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2 mai 2023 13:57
A-t-elle succombé à ses blessures après avoir été victime de violences conjugales ? Ou bien est-ce son addiction à la drogue qui a eu raison d’elle ? Ou bien est-ce la somme des deux ? C’est ce que les proches de Megna Potiah veulent savoir après son décès dans des circonstances suspectes. Cette habitante de Pont-Lardier, âgée de 31 ans, a poussé son dernier soupir le dimanche 23 avril à l’hôpital de Flacq. Elle y avait été admise dans un état critique la veille, suivant une agression. C’est du moins ce que son frère Brady Potiah a déclaré à la police.
Dans sa déposition, cet homme de 38 ans explique que sa sœur était venue le voir chez lui à Plaine-des-Gersigny, Flacq, le 15 avril. Elle avait, dit-il, des blessures sur plusieurs parties du corps. «Li ti dir mwa ki li gagn bate.» Megna Potiah était régulièrement victime de violences de la part de son compagnon, dont elle partageait la vie depuis plusieurs années, et même d’autres membres de sa famille, selon ses proches. Ces derniers l’ont alors conduite à l’hôpital Bruno Cheong où elle a reçu de soins avant son admission. Le personnel soignant lui avait diagnostiqué deux fractures au niveau des côtes et une à la mâchoire. On lui avait également plâtré une jambe.
Megna Potiah a toutefois signé le formulaire «Discharge Against Medical Advice» afin de pouvoir sortir de l’hôpital. Elle est, par la suite, rentrée chez elle à Pont-Lardier. Le samedi 22 avril, ne pouvant plus supporter les douleurs qu’elle ressentait, la jeune femme s’est à nouveau rendue au domicile de son frère. Pressée de questions par ses proches, elle leur a expliqué que c’est le frère de son compagnon qui l’avait agressée. Ces derniers l’ont à nouveau emmenée à l'hôpital où elle a été admise, avant de rendre l’âme le lendemain.
Soupçonnant un acte malveillant, le médecin qui a certifié son décès a référé le cas à la police. La CID de Bel-Air a procédé à quatre interpellations peu après. Trois des quatre suspects sont fichés à la police et deux ont le statut de récidiviste notoire : le compagnon de Megna Potiah et le frère de ce dernier. La jeune femme était elle aussi fichée comme récidiviste au poste de police de Bel-Air. Après enquête, tous les suspects ont été autorisés à partir, à condition de rester à la disposition de la police.
Cependant, le rapport d’autopsie est venu donner une autre tournure à l’enquête. Le Dr Gungadin, Chief Police Medical Officer, a conclu que Megna Potiah est décédée suite à une «haemorrhagic pancreatitis». Une pancréatite hémorragique est une inflammation au niveau du pancréas, causée par plusieurs complications. L’une d’elles est de nature toxique, provoquée par un abus d’alcool et de médicament. La jeune femme avait des problèmes d’addiction.
Dans un entretien accordé à Télé Plus, Brady confirme que sa sœur prenait de la méthadone. Et dans l’express du samedi 29 avril, son père Somee Potiah reconnaît aussi que sa fille avait un problème d’addiction à la drogue mais dit avoir tout fait pour la sortir de là, surtout après la mort de son épouse il y a 14 mois. «Quelques jours avant que la mort ne l’emporte, cette dernière m’avait fait promettre de tout faire pour sortir notre fille de l’étau de la drogue. Elle avait tout tenté de son côté pour y parvenir et à sa mort, j’ai repris le flambeau. Et je crois que j’y étais parvenue. Mais cela me fait mal de l’avoir perdue dans des circonstances aussi atroces. Elle ne méritait pas une mort aussi cruelle», confie Somee Potiah, dans l’express.
Il l'avait emmenée au Centre Bouloux à Cassis récemment pour qu’elle puisse entamer une cure de désintoxication et il pensait vraiment qu’elle avait réussi à surmonter son problème d’addiction jusqu’à ce que l’autopsie révèle que c’est la cause officielle de sa mort. Ses proches et lui ne sont toutefois pas persuadés que c’est ce qui l’a tuée. Ils réclament une enquête transparente et comptent également se battre pour que justice soit faite. «Mo madam ti trouv enn ta mark lor mo ser kan li ti begn li. So lamor pa natirel sa», lance Brady Potiah, entre chagrin et révolte. Est-ce que l’agression aurait aussi contribué à la mort de Megna Potiah ? C’est la question à laquelle l’enquête policière devra répondre.
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