Publicité
27 janvier 2022 15:14
Il véhiculait des bonnes ondes autour de lui. Partout. Tout le temps. À travers son sourire, à travers sa personnalité, à travers sa voix... Sur scène, à l'antenne ou encore dans la vie de tous les jours. C'est comme ça que tous ceux qui ont côtoyé Guillaume Domingue de près comme de loin (à travers leur poste) se souviennent du passionné de la radio qu'il était. La nouvelle de la mort de l'animateur-vedette à 36 ans des suites d’une complication cardiaque aux petites heures du matin le mardi 18 janvier – à l’hôpital Jeetoo où il était admis depuis près d'un mois – a suscité de vives émotions et une pluie d'hommages a salué le long et riche parcours, la gentillesse et le professionnalisme du jeune homme (qui a construit sa carrière à Radio Plus, avant de vivre d'autres expériences ailleurs).
Guillaume Domingue a marqué plus d’un durant sa courte vie dont la plus grande part a été dédiée à son métier d’animateur. On l’aimait pour sa personnalité et sa simplicité, et aussi pour sa définition de l'animation, lui qui avait une habilité surprenante à met la faya avec ses répliques propres à lui, ses «donn li so disik» ou encore ses «konekte, konekte», devenues cultes, ses «dialogues», ses citations, sa playlist et ses chansons coups de coeur : Forever de P-Square, Cecilia de Didier Clarel ou encore Kal Ho Naa Ho, sur lesquelles il aimait chanter. Tout cela le rendait spécial et l’avait fait, au fil des années, gagner le cœur des Mauriciens qui, en retour, l'avaient adopté.
Ce sont ces souvenirs qui aident ses proches à trouver la consolation et la paix. Comme en témoigne avec beaucoup d’émotion sa maman Paula. «Guillaume était un battant et durant sa maladie, il ne me montrait pas qu'il allait passer par la triste étape de nous quitter. Ce sont ces souvenirs qui apaisent aujourd'hui son entourage. Quand je le regardais, je savais qu'il avait une souffrance à l'intérieur, mais il ne voulait rien me montrer. Moi, étant une maman, étant sa maman, je ressentais sa douleur. Mais aujourd'hui, je puise ma force dans toutes les démonstrations de soutien qu'on a eues ces derniers jours suivant le départ de Guillaume. Avec tout l'amour que mes proches et moi avons reçu des Mauriciens, de tous ceux qui le suivaient et l'aimaient, je me dis que Guillaume a réussi sa mission de partager de la positivité autour de lui. Il était un vecteur de bonne humeur. Il a touché bien des personnes et il laisse une trace dans bien des cœurs. Certes, je ressens de la peine et de la douleur mais je ne m'attendais pas à tous ces témoignages d'ici comme d'ailleurs... C'est tout cela qui me console et en quelque sorte me réconforte. Je me dis que Guillaume a été une lumière dans la vie de beaucoup de personnes», nous confie celle qui partageait une grande complicité avec son fils et qui a vécu les derniers moments avec lui avec beaucoup d'amour. «J'étais sa maman ou plutôt sa mummy (il s'exprimait souvent en anglais) comme il m'appelait mais j'étais aussi sa bonne amie», ajoute cette maman qui a enterré, cette semaine, son fils unique, sa «fierté», son «fonceur», celui qui a «tout fait pour vivre son
rêve» : devenir animateur radio, un désir qu'il caressait depuis sa tendre enfance.
À ses côtés, comme un rempart qui la protège, sa fille Stephanie (notre collègue), elle aussi très émue par tous les messages de sympathie que la famille a reçus cette semaine. Depuis le décès du chef de famille, José, il y a 20 ans, c'est à trois – Paula, Stephanie et Guillaume – qu'ils affrontaient tout. «Pour Guillaume, ses auditeurs étaient comme sa famille. On savait que les gens l'aimaient mais pas à ce point. En recevant un appel sur son téléphone cette semaine, j'ai conversé avec une dame qui se demandait à qui elle allait pouvoir se confier maintenant. C'était le numéro personnel de Guillaume et j'ai compris qu'il avait une relation spéciale avec ceux qui le suivaient. Guillaume ne voyait pas les gens comme nous. Lui voyait toujours en l'autre un ami. Il a toujours été comme ça», nous confie Stephanie, un sourire dans la voix. Certes, si la présence physique de son frère lui manque «terriblement», elle ne peut pas être triste en pensant à celui qui, dit-elle, était un exemple de persévérance.
Et c'est cette même détermination qui a rythmé la vie de son frère. D'une histoire à une autre, d'une anecdote à une autre, tout ce qui se rapporte à Guillaume avait un lien avec la radio. «Rares sont ceux qui savent depuis très tôt ce qu'ils veulent faire dans leur vie mais Guillaume, lui, il le savait déjà quand il était encore petit. D'ailleurs, un tableau de mixage et un micro sont vite devenus ses instruments de prédilection. Il avait alors 9 ans», raconte Paula. Et Stephanie d’ajouter une autre anecdote : «Il passait tout son temps à écouter la radio et suivaient les émissions de professionnelles comme Marie Michèle Etienne, Mimi Labat ou encore Pamela Patten. Il passait tout son temps à l'époque à faire des enregistrements et je peux vous dire qu'on découvrait souvent avec surprise, en voulant mettre une cassette de musique, que Guillaume était passé par-là et avait enregistré du contenu sur la cassette en question. Il écrivait ses textes et tout. Bref, l'animation avait une place très importante dans sa vie et cela, depuis l'enfance. D'ailleurs, même si notre père est parti très tôt, à 39 ans, le 21 janvier 2002, il savait que c'était un domaine qui intéressait beaucoup Guillaume et il l'encourageait...»
Si le jeune homme excellait derrière un micro, la scène était aussi son élément. «Il savait embarquer un public avec lui. Il est, certes, mon frère, je l'ai vu se construire au fil des années, mais on a aussi eu l'occasion de travailler ensemble, notamment pour plusieurs éditions du Festival Kreol. Il animait le show et moi, j'étais photographe pour la Mauritius Tourism Promotion Authority (MTPA) à l’époque. Le voir si heureux, à l'aise et en connexion avec le public et les artistes m'a marquée», se souvient Stéphanie, de l'émotion dans la voix, en soulignant aussi que son frère a depuis très jeune aimé se retrouver sur des plateformes liées, de près ou de loin, à l'animation. Comme la fois où il avait chanté (avec elle) en swahili pour la visite de Nelson Mandela à Maurice ou en participant à une émission pour les jeunes sur la MBC TV, alors qu'il était encore adolescent. Et avec la libéralisation des ondes, il a voulu tenter sa chance. Bien lui en a pris. La suite de l'histoire, on la connaît. L'animateur – qui ne voulait pas se cantonner à l'animation uniquement et qui aimait toucher à tout pour ses émissions – trouve sa place, sa voie et impose sa patte.
«Je tiens du fond du coeur à dire un grand merci à toutes ces personnes qui portent Guillaume dans leur coeur et dans leurs prières. Merci à vous tous, à Maurice ou à l'étranger, qui lui ont rendu hommage, qui honorent sa mémoire et qui l'ont accompagné et l’ont suivi dans son aventure audiovisuelle», conclut Paula. Car avec des hauts, mais aussi des bas, Guillaume a écrit son histoire. Il a avancé, touché son public (jusqu'à devenir l'animateur préféré des Mauriciens dans des sondages), il avait ses faiblesses, il a trébuché mais ne manquait jamais d'envoyer «des étoiles d'amitiés» (une de ses phrases fétiches) à ceux qui le suivaient... Et cela, jusqu'à son dernier souffle.
Le décès de Guillaume Domingue a été beaucoup commenté sur les réseaux sociaux à travers des posts, des photos de lui et des vidéos qui démontrent sa joie de vivre. Des articles et des hommages de plusieurs collègues des médias, de ceux qui ont travaillé avec lui sur des émissions, ceux qui ont partagé l'antenne avec lui, des artistes, des anonymes ont ainsi exprimé leur tristesse après ce départ et tous ont salué sa positive attitude.
À 5-Plus, nous présentons aussi nos sincères condoléances à notre collègue Stephanie et à sa maman Paula.
Publicité