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De retour au pays après un tour du monde de trois ans en voilier : l'incroyable aventure d'une famille mauricienne en mer

22 août 2022

Après trois ans, la famille peut enfin fouler le sol mauricien.

«Cela nous faisait tout bizarre de tout quitter pour vivre sur la mer, sans savoir dans quoi nous nous embarquions...» Cet extrait d’un post sur la page Facebook Sailing Géro, qui date du 30 juillet 2020, faisait le point, un an plus tard, sur la belle aventure qu’Isabelle et François Le Court et leurs enfants Arthur et Camille avaient entamée le 29 juillet 2019, quand ils avaient tous embarqué sur leur voilier Géronimo pour traverser les océans et vivre des aventures. «On ne regrette rien, sauf le manque de la famille et des amis. Heureusement qu’il y a WhatsApp et Facebook. Mais ce mode de vie nous convient plus que nous l’espérions. Les rencontres, les échanges, les moments inoubliables, intenses, pures, exaltants, riches... Mais aussi des moments durs, lorsque la mer est rude... Malade seule dans ta cabine à te dire que demain ça ira probablement mieux et que tu dois, malgré tout, faire tes quarts, le bateau qui tape et tu te dis : «Mais franchement, quelle idée de se mettre dans des situations comme ça ?», que tes réservoirs d’eau craquent, ton pilote automatique te lâche en plein océan, la grand-voile qui se déchire et puis, lorsqu’on arrive à destination, on oublie tous ces mauvais moments et quelle fierté on ressent sans vraiment la ressentir car ça s’est fait tout naturellement ! Cette vie sur l’eau est pour nous une reconnexion avec la nature, les priorités, la simplicité ! Out le superflu et le superficiel !» partageaient-ils alors sur leur blog. À travers celui-ci, agrémenté de photos et de vidéos, ils donnaient un aperçu de leurs trois années de traversée.

 

Dans les écrits et les partages, on ressent de l’émotion, de l’émerveillement aussi. Chaque étape y est décrite en détails et les images parlent d'elles-mêmes : tantôt des paysages, tantôt des scènes de vie. Les anecdotes sont aussi nombreuses. Et les épreuves aussi, notamment face à une Dame Nature très capricieuse (entre les avis de tempête et une alerte au tsunami), sans oublier la pandémie qui s’est aussi invitée à leur voyage et toutes les découvertes et autres moments vécus dans chacune de leur destination. Trois ans plus tard, soit le samedi 20 août 2022, ils sont rentrés au pays, la tête et le cœur remplis de souvenirs. «Nous voulions faire découvrir autre chose, le monde, à nos enfants», nous confient François et Isabelle en plein cœur de leur expédition, lorsque nous leur demandons ce qui les a motivés à se lancer dans une telle entreprise, tout en mettant entre parenthèses leur vie à Maurice pour se lancer dans l’inconnu.

 

Difficile pour eux de s’arrêter sur une étape en particulier. «Chaque moment en voilier est intense. La communauté des gens de la mer est fantastique, des gens vrais. Chaque découverte est merveilleuse», nous raconte Isabelle. D’un port à l’autre, le petit équipage a tout savouré avec gourmandise. «Nous avons traversé une quinzaine de pays (entre Madagascar, l’Afrique du Sud,  le Brésil, la Polynésie française, l’Australie ou encore plusieurs îles). Avec le voyage qui a duré trois ans, nous avons traversé d’abord l’Atlantique, puis le Pacifique et pour finir l’océan Indien», poursuivent les aventuriers, en nous ouvrant leur cœur sur ce qu’ils ont vécu ces dernières années.

 

«La plus longue traversée a été de 33 jours en mer sans voir la terre», nous précise aussi Isabelle. Sur la page Sailing Géro, les récits se succèdent, les uns plus haletants que les autres. Il y a, par exemple, ce post qui date du mois de juillet : «Depuis avant-hier soir, nous avions du 35-40 noeuds constamment, cela jusqu’à 3 heures ce matin. Fermés dans le bateau à attendre que ça passe ! Malades, tous ! Les quelques rares fois où nous avions ouvert le haut de la porte, nous ont valu des rentrées d’eau à l’intérieur et ce, malgré la porte verticale qui, elle, fait environ 60 cm de hauteur ! Le cockpit était recouvert d’eau ! Ça a été un peu un choc pour nous tous ! Nous avons perdu une drisse et deux amarres, emportées par les vagues passant par-dessus bord, à deux reprises on a failli perdre les réservoirs d’essence et notre tout nouveau générateur s’est retrouvé sous l’eau, à la renverse, plein de fois ! (...)»

 

«Le partage»

 

Il y a également cette publication qui date du mois d’août et dans laquelle le couple parle d’un problème technique à bord de son bateau : «Cela fait maintenant 14 jours que nous sommes en mer. Pas des plus clémentes, hélas. Avec notre pilote qui nous a lâchés, la fatigue morale et physique et un temps encore un peu fort pour rejoindre Maurice, nous avons décidé, cet après-midi de faire cap sur Rodrigues. Nous avons besoin de calibrer le pilote à vent, pour cela, il nous faut être au calme. Car il n’est pas très précis (...)»

 

Puis, il y a des apprentissages, des expériences qui forgent, qui transforment... Il y a aussi des moments marquants qui les ont fait sourire. Comme cette publication d’octobre 2021 : «Nous sommes à la marina Taina, à Tahiti, pour changer nos bas haubans qui avaient des torons cassés ! Et oui, après la casse de la trans-Pacifique, ils ont été fragilisés. Un après-midi, nous entendons appeler : «Géronimo ! Géronimo !» Nous sortons et devinez qui vient nous voir ? Florence et Thierry ! Vous ne les connaissez pas et bien nous non plus ! Il s’agit en fait des anciens propriétaires du Géronimo ! L'émotion est à son comble ! Visite du bateau et échanges émus, nous faisons connaissance. Quel hasard ! Huit ans plus tôt, presque jour pour jour, à trois places près dans la même marina, ils s’arrêtaient après sept ans autour du monde. Et nous voilà aujourd’hui, tous sur le même bateau ! Quelle merveilleuse rencontre !» 

 

Au fil du temps, leur attachement à leur voilier a grandi. «Lors d’un voyage tel que le nôtre, des liens se tissent avec son bateau, c’est notre maison, notre refuge, on le bichonne, on prend soin de lui. On l’entretient, en nav’, on ne le pousse pas trop pour le préserver, quand on se prend une bonne vague, une belle raclée, on a mal pour lui», écrivent-ils dans un post. D’aventure en aventure, d’un pays à un autre, entre les différentes nuances de bleu des océans, les magnifiques couchers de soleil auxquels ils ne se sont jamais lassés et toutes les cultures qu’ils ont côtoyées, la petite famille mauricienne rentre au pays, transformée. «Les découvertes sont magnifiques et infinies. Si petites soient-elles. Le partage avec d’autres habitants et communautés de traditions différentes est enrichissante. Certes, la Covid a freiné un peu le voyage mais ne nous a pas empêchés d’avancer», nous confie Isabelle.

 

En effet, la pandémie a joué les trouble-fêtes, les forçant souvent à revoir leurs plans. «Un jour, subitement, le monde tout entier ferme ses portes avec l’arrivée de ce fichu virus, mettant les plans à l’épreuve. Il faut s’adapter, changer de plans», écrivent-ils sur leur page, en évoquant l’épisode Covid-19. Et qu’est-ce qui a été le plus dur durant la traversée ? «Les moments les plus durs ont été de faire l’école, d’être loin de la famille et les moments de doutes», conclut Isabelle qui, avec sa famille, préfère particulièrement se souvenir de tous les beaux chapitres de leur merveilleux voyage à travers le monde...

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