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Décès de Carino : au revoir à un père et artiste aimé

7 mars 2022

Un papa très complice avec ses deux enfants chanteurs, Olivier et David.

La musique locale se conjugue encore avec les larmes. Après tellement de décès depuis un moment (dont Claudio Cassimally et aussi, récemment, l’accordéoniste rodriguais Marlin Augustin), voici que c’est au tour de Carino, de son vrai nom Cricin Brique, de nous quitter durant la semaine, à l’âge de 64 ans. Carino était un nom qui évoquait énormément de ségas punchy, comme Alime dife, Mo lapo cabri ou même Tape Lame. Avec une carrière qui a commencé dès 1985 avec sa première cassette Vini nou danse, avant de prendre son envol, à la fois à Maurice et à la Réunion, avec les tubes qu’on connaît. Ses funérailles ont eu lieu le vendredi 4 mars.

 

Un homme plus que jamais musical et qui a transmis cette passion à ses deux fils, Olivier et David Brique, qui font carrière ici et à La Réunion depuis un moment. En novembre dernier, les trois avaient même sorti une chanson : Fierete nou potos. C’est d'ailleurs David qui semble avoir vécu les derniers instants musicaux en compagnie de son père. «On enregistrait un tout nouveau medley de nos chansons et il restait un dernier bout où mon père devait mettre sa voix. Après cet effort, il ne s’est pas senti bien et il a dû être hospitalisé. On a découvert par la suite qu’une veine s’était cassée dans sa tête et il est tombé dans le coma…»

 

C’est tout de même un riche héritage de la vie et de la musique que le père a légué à ses fils, comme le souligne Olivier Brique : «Papa nous l’a toujours dit : si vous voulez faire de la musique comme moi, faites-le bien et à fond. Il avait cette discipline dans la musique, dans la vie elle-même, et il nous a toujours appris cela.»

 

Très pote avec les deux frères Brique, le guitariste d’Otentik Groove, Chrisjo Clair, se rappelle lui aussi de l'artiste décédé : «Je l'ai connu alors que j'étais tout petit. Il était un bon vivant mais aussi très sérieux dans la musique. Je pense qu’il était un pionnier du séga moderne tel qu’on l’adore aujourd’hui.»

 

Outre cet aspect discipliné, qui lui a valu une belle inspiration pour ses tubes, beaucoup se souviennent de Carino comme d'un bon vivant et une figure paternelle, comme nous le dit la chanteuse Luana Panain (le tube Li bate mama), choriste incontournable de Carino : «Il avait toujours le mot pour rire, était quelqu’un de très fun. Il me considérait comme sa propre fille. Il me cherchait à chacune de ses prestations, un peu comme un papa.»

 

Le jeune Jah Mike, auteur du tube Kabane, est l’un des derniers à avoir partagé la scène avec lui ; il se rappelle avoir chanté récemment lors d'un showcase au Executive Club de Coromandel où Carino était aussi présent : «Ce mec est une légende pour moi, j’étais tellement fier d’être dans le même event que lui, mais il se la jouait toujours cool lui, il n'avait la grosse tête, au contraire, il était très jovial, faisait des petits jokes. La bonne humeur quoi !»  

 

Sur les réseaux sociaux, plusieurs ont rendu hommage au défunt. Parmi, le ségatier Marcelino Chaton, pote de Carino, qui vit lui aussi à La Réunion : «Nous avons fait une longue route ensemble dans le séga, on a toujours lutté pour avoir notre place dans le séga mauricien, merci… Je vais continuer autant que je peux, et je vais jeter un coup d’œil sur tes enfants.» L’incontournable chanteur réunionnais Baster a, lui, évoqué un «un pilier du séga (…) qui nous fera toujours danser». 

 

Toutes nos sympathies aux proches de Carino, qui, à travers sa musique, continuera à alimenter son beau Dife.

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