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Discours controversé du Père Grégoire dans une fonction : regard de prêtres sur une démarche qui dérange

1 novembre 2021

Les actions du père Grégoire dans une fonction en présence de membres du gouvernement suscitent incompréhension et indignation. 

C’est un sujet qui a été, ces derniers jours, très commenté. Au centre des discussions : la prise de parole du père Jocelyn Grégoire le jeudi 21 octobre, lors d’une cérémonie de remise de bail de terres aux sociétés coopératives à Rose-Belle. Lors de cette fonction, le prêtre a remercié le Premier ministre Pravind Jugnauth et d’autres membres du gouvernement pour le travail effectué au profit des sociétés coopératives. Le père Grégoire a aussi invité le Premier ministre, et d’autres membres du gouvernement présents, à se mettre debout et a par la suite demandé à l’assistance de les applaudir.

 

Le discours et la démarche du prêtre n’ont pas marqué de susciter de vives réactions. Dans un communiqué, le père Jean Maurice Labour, vicaire général, commente ainsi les paroles du père Grégoire. «Depuis ses déclarations, des chrétiens nous ont fait part de leur incompréhension, voire leur indignation. Tout comme beaucoup de prêtres se sont engagés dans des combats sociaux au nom de leur foi (par exemple le père Mongelard dans le logement, le père Romaine dans l’éducation, le père Piat dans l’Action Familiale, les pères Véder et Fabien contre les discriminations, ou moi-même dans l’écologie), Jocelyn Grégoire s’est engagé, à sa manière, pour que les Créoles soient reconnus comme des citoyens à part entière dans la société mauricienne. Cependant, tout en soutenant des causes qui lui semblent justes, le prêtre ne doit en aucune façon s’engager à soutenir ou à faire l’apologie d’un politicien ou d’un parti pour ne pas faire pression sur l’opinion des citoyens», précise-t-il.

 

Le vicaire général a ainsi rappelé qu’en aucun cas un prêtre ne doit faire de la politique active : «L’église catholique a une politique de longue date qui veut qu’on respecte l’autorité qui est en place. C’est pourquoi, elle a toujours travaillé avec le gouvernement qui est en place pour l’avancement de la société mauricienne. L’évêque et ses prêtres prennent position, à temps et à contretemps, lorsque la démocratie est en ballotage ou bafouée. Nous gardons notre liberté pour interpeller le gouvernement en place. Nous sommes des partenaires critiques. Tout rapprochement partisan avec un groupe politique doit être évité pour rester libre et garder sa capacité d’être critique de manière constructive. Les prêtres de l’église catholique ne doivent jamais faire de politique active. La hiérarchie de l’Église a eu l’occasion de le dire à plusieurs reprises à Jocelyn Grégoire. Il doit prendre ses responsabilités.»

 

Dans une «let ouver a legliz» qu’il a publiée dans les colonnes du journal Le Mauricien le 28 octobre, le père Michel Moura commente aussi cette action du père Grégoire qui dérange. «Mo soke, abriti, efare e sagrin kan monn vizionn enn video lor YouTube kot nou trouv mo konfrer, per Jocelyn Grégoire, pran laparol dann enn ‘‘fonksyon’’ organize par gouvernman dan Rosbel zedi 21 Oktob 2021 pou remet a plizier sosiete koperativ zot let alokazyon later leta pou plantasion. Se ki ti sokan, se linvitasion ki li fer PM, 2 lot minis ki ti osi prezan ek plizier lezot akter sekter koperativ ek bann lezot dimounn ki pe debrouye pou lakominote kreol gagn so par dan devlopman ekonomik nou pei. Li invit zot met zot debout ek invit lasanble aplodi bannla ‘‘bien for’’… Mo ti kwar mo pe reve kan mo tann sa ! Enn pret legliz katolik ki pe demann aplodisman pou PM, minis, fonksyoner, etc., pou zefor zot pe fer pou kominote kreol gagn so par dan later ki pe done pou plantasion. Mo soke ek sagrin ki enn monper pe invit lasistans aplodi dimounn ki zot devwar/zot misyon se donn enn tretman egal a tou sitwayin morisyen indepandaman de zot kouler, relizion ou kiltir», écrit-il dans sa lettre ouverte.

 

Contacté le père Moura noux explique sa prise de position. «J’ai donné mon point de vue. C’est bien que les gens puissent donner leur opinion et dire ce qu’ils pensent. Il y a une majorité de voix qui s’élève pour dire que le père Grégoire, dans sa prise de parole, a été un peu trop loin dans sa manière de faire. Ce n'est pas tout à fait le rôle du prêtre. Nous ne questionnons pas la pertinence du père Grégoire à vouloir se battre pour la justice et l’égalité des chances mais c’est la manière dont il s’y prend, son positionnement. On a l’impression que c’est un agent politique qui parle et non pas un prêtre», nous a déclaré le père Michel Moura. Sollicité, le père Aain Romaine s'aligne sur le positionnement du père Moura. «Il se fait un peu le porte-parole du clergé», nous a déclaré le prêtre. Le père Pierre Piat va aussi dans le même sens. «L’église a déjà donné son avis à ce sujet. Le père Moura s’est aussi exprimé dessus et le père Labour également. On est tous sur la même position», nous a-t-il confié.

 

Nous avons vainement cherché à avoir une déclaration du père Grégoire suite aux réactions qui ont suivi sa prise de parole dans une fonction le 21 octobre.

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