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Dominique Wolton : « Un déséquilibre entre la communication et la politique»

5 mai 2016

Dominique Wolton du CNRS, Christina Meetoo de l’Universite de Maurice, Lindsay Rivière, président du Media Trust, et Gilles Ribouet de la COI.

Dansle climat actuel à Maurice, le Media Trust ne pouvait que s’interroger sur les liens entre communication, démocratie et stabilité politique. D’où l’initiative d’inviter un spécialiste à s’exprimer sur le sujet. Le Français Dominique Wolton, directeur de l’Institut des sciences de la communication au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), a ainsi donné une conférence le mercredi 27 avril à l’Université de Maurice. L’événement était organisé en partenariat avec la Commission de l’océan Indien (COI).  

 

Dominique Wolton a d’abord mis en garde les personnalités politiques contre un excès de communication au détriment de l’action : «Il y a un déséquilibre de plus en plus grave entre la communication et la politique, où la communication a tendance à manger la politique. Il faut faire attention car la grandeur de la politique, c’est de l’action. »

 

Abordant le thème de la transparence, l’orateur a estimé que la démocratie ne consiste pas à ce que le peuple sache chaque matin ce que fait le Premier ministre. «Le politicien doit faire de l’action et on le jugera après. Les journalistes doivent faire des travaux d’enquête pour découvrir les aspects de la réalité non connus par le public. Une transparence et une interactivité totales n’assurent pas forcement une meilleure démocratie», a-t-il souligné.

 

Selon lui, pour des rapports plus sains entre les gouvernants et les médias, «il faudra réaffirmer la légitimité du pouvoir politique, mettre de la distance, arrêter de coucher tous les jours avec les journalistes et les medias, et que chacun reste à sa place. (…) Le politicien ne peut pas passer son temps à écouter si les gens aiment ou pas. Il agit, les hommes observent et ils choisissent après lors des élections.»

 

Lors du débat qui a suivi la conférence, Jean Claude de l’Estrac, secrétaire général de la COI, a notamment commenté l’évolution de la presse et d’une profession qu’il a longtemps pratiquée. «Le journalisme, c’est un métier, ça s’apprend. On a aujourd’hui encore plus besoin de journalistes que jamais. Plus il y a d’information, plus il y a la nécessité de l’analyser, de la mettre en perspective, de la hiérarchiser, et cela c’est un véritable métier.»

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