosseur» qui gagnait sa vie «à la sueur de son front». Dany vivait seul, dit-il, parce qu’il aimait la solitude. «Il était grognon et n’aimait pas qu’on touche à ses affaires», souligne Daniel qui est également son parrain. Les deux frères ont le même père mais pas la même mère.
Dany était le benjamin d’une fratrie de 13 enfants. Il occupait l’ancienne maison de sa mère qui vit maintenant avec sa sœur. Les parents de Dany avaient une tabagie qui était fermée depuis cinq ans. Aucun membre de la famille n’a voulu prendre la relève. C’est d’ailleurs dans un des congélateurs où étaient stockés des produits frigorifiés à l’époque que la dépouille du quadragénaire a été retrouvée.
L’entourage de Dany avance qu’il avait beaucoup d’amis qu’il invitait souvent chez lui d’après son voisinage. «Mon jeune frère avait effectivement beaucoup d’amis», confirme Daniel. À Résidence Vallijee, tous ceux qui le connaissaient expliquent qu’il était très «jovial et populaire». Il avait toutefois quelques problèmes avec son voisinage à cause de son penchant pour l’alcool. «Tou dimounn ti apel li Ti Dany isi. Li ti mari korek sa misie-la. Sel problem ki gagne ek li se kan li bwar. Li ti fer galan ek bann madam lerla. Enn ta dimounn lous ti pe ousi ale vini kot li», souligne un voisin. Daniel récuse ces allégations : «Mon frère buvait un peu. Il aimait la bière mais il n’était pas un ivrogne. C’était un bon travailleur. Nous comptons énormément sur la police pour résoudre cette affaire.»
Les limiers ont du pain sur la planche, même s’ils disposent déjà de plusieurs précieuses informations. L’étude des images des caméras CCTV et l’examen post-mortem de la dépouille s’avèrent également cruciaux pour la suite de l’enquête ainsi que les résultats du prélèvement d’indices sur le tapis ensanglanté et le short de la victime. Les Sardes comptent également sur l’autopsie pour être «sir ki se bien Dany mem sa». Ils pourront ainsi commencer le long chemin du deuil…
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