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17 novembre 2021 14:59
Après trois ans de vie commune, ils voulaient absolument avoir un enfant. Mais le premier bébé d’Aissa Edoo-Buccus, 30 ans, et de son concubin Warren Periapen, 33 ans, est mort le 16 décembre 2020. «Zot ti dir mwa linn mor toufe apre ki linn bwar dilo sal», confie la jeune femme qui a déjà trois filles âgées de 12, 9 et 3 ans, issues d’une première relation. «Warren mem ki get zot kouma enn papa», confie-t-elle.
Le couple, qui habite Terre-Rouge, était donc aux anges lorsqu’Aissa est tombé à nouveau enceinte. Mais son bonheur a été de courte durée. Le 6 novembre, la mère de famille a commencé à avoir des douleurs atroces au ventre. «J’avais des contractions. J’étais à mon 6e mois de grossesse. Mon concubin m’a conduite à l’hôpital Jeetoo. Sur place, un premier médecin m’a examinée et m’a dit que les douleurs étaient liées à ma précédente césarienne. On m’a fait une injection et on m’a donné des calmants, avant mon admission», explique notre interlocutrice.
Cependant, le lendemain, vers 3 heures, son état de santé s'est détérioré. Le personnel soignant lui a alors fait une autre injection, se souvient Aissa. Mais trois heures plus tard, son cas s’est aggravé davantage lorsqu’elle a commencé à perdre les eaux. «Enn premye dokter inn examinn mwa. Enn spesyalis inn vini apre. Li dir ki pou fer mwa akouse midi. Dokter-la ti dir mwa ki latet baba ti fini vire. Li ti ousi dir mwa ki pou bizin fer enn sezaryenn pou sov lavi zanfan-la», raconte Aissa.
Peu après, la jeune femme est transférée à la salle d’opération. «On m’a fait une injection avant la césarienne. Puis, on m’a demandé si mes pieds étaient engourdis. Je leur ai répondu ‘‘non’’. On m’a posé la même question à nouveau et à deux reprises, j’ai répondu ‘‘non’’. Le personnel soignant a commencé la césarienne malgré tout. J’avais terriblement mal. Je leur disais d’arrêter, en vain. Je hurlais de douleur.»
Peu après, la jeune femme a appris qu’elle avait mis au monde un fils, qu’il était très petit et qu’il fallait le transférer à la nursery pour le placer dans une couveuse. «Mo ti pe kriye lamor pe vini ek sov lavi mo zanfan», lâche-t-elle. Le personnel soignant lui a ensuite fait des points de suture. «Mo ti dir bann-la aret tortir mwa. Mo tibaba ti ankor vivan. Mo ti feb net. Lerla mem bann-la dir mwa dormi. Monn les zot fer. Monn apel mo misie. Mo ti panse li la.»
Mais quelques minutes plus tard, affirme-t-elle, une infirmière est venue la voir pour lui demander les vêtements de son bébé. «Un médecin est venu peu après pour me demander le numéro de téléphone et la carte d’identité de mon concubin, avant de me tourner le dos sans me donner de détails.» Peu après, Warren et elle ont appris la terrible nouvelle ; le nouveau-né n’a vécu que 30 minutes. Sur le Death Certificate, il est écrit que la Cause of death est une «extreme prematurity».
Lorsque Warren récupère la dépouille de son fils, il ne remarque rien d’anormal. «Zot ti byin kasiet so figir», assure-t-il. Mais au moment de lui donner un bain avant la veillée mortuaire, le jeune homme et les siens remarquent deux profondes entailles sur la tête du bébé. «Ti ena de long mark koupe plis ki 1 cm kote gos ki ti ase profon. Ti ena enn mark lor so chest. Lerla mem mo desid pou al la polis», confie Warren. Le trentenaire a consigné une déposition au poste de police de Line Barracks. Il a également déposé une plainte au ministère de la Santé. «Zot inn dir mwa laba ki pou ena enn lanket. Mo kont lor zot parski mo zanfan ti inosan. Li pa ti merit sa. Seki finn fer erer bizin asim so responsabilite», martèle Warren.
Aissa abonde dans son sens. La jeune femme est rentrée chez elle le lendemain de sa césarienne, après que son concubin a signé un Discharge Against Medical Advice Form. La trentenaire s’est toutefois rendue dans une clinique privée pour soigner une infection, alors qu’elle n’a pas eu de complication pendant la grossesse.
Le couple, qui «vann legim» pour gagner sa vie, n’a pas encore organisé les funérailles de son fils. Aissa et Warren cherchent un médecin du privé pour assister à l’autopsie. Nous avons tenté de contacter le service de presse du ministère de la Santé pour commenter cette affaire, en vain.
En attendant, un jeune couple pleure la mort de son enfant qu’il désirait tant…
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