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28 mars 2021 18:14
La voix est fébrile, l’émotion palpable. «So figir mo pann resi trouve...» C’est avec ces mots empreints de tristesse que Rajkeswur nous parle du décès de son fils Vinay Ramjit, 47 ans. Autour de lui, toute une agitation : «Ma fille est partie s’occuper des démarches administratives...» C’est à peine un peu plus tôt, en ce vendredi 26 mars, qu’il a appris que son aîné, qui était positif à la Covid-19, s’en est allé. «Je ne l’ai pas vu depuis qu’il est rentré au pays.» Son fils avait été transféré de Magadascar où il travaillait pour être soigné à Maurice. Selon les autorités, Vinay Ramjit présentait des troubles cardiaques et son cas s’était aggravé ces derniers jours.
Il a rendu l’âme vendredi après-midi. «C’est pénible de perdre un fils dans ces conditions. C’est tout un bouleversement», lâche le père meurtri qui espérait de tout cœur que cette épreuve allait connaître un autre dénouement. «Vous vous rendez compte : ce n’est qu’au cimetière Bigara, où on m’a dit de me rendre, que je vais pouvoir dire au revoir une dernière fois à mon fils. C’est quelque chose de vraiment difficile à vivre.»
La nouvelle du décès de Vinay Ramjit a suscité un vif émoi à travers le pays. Membre du Lions Club, celui qui est décrit comme «un bon vivant» et qui était «très apprécié» par son entourage, était un visage connu et ceux qui le côtoyaient n’ont pas manqué de lui rendre un vibrant hommage. Sa disparition survient dans un climat stressant et angoissant, avec le nombre de personnes contaminées qui continue d’augmenter dans l’île et le virus qui circule toujours.
Un autre proche de Vinay Ramjit, son neveu, dit avoir une pensée spéciale pour les enfants de son oncle : «Il est marié et père d’un garçon et de deux filles. Sa famille est en France.» Cette triste nouvelle affecte grandement tous les siens : «Toute la famille est dévastée. Nous passons par un moment très dur. Nous ne l’avions pas vu du tout depuis qu’il était en traitement et nous n’avions pas anticipé qu’il allait mourir. Ce qui est encore plus difficile, c’est que ses funérailles se feront dans des conditions très strictes...»
Il est décédé à l’hôpital ENT le vendredi 26 mars, à la mi-journée. Vinay Ramjit, 47 ans, y avait été admis depuis son arrivée de Madagascar il y a quelques jours car il était positif à la Covid-19, en plus de souffrir d’autres complications de santé. D’ailleurs, lors de la conférence de presse du National Communication Committee (NCC) dans l’après-midi du même jour, la doctoresse Catherine Gaud a souligné que ce n’est pas la Covid-19 qui est directement responsable de sa mort : «Ce patient avait déjà plusieurs facteurs de risque importants au niveau de sa santé, en plus d’une tension artérielle mal contrôlée. Il faut aussi noter que ce n’est pas un cas local mais qu’il a contracté la Covid à Madagascar. Dès son arrivée dans l’île, ce patient a fait un infarctus du myocarde avec complications et il avait déjà des stents au cœur. Il est décédé de son infarctus, la Covid est la cause secondaire de son décès. C’est une triste nouvelle car c’était un jeune patient.»
Lors de ce point de presse, le Dr Catherine, conseillère au bureau du Premier ministre, a aussi souligné que deux patients positifs à la Covid-19 sont dans des conditions préoccupantes. «L’un a 70 ans et l’autre, âgé de 46 ans, est en obésité morbide. Nous surveillons son cas de près car l’obésité est aussi un facteur de risque dans les cas de Covid.»
Le ministre de la Santé, le Dr Kailesh Jagutpal, a, quant à lui, évoqué les nombreux cas qui ont été détectés à l’hôpital de Souillac, lors d’un exercice de contact tracing, après qu’une infirmière de l’unité de dialyse de l’hôpital de Souillac a été trouvée positive à la Covid-19. «Tous les patients et Frontliners de ce département sont en quarantaine. L’hôpital n’opère plus pour l’instant, il est temporairement fermé, et a subi une désinfection. Et grâce au contact tracing de cette infirmière, nous avons détecté 18 nouveaux cas. Dont 14 membres du personnel de l’hôpital de Souillac, un patient de l’unité de dialyse et 3 proches de la Nursing Officer.» Suite à quoi, le Dr Gaud a fait un appel aux Mauriciens : «Si vous avez été en contact avec des patients positifs des différents clusters ou des cas que nous évoquons, ou alors que vous avez des symptômes, faites-vous connaître. Contactez-nous et nous ferons le nécessaire. Ce sera dans votre intérêt car le plus tôt vous recevez des traitements précoces, plus vous avez des chances de guérison. Mais c’est aussi pour sauver d’autres vies. Car nous faisons le maximum pour enlever les cas de la communauté pour éviter la propagation du virus et c’est un travail que nous devons faire ensemble.»
À l'heure où nous mettions sous presse, il y avait 257 cas locaux de Covid-19 dont 236 actifs.
Textes : Christophe Karghoo et Valérie Dorasawmy
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