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Par Yvonne Stephen
25 juillet 2016 21:18
Une sad story ? Peut-être ! L’exercice budgétaire de Pravind Jugnauth, qui aura lieu le vendredi 29 juillet, vous fera-t-il pleurer ? Impossible de le savoir pour l’instant. Néanmoins, les professionnels de la question évoquent un «budget-rupture» nécessaire afin de pouvoir relancer l’économie locale.
Le principal concerné, lui, a prévenu… comme tous les ministres des Finances, avant lui. L’époque actuelle ne permet pas de jouer au Père Noël en juillet. Le Brexit, l’instabilité économique mondiale, la population vieillissante viennent corser le jeu de celui qui fait son come-back après son épisode Medpoint. Il a, d’ailleurs, déjà fait part de ses principaux objectifs : faire baisser la dette publique, booster les investissements privés qui font défaut, améliorer les infrastructures et l’environnement des affaires, miser sur la croissance pour la création d’emploi, faire preuve de discipline et de prudence entre autres.
Mais est-ce que ce grand discours technique change la vie de tout le monde ? Trois jeunes chômeurs, trois chefs d’entreprise et trois mamans ont fait part de leurs attentes par rapport au discours du Grand argentier. Seront-elles exaucées ? Réponses dans quelques jours…
Chercher du travail depuis un mois, deux mois…plus d’un an. Enchaîner les impressions de CV, les rendez-vous professionnels, cultiver l’espoir et être déçu encore et encore malgré les diplômes. S’ennuyer à la maison, faire face aux regards de ses proches, passer à côté de sorties, d’envies et de projets de vie. Mettre sa vie sur pause en attendant de trouver un travail… Pensent-ils que le prochain discours budgétaire leur donnera les clés de leur avenir professionnel ? Ils attendent de voir…
Son souhait : trouver un job. Je ne sais pas comment le ministre des Finances peut s’y prendre, quelles sont les mesures qu’il peut présenter. Je n’en ai aucune idée. Mais, quoiqu’il fasse, le plus important c’est que j’obtienne un travail. Même si je cherche dans un domaine qui recrute, on ne m’emploie pas parce que je n’ai pas d’expérience. Je suis démoralisée. Si je ne travaille pas, comment voulez-vous que j’aie de l’expérience ? Et sans expérience, je ne peux pas travailler. Je me souviens qu’une des promesses de l’actuel gouvernement était de créer des milliers d’emplois. Même si on dit que les autorités ont réussi leur pari – ce que je ne crois pas –, je suis encore sur la touche. Alors, j’espère que le grand argentier fasse ce qu’il a à faire pour que je travaille enfin !
Son souhait : trouver une formation (payante). Je n’ai pas d’expérience, d’accord. Mais le gouvernement ne peut-il pas mettre en place des formations payantes dans des entreprises afin que je puisse en avoir ? Ce serait bien. Au lieu de refuser ma candidature, les sociétés pourraient ainsi me tester, voir si j’ai le savoir-faire nécessaire pour faire le travail et savoir si ça peut marcher. Il faudrait un programme de placement dans ce style. Il y a beaucoup de jeunes comme moi qui attendent qu’on leur tende la main. Et il n’y a pas que dans le domaine de l’informatique qu’il y a saturation. Aujourd’hui, j’ai l’impression qu’on ne cherche que des peintres et des maçons Des jobs manuels. Mais ce n’est pas ma formation. Alors ce serait bien que le ministre des Finances provoque une relance économique afin que les entreprises recrutent.
Son souhait : ne pas trop attendre. J’espère trouver un emploi qui me convienne à moi, et aux études que j’ai faites. Je sais bien que c’est utopique et que de nombreux jeunes, comme moi, sont à la recherche d’un job. On ne recherche pas le travail qui nous convient parfaitement, on veut juste en trouver un. Alors j’espère que le prochain Budget sera rempli de mesures qui permettent aux jeunes de continuer à rêver à leur carrière, de trouver un emploi qui leur donnera envie d’être créatifs et de donner le meilleur d’eux-mêmes.
Jongler entre les dépenses nécessaires et l’envie d’offrir le meilleur à ses enfants… ce n’est pas toujours facile pour celles qui tiennent les cordons de la bourse. Il faut faire preuve d’astuces, trouver des bons plans et souvent se priver soi-même pour le bien-être de sa famille. Alors ces mamans attendent quoi de Pravind Jugnauth ? Des baisses de prix, évidemment.
Son souhait : des prix revus à la baisse. J’attends une baisse des produits alimentaires et ceux de première nécessité. Malgré les subsidessur certaines denrées, ce n’est pas évident pour la classe moyenne de garder la tête hors de l’eau. Les parents, surtout ceux qui ont des bébés et qui doivent trouver des sous pour payer le lait et les couches, broient du noir. Au lieu, comme à chaque Budget, de baisser les prix des électroménagers, c’est aux aliments que le ministre des Finances devrait s’attaquer. Je redoute une hausse de la TVA, ce serait vraiment le comble !
Son souhait : un panier moins lourd… financièrement. La seule chose que j’attends du prochain Budget, c’est une baisse de prix concernant les produits de première nécessité comme le lait, les couches, la nourriture et tout ce dont on a besoin pour les enfants. Aujourd’hui, si vous n’avez pas Rs 8 000, voire Rs 10 000, en poche pour faire des provisions à la fin du mois, c’est la galère en mi-mois et c’est très difficile de joindre les deux bouts. Imaginez : pour un enfant, il faut un minimum de deux boîtes de lait par mois (une boîte est à Rs 345), trois paquets de couche pour la maison et pour la crèche en moyenne (il faut prévoir Rs 390 par sachet)… Ça fait environ Rs 3 000 et c’est sans compter la nourriture, l’électricité, l’eau, le loyer. Au final, on n’y arrive pas !
Son souhait : une politique d’accompagnement des parents.Des structures plus appropriées pour les enfants afin qu’ils puissent jouer, pratiquer un sport, et s’adonner à des activités. Aujourd’hui, si on veut que son enfant fasse autre chose que d’apprendre à l’école, il faut payer et ça coûte une fortune ! Ce serait bien que des activités soient subventionnées par l’État. Il faut être riche pour que son enfant pratique du tennis, par exemple ? Ce n’est pas normal.
D’autre part, quand les enfants sont en vacances, il n’y a aucune facilité pour les surveiller. Ça devrait changer. Avec nos malheureux congés, comment on gère ça ? Le flexitimen’est pas encore d’actualité ici : comment on fait ? Il faut encore payer pour une nounou ou une garderie. Les parents de la classe moyenne sont tirés vers le bas. Il faudrait une autre politique d’accompagnement. Mais aussi la possibilité d’augmenter le seuil d’exemption de taxe quand on a des enfants.
L’école est gratuite mais est-ce que ça vaut vraiment le coût ? Est-ce que le niveau n’en paie pas le prix ? Et il y a tellement d’écoles privées. Être un parent de la classe moyenne, c’est être pris dans un dilemme : vouloir offrir le meilleur à son enfant et opter pour une école privée mais les tarifs sont énormes. Il y a tellement d’expatriés qui ont les moyens de payer une fortune pour ces établissements. Ne serait-il pas temps d’instaurer un contrôle sur les tarifs demandés afin d’aider les Mauriciens ?
Un contexte économique difficile. Ces entrepreneurs y font face, au quotidien. Alors, pour eux, il est nécessaire d’évoluer et de se moderniser. Néanmoins, les autorités ne seraient pas assez présentes à leurs côtés. Ils espèrent que le nouveau Budget va changer la donne.
Son souhait : agir en attendant un hypothétique miracle économique.Ce que j’attends de ce Budget ? Que les autorités implémententles prêts aux PME à un taux de 3,5% et qu’elles appliquent ce qu’elles avaient déjà promis aux précédents Budgets. Mais aussi qu’elles réalisent le miracle économique tant annoncé et tant vendu. Et si elles n’ont pas de baguette magique pour ça, qu’elles s’assurent d’aider les plus petites entreprises à se développer et les grosses à atteindre leur sommet.
Son souhait : une professionnalisation des services.Dans le secteur où j’évolue, on a beaucoup de problèmes concernant les emprunts proposés afin d’investir dans notre business. Parfois, on fait face à des situations difficiles et il faut de l’argent, mais c’est très compliqué. Ça devrait changer. On devrait avoir de l’aide concernant le training, également. On est frustré. Il n’y a pas grand-chose de fait. Et puis le Youth Employment Programme, c’est bien, on veut participer, on prend des jeunes, on les forme… mais quand le gouvernement doit nous rembourser, il faut attendre des mois ! Il est temps de professionnaliser les services. D’ailleurs, avec le nouveau gouvernement, il ne faut pas croire qu’on ait des facilités du point de vue administratif ! Ça ne concerne que les petits copains, les gens qui sont protégés…
Son souhait : donner les moyens aux entrepreneurs-agriculteurs. Nous devrions avoir les moyens et les aides nécessaires pour revoir notre système d’agriculture, pour aller vers l’hydroponique et vers l’organique. On nous dit qu’il est temps de changer de techniques mais les autorités ne nous proposent ni une certaine expertise, un know-how, ni des plans de prêts et d’accompagnement intéressants. Alors ce serait bien si le ministère des Finances, en collaboration avec d’autres ministères, s’en charge. Ce serait une bonne chose pour les entrepreneurs et pour les Mauriciens. Imaginez que le lait liquide, la viande, entre autres produits, soient faits localement avec des normes de l’agriculture bio, ce serait bien, non ? Je pense qu’il est temps que nous allions vers ce modèle.
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