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17 mai 2015 14:27
Une épreuve de plus pour le leader du Parti travailliste ! Sous le coup de trois nouveaux motifs d’inculpation, Navin Ramgoolam vient de passer deux nuits en cellule. Trois jours plus tôt, il faisait un come-back surprise au square Guy-Rozemont, lors d’une réunion de l’exécutif de son parti. L’avenir politique de l’ex-Premier ministre est plus que jamais au centre des interrogations. Est-ce qu’il devrait démissionner de sa fonction de leader du PTr, au moins le temps que dureront ses déboires avec la justice ? Ramgoolam est «encore vivant politiquement», a répondu hier Patrick Assirvaden, le président du PTr, lors de sa conférence de presse hebdomadaire. Mais tout le monde n’est pas cet avis, même dans le camp rouge.
C’est à l’issue d’un interrogatoire aux Casernes centrales, vendredi, que Navin Ramgoolam a été arrêté. Il lui est reproché, entre autres, d’avoir bénéficié d’un prêt de Rs 40 millions de la Bramer Bank pour l’achat de son campement à Roches-Noires. Le CCID considère qu’il s’agit d’un cas de blanchiment d’argent. L’ancien homme fort du pays était déjà en liberté conditionnelle à la suite d’une double inculpation provisoire. D’une part pour blanchiment d’argent après que 220 millions de roupies ont été découverts à son domicile. D’autre part pour complot en vue de pervertir le cours de la justice dans l’affaire du cambriolage de Roches-Noires. Hier, la magistrate Naveena Pursuramen a fait savoir qu’elle rendrait sa décision ce dimanche à 10h30 concernant sa demande de libération sous caution. Devant la Bail and Remand Court, l’ex-PM a fait la déclaration suivante : «Le jour de mon arrestation, j’ai dit que je défendrais ma réputation. Je n’ai nullement l’intention d’influencer les témoins.»
Plus tôt dans la matinée, Patrick Assirvaden soutenait que les déboires de Navin Ramgoolam avec la justice ne sont dus qu’à «une vendetta politique». Parlant d’«État policier» et de «dérive totalitaire», le président du PTr a annoncé que le parti allait alerter plusieurs organisations internationales pour dénoncer ce qui est arrivé. De son côté, Paul Bérenger n’a pas souhaité commenter cette actualité. Le leader du MMM a dit suivre l’affaire de près et a affirmé qu’il ferait part de ses conclusions «en temps et lieu».
Ce nouveau développement dans «l’affaire Ramgoolam» fait vaciller un peu plus le PTr qui, depuis les dernières élections, vit aux rythmes de divergences d’opinion concernant son leadership. Mardi dernier encore, ce que certains appellent la guerre des chefs entre Arvin Boolell, aspirant leader, et Navin Ramgoolam, leader en congé, a pris une nouvelle tournure. Les choses ont mal tourné quand l’ex-Premier ministre a débarqué à l’improviste au siège du parti pour une réunion du bureau politique. Arvin Boolell a quitté les lieux fâché, avant dedonner sa démission du poste du porte-parole.
Si de nombreux membres du PTr font front autour du leader officiel, plusieurs voix s’accordent à dire qu’il devrait step down. Depuis quelques semaines déjà, Arvin Boolell martèle que Navin Ramgoolam doit démissionner pour le bien du parti. Sollicité pour une réaction au vu des derniers événements, il nous a fait la déclaration suivante : «Le public connaît ma position sur la question de leadership, car je pense d’abord et toujours au bien du parti.» Concernant les démêlés judiciaires de Ramgoolam, il dit «souhaiter que la police fasse bien son travail et ne traite pas cette affaire à la légère pour ne pas donner du crédit à la perception d’une vendetta politique.»
«Lion blessé»
Si les partisans de Ramgoolam croient dur comme fer qu’il se relèvera, d’autres parlent d’un «lion blessé» qui devrait se retirer. Shafick Osman, docteur en géopolitique, va dans ce sens : «Comme les charges et les affaires se multiplient pour Navin Ramgoolam, rester au devant de la scène comme leader ne lui fera aucun bien et c’est le parti rouge qui souffrira davantage. Plus que jamais, il doit prendre un long congé politique, se retirer comme leader, et il pourra toujours faire son come-back s’il est acquitté de toutes les charges. Mais cela risque de prendre plusieurs années et s’il reste, ce sera au détriment de son parti.» Selon lui, plus Navin Ramgoolam se mettra en avant sur le plan politique, plus il sera attaqué par ses adversaires : «IIs ne sont pas seulement du côté de la majorité au pouvoir, il y a aussi les démissionnaires du MMM et ceux qui pensent autrement au sein
des rouges.»
Des partisans rouges s’étaient déplacés pour soutenir leur leader.
Pour Shafick Osman, Arvin Boolell aurait dû être nommé leader par intérim : «Avec beaucoup de courage, Arvin Boolell a recommencé à mobiliser les rouges, à réorganiser le parti et à le préparer pour les prochaines municipales. Évidemment, dans le même temps, il a commencé à donner de la voix et la cerise sur le gâteau a été sa demande du 1er mai dernier, à Nouvelle-France, quand il a, pour la première fois en public, demander que Navin Ramgoolam step down pour faire de la place.» En attendant, une autre question se pose : le Labour Party peut-il survivre à un après-Ramgoolam ?
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