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Dix ans après l’assassinat de son épouse Michaela Harte | John McAreavey : «Nous sommes frustrés face aux multiples mensonges des autorités mauriciennes»

11 janvier 2021

«Notre douleur augmente car les meurtriers de mon épouse continuent de marcher librement», confie l’Irlandais.

«On nous a promis justice mais il y a eu peu de progrès significatifs dans cette affaire, voire aucun, depuis 2012», s’indigne John McAreavey. En 2011, il a perdu son épouse Michaela Harte dans des circonstances tragiques, alors que le couple était en voyage de noces à Maurice. En effet, après leur mariage religieux, l’ancien footballeur irlandais et son épouse, une enseignante, avaient débarqué à Maurice et posé leurs valises à l’ex-hôtel Legends, à Grand-Gaube, pour leur lune de miel. Mais ce séjour s'est transformé en cauchemar lorsque Michaela Harte a été tuée dans sa chambre d’hôtel, le 10 janvier 2011.

 

Le rapport d’autopsie indique qu’elle est décédée par asphyxie suite à une compression of the neck. Deux suspects, Sandip Mooneea et Avinash Treebohun, ont été arrêtés peu après et traduits aux assises. Ils ont toutefois été trouvés non coupables le 12 juillet 2013. Dix ans plus tard, l’enquête policière est toujours au point mort, même si le Central Criminal Investigation Department (CCID) vient de constituer une nouvelle équipe avec le Deputy Commissionner of Police (DCP), Hemant Jangi, pour enquêter sur cette affaire d’assassinat. Ce qui révolte John McAreavey : «Nous sommes frustrés face aux multiples mensonges des autorités mauriciennes.»

 

Pour lui, Sandip Mooneea et Avinash Treebohun y sont pour quelque chose dans l’assassinat de son épouse. «Bien que ces deux employés d’hôtel ont été acquittés en 2012, nous n’avons jamais douté de leur culpabilité en raison des preuves accablantes fournies durant le procès. Lesdites preuves sont régulièrement ignorées. À notre retour à Maurice en 2017, on nous avait assuré que l’enquête policière était toujours en cours et qu’il allait bientôt y avoir un rebondissement. Mais à peine rentrés en Irlande, les autorités mauriciennes sont revenues à leur mode d’inertie par défaut. Notre douleur augmente car les meurtriers de mon épouse continuent de marcher librement», s’insurge John McAreavey.

 

En juillet dernier, Dick Ng Sui Wa, avocat des familles Harte et McAreavey, avait adressé une lettre au commissaire de police Khemraj Servansigh – qui venait de prendre ses nouvelles fonctions – pour lui demander où on était l’affaire. Le bureau du nouveau patron des Casernes centrales l’avait alors rassuré en lui disant qu’une nouvelle équipe travaillait sur cet assassinat non résolu. Une nouvelle qui avait réjoui John McAreavey à l’époque, d’autant que, lors de sa dernière visite à Maurice, en 2017, le Premier ministre lui avait également promis son soutien, lors d'une rencontre au Bâtiment du Trésor.

 

Mais l’Irlandais n’a pas tardé à changer d’avis et depuis, il tire à boulets rouges sur les autorités mauriciennes. «Michaela Harte mérite justice. Des lettres envoyées au gouvernement mauricien par les bureaux de l’Executive Office de l’Irlande du Nord et par Simon Coveney du bureau du ministère des Affaires étrangères de mon pays sont restées sans réponse. C’est un manque de respect envers la famille endeuillée», martèle John McAreavey.

 

Il estime qu’il s’agit également d’un grand manquement diplomatique de la part de Maurice envers son pays. «Nous sommes toujours déterminés à lutter pour que justice soit rendue à Michaela car elle le mérite», souligne l’Irlandais. La Special Squad mise en place au CCID a déjà interrogé d’autres personnes et effectué des tests ADN sur de nouveaux suspects. Le bureau du Directeur des poursuites publiques estime cependant que lesdites preuves ne sont pas suffisantes pour rouvrir un procès.

 


 

Dick Ng Sui Wa, avocat des familles Harte et McAreavey : «Il est inadmissible que cette enquête reste toujours ‘‘pending’’»

 

«Cette affaire est une honte nationale», martèle-t-il. Les services de Me Dick Ng Sui Wa ont été retenus par les membres des familles Harte et McAreavey depuis le début de cette affaire. Ce dernier trouve «inadmissible que cette enquête reste toujours pending». Il s’explique : «Lors de sa visite en 2017, mon client avait fourmi des informations pertinentes et troublantes à la police. Il y a également eu de nouveaux tests ADN. Je ne suis pas là pour montrer à la police comment faire son travail. On ne sait toujours pas si la police a déjà identifié les suspects. Les coupables doivent être punis par la loi.»

 

Selon l’homme de loi, l’ambassadeur irlandais lui a demandé de continuer à suivre l’affaire. Son prédécesseur avait, lui, déjà rencontré l’ancien CP Mario Nobin lors d’une visite à Maurice. «Aujourd’hui, après 10 ans, il me semble que la police n’a pas de volonté pour résoudre cette affaire. Ce qui explique pourquoi John McAreavey est révolté. La famille endeuillée et le peuple irlandais avaient de grandes espérances en la police mauricienne. Nous avons l’impression que la police n’a pas fait assez après l’acquittement des deux suspects», souligne Dick Ng Sui Wa.

 

Le seul point positif depuis le début, dit-il, c’est que «nous avons déjà remporté notre action civile. Toutes les parties concernées sont arrivées à un accord dont les modalités sont conditionnelles. L’argent obtenu comme dédommagements par l’ex-hôtel Legends a déjà servi à financer la fondation de Michaela Harte, qui vient en aide aux enfants démunis, en Irlande. C’est John McAreavey lui-même qui gère cette fondation».

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