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Les motocyclistes plus à risque sur nos routes

Deux nouvelles familles brisées

17 août 2025

Encore une semaine où la route a été meurtrière. Avec deux victimes de plus à déplorer au cours de ces derniers jours, le nombre de morts sur nos routes depuis le début de l’année passe à 75. Ce lundi 11 août, le pandit Seetanah Goorvadoo a succombé à ses blessures après cinq jours d’hospitalisation. Le mercredi 6 août, il était à moto lorsqu’il a été renversé par une voiture à Amaury. Deux jours plus tard, soit le mercredi 13 août, Sumi Aubeeluck, 26 ans, est pour sa part mort sur le coup après une sortie de route à moto à Nouvelle-France. Leurs proches, anéantis, leur rendent hommage.

Une sortie de route à moto entraîne la mort de Sumi Aubeeluck, 26 ans

Le cousin de Sumi Aubeeluck, Hitesh : «Est-ce que de tierces personnes sont impliquées ?»

Cela fait un peu plus d’une semaine que les rires ont laissé place aux larmes au sein de la famille Aubeeluck. En l’espace de quelques jours à peine, deux chaises se sont vidées autour de la table. Deux événements tragiques ont laissé place à des silences lourds comme des pierres. Le premier à s’en aller est Rishi, un grand-oncle, terrassé par la maladie à l’âge de 62 ans. Malgré la douleur et le chagrin, les autres membres de la famille, unis et soudés en toute circonstance, ont aidé à tout organiser. Mais nul ne s’attendait à ce que quelques jours plus tard, alors que les démarches administratives postérieures à son décès étaient toujours en cours, son neveu Mitranand, affectueusement appelé Sumi, le suivrait à son tour. Ce sont deux générations, deux départs et avant tout, deux absences impossibles à combler.

Âgé de 26 ans, Sumi Aubeeluck était de ceux qui prenaient soin des autres avant de penser à lui. Après le décès de son oncle Rishi, il a aidé ses cousins à gérer l’ensemble des formalités, sans jamais se plaindre, un débrouillard, toujours sur tous les fronts. Cependant, ce mercredi 13 août, il a eu besoin d’une pause, aussi bien physique que morale. «Li ti dir mwa li fatige, ki li pou kontign bann demars-la apre. Il a demandé à emprunter ma moto dans la matinée pour aller voir sa petite-amie à Curepipe. C’est pendant qu’il était en chemin pour rentrer à la maison qu’il a été victime d’un accident», relate Hitesh, son cousin et complice. La mauvaise nouvelle leur a été annoncée par les forces de l’ordre aux alentours de 9 heures.

D’après nos renseignements, l’accident de Sumi Aubeeluck est survenu peu après 8 heures dans les parages de Nouvelle-France. À ce moment-là, il pleuvait légèrement. Sa vie s’est arrêtée brusquement, tragiquement sur l’asphalte mouillé de la route Lapeyre, où il aurait dérapé à moto et percuté un parapet. Les forces régulières de Nouvelle-France ont été les premières à arriver sur les lieux, suivies du personnel du SAMU. Examiné sur place par un médecin, ce dernier n’a, hélas, pu que constater que son cœur ne battait plus. Le corps sans vie du jeune homme a ainsi été transféré à la morgue de l’hôpital Victoria, à Candos, où une autopsie a été pratiquée par le médecin légiste de la police, le Dr Seewooruttun. Celle-ci a conclu que Sumi Aubeeluck avait succombé à une rupture de l’aorte.

À l’atroce souffrance des membres de sa famille s’ajoute, cependant, une multitude d’interrogations, de doutes qui ne les quittent plus. «On nous a appris qu’il est décédé après que la moto a dérapé, mais le véhicule était quasiment intact. Comment est-ce possible ? Est-ce que de tierces personnes sont impliquées dans ce qui s’est produit ?» s’interroge Hitesh. Il envisage, avec d’autres proches, de réclamer une enquête policière approfondie pour comprendre ce qui s’est réellement passé ce matin-là. Ayant eu vent de la présence d’un véhicule suspect dans les parages, il compte sur les forces de l’ordre pour visionner les images des caméras CCTV situées dans la localité afin de tirer cette affaire au clair. Par ailleurs, il déplore également la lenteur des services de secours, qui auraient mis un temps fou avant d’intervenir. Il s’insurge : «L’un de mes amis, qui était sur place, m’a indiqué qu’il avait même dû se rendre à l’hôpital pour s’assurer que le message avait bel et bien été passé. Ils n’avaient même pas encore quitté les lieux.»

Enfant unique, Sumi Aubeeluck, apprend-on de ses proches, détestait la solitude. Bien au contraire. «Li ti bien amikal. Li ti kontan fer kamarad.» Au sein de leur famille, c’est lui qui était le rassembleur. «Lor enn pie, se enn brans ki tini bann fey; mo kouzin ti parey kouma sa brans-la. Li ti kontan pou fer tou dimounn viv ansam. Li ti kontan antoure avek dimounn», relate Hitesh. D’ailleurs, ironise notre interlocuteur en souriant : «Mo ena trwa ser, me li li ti pli korek avek zot ki mwa. Cela en dit beaucoup sur le genre de personne qu’il était.» Mais il ne s’agissait pas là de sa seule qualité. Le jeune homme, relate sa famille, tendait la main même quand il n’avait presque rien à donner. «Kan bizin enn led, finn touzour kapav kont lor li. Mem kan li pa ti ena boukou, avek tigit li ena li ti pou ede. Li ti ena leker lor lame.»

Débrouillard et ambitieux, il travaillait à temps plein à son compte comme planteur et cumulait des petits boulots avec un contracteur à temps partiel. Avec son cousin Hitesh, il avait un rêve : lancer une exploitation hydroponique ; un projet qui devait voir le jour après le mariage d’une cousine. Mais contre toute attente, le projet a été mis sur pause. Définitivement.

Le pandit Seetanah Goorvadoo, 77 ans, décède cinq jours après un accident à moto

Le fils de Seetanah Goorvadoo, Bhusan : «Il avait toujours voulu mourir dans un endroit sacré»

Bhusan relate que son père appréciait particulièrement leurs moments en famille.

Il était très actif, toujours débordant d’énergie. Âgé de 77 ans, le pandit Seetanah Goorvadoo avait toujours une santé de fer et une vie bien remplie. C’est suite à un terrible coup du sort qu’il a quitté ce monde ce lundi 11 août. Hospitalisé quelques jours plus tôt après un accident de la route, il est resté sous respiration artificielle pendant cinq jours avant de pousser son dernier soupir.

Le mercredi 6 août, dans la matinée, cet habitant de Belle-Vue-Maurel avait quitté la maison dans la matinée car il avait des sessions de prières prévues. Il était à moto lorsqu’une voiture l’a renversé en face du kalimaye à Amaury. Il était sur le point d’entrer dans l’enceinte de ce lieu de culte quand la collision s’est produite. Ayant subi de graves blessures à la tête, il a été transféré à l’hôpital Sir Anerood Jugnauth, à Flacq, par le SAMU. «Ce sont des passants, témoins de l’accident, qui nous ont informés de ce qui s’était passé. Lorsque nous sommes arrivés à l’hôpital, mon père était déjà dans le coma. Son médecin nous avait prévenus dès le départ qu’il n’avait aucune chance de survie», explique son fils Bhusan, un ex-policier. À chacune de leurs visites, «nou ti pe trouv lor laparey ki so batman leker pe kontign diminie». C’est finalement le lundi 11 août, peu après les heures de visite, qu’il a fini par pousser son dernier soupir. Une autopsie a attribué son décès à des traumatismes crâniens et cérébraux.

Marié et père de trois enfants – deux filles et un fils –, le septuagénaire était «enn dimounn bien gayar ek debrouyar. Kan li pa ti ena lapriyer, li ti kontan al marse ek pass letan dan so karo». Son fils Bhusan le décrit comme quelqu’un de très familial, qui appréciait particulièrement passer du temps avec ses petits-enfants. Populaire, «li ti kontan koz avek tou dimounn. Quand il allait à la boutique du coin pour chercher le pain, il pouvait prendre plus d’une heure car il s’arrêtait toujours pour discuter avec les habitants du quartier». Bien qu’attristés par sa disparition tragique, ses proches racontent qu’il avait toutefois «toujours voulu mourir dans un endroit sacré».

Après son décès, le conducteur de la voiture impliquée dans l’accident a été appréhendé. Il fait l’objet d’une accusation provisoire d’homicide involontaire. Une enquête a été ouverte pour faire la lumière sur les circonstances de ce triste et tragique accident.

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