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28 août 2022 12:29
Une pluie fine arrose Digital Lane au moment où la dépouille de Cassam Zulu quitte sa demeure en ce samedi 27 août 2022 et prend la direction de la mosquée de La Caverne pour les rites funéraires. «Enn lapli benediksion pou li sa», lancent ceux présents en grand nombre pour la «namaz janaza» au domicile des Wahedally à Quinze-Cantons, Vacoas.
Un peu plus tôt, nous avons pu échanger quelques mots avec son fils unique, Nasrool Khan. Vêtu d’un kurta noir, il lui est difficile, en ce triste jour, de trouver les mots pour parler du décès de son père. «Li ti bien malad. Linn bien soufer», confie-t-il, un peu débordé car il est très sollicité par les nombreuses personnes venues rendre un dernier hommage à son père. Cassam Zulu a succombé à un «cardio respiratory arrest». Quelques jours plus tôt, il avait été admis à l’hôpital de Candos. Puis, il a été transféré au ENT Hospital lorsqu’il a été testé positif à la Covid-19. Il était finalement rentré chez lui le vendredi 26 août, pour repartir dès le lendemain. Et cette fois pour toujours.
Son épouse et ses trois filles sont inconsolables, ainsi que ses six frères et sa sœur. En sus d’être un «militan koltar», Cassam Zulu était considéré comme un «homme d’exception» par sa famille et tout son entourage. «C’est quelqu’un qui s’est toujours battu contre l’injustice. Il a toujours été là pour venir en aide aux autres, indépendamment de leur communauté. La présence des gens en grand nombre à ses funérailles prouve qu’il était un travailleur social acharné dans le quartier», confie Obeidkhan, 70 ans, un des frères du défunt. Un autre frère, Sanoollah, 73 ans, se souvient, lui, d’une anecdote sur Cassam : «Monn travay gard prizon pandan plizir lane. Monn deza gagn mo frer kouma prizonye. So lamor zordi res enn moman difisil pou mo fami ek mwa.»
Les Wahedally, qui étaient à huit frères et deux sœurs, se retrouvent désormais à six frères et une sœur. «Nou fami ti bien mizer. Cassam ti kouma dir enn papa pou mwa. So laport ti touzour ouver pou la fami. Linn touzour la pou donn nou konsey. Linn touzour respekte so parol ki li ti donn nou mama pou okip nou tou bien», souligne Abdool Motallib, 64 ans, le benjamin de la famille. Son frère Khalil, 71 ans, n’a lui aussi que des éloges pour le défunt : «Nou finn perdi nou lame drwat. Li ti kouma enn veritab papa pou nou tou. La fami inn perdi so pilye.»
Cassam Zulu était respecté par ses proches. Il était également très apprécié sur les plans social et politique. Ses adversaires politiques l’admiraient aussi beaucoup. Plusieurs personnalités politiques ont d’ailleurs fait le déplacement chez lui ce samedi pour lui rendre hommage. «Cassam a toujours été un homme très respecté sur les plans social et politique. C’était un homme de principe. Il va beaucoup nous manquer le 2 septembre, lors du congrès de l’Espoir à Quinze-Cantons», confie Khushal Lobine, député du PMSD dans cette région.
D’autres personnalités politiques étaient présentes, à l’instar de Paul Bérenger, leader du MMM, du député Adil Ameer Meea, du Deputy Speaker Zaid Nazurally, du PPS Gilbert Bablee et de l’ancien ministre Swaley Kasenally. Le maulana Haroon avait également fait le déplacement pour rendre hommage à bhye Cassam : «Par ma présence, j’exprime ma tristesse et mes condoléances à sa famille endeuillée. Je fais un duah pour qu’il obtienne une bonne place au paradis. Il le mérite tellement après le bon travail accompli à travers le pays. Il est toujours venu en aide aux autres, que ce soit sur le plan politique, social ou religieux. Il a toujours été sincère dans ses combats.»
La sincérité, c’est également le trait de caractère de Cassam Zulu qui a marqué Bruneau Laurette, présent sur place lui aussi : «Il est le symbole du militantisme. Il est resté fidèle même après avoir été en prison ou la fois où on l’avait enchaîné à un lit d’hôpital en guise de représailles politiques. Je le fréquentais régulièrement depuis deux ans. Il combattait avec conviction. Il est un exemple pour les jeunes militants.» Ce n’est pas Reza Uteem, député et président du MMM, qui dira le contraire : «Sa mort est une grande perte pour la famille militante. Cassam était un poteau important.» Selon lui toujours, Cassam Zulu était un «militant d’exception» : «Il a toujours été rempli de sagesse. Il était aussi celui qui ramenait le calme pendant des moments de tension, surtout pendant les élections. Il a toujours été celui qui évitait les dérapages. Il n’hésitait pas non plus à partager son expérience avec les nouveaux membres du parti.»
Avec le départ de Cassam Zulu, un die-hard du parti mauve, c’est également un pan de l’histoire du MMM qui part. Désiré Carré, un ancien membre de la garde rapprochée de Paul Bérenger dans les années de braise, est également marqué par le décès de son «frer Cassam» : «Li ti enn vre konbatan. Mo espere li al repoz li bien aster apre tou sa bann bon travay ki linn fer pou sa pei-la.» En sus de sa fidélité au MMM, Cassam Zulu aimait également le social et le football. À l’époque, il ratait rarement les matchs du Scouts Club. Il s’occupait également d’un orphelinat à Camp-Diable.
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