Il est attendu au tournant... Car Donald Trump, qui a été élu 47e président des États-Unis, huit ans après sa première victoire après être arrivé en tête dans au moins quatre États clés, recueillant plus des 270 grands électeurs nécessaires pour acter sa victoire, le mercredi 6 novembre, sera prochainement à nouveau le locataire de la Maison Blanche, quatre ans après l’avoir quittée, reprenant ainsi la tête de la plus grande puissance mondiale.
Avec ce comeback historique, Donald Trump, qui a fait tomber la démocrate Kamala Harris, retrouvera ainsi, à partir de janvier 2025, le Bureau ovale où il mettra à exécution toutes ses promesses pour redresser, dit-il, la situation dans le pays. Avec son programme, il a fait naître l’espoir d’une nouvelle Amérique dans le cœur de tous ceux qui ont voté pour lui et qui ont désormais foi en lui. Mais il fait aussi trembler tous ceux qui ne partagent pas ses visions politiques, ce qui fait que ses moindres faits et gestes, tout comme toutes ses futures prises de positions, seront au cœur de toutes les attentions. «Nous allons réparer nos frontières ; nous allons tout réparer dans ce pays. Je ne me reposerai pas avant d’avoir redonné à l’Amérique la sécurité et la prospérité que nos enfants méritent, que vous méritez. Ce sera vraiment l’âge d’or de l’Amérique. Il est temps de mettre derrière nous les divisions de ces quatre dernières années. Il est temps de s’unir et nous allons essayer, nous allons essayer, nous devons essayer», a déclaré Donald Trump qui dit avoir une mission et qui s’engage à l’accomplir. Faisant allusion à la fusillade dont il a pu être sauvée, il parle d’un signe divin : «Beaucoup m’ont dit que Dieu avait épargné ma vie pour une raison. Cette raison, c’était de sauver le pays et de restaurer la grandeur de l’Amérique. Et maintenant, on va remplir cette mission ensemble. On va la remplir.»
Que ce soit aux États-Unis ou sur le plan international, les prochains moves de Donald Trump seront ainsi scrutés. Et les conflits mondiaux, soulignent les observateurs politiques, sont au cœur des dossiers qui nécessiteront toute son attention. «Je ne vais pas commencer une guerre ; je vais arrêter les guerres», a-t-il assuré, tout en se positionnant comme un garant de la paix. Si Joe Biden est toujours le président en exercice jusqu’au 20 janvier, date de l’investiture de Donald Trump, les semaines qui suivent seront placées sous le signe de la transition. Ainsi, Trump et son équipe travailleront avec l’administration de Joe Biden pour assurer le passage de pouvoir. Et Trump et son équipe devront aussi prendre connaissance des grands dossiers et des enjeux actuels du pays auxquels ils devront faire face à leur prise de fonction. Parmi les premières actions du président élu, c’est une annonce concernant la nomination d’Elon Musk, l’homme le plus riche de la planète, à la tête du ministère nouvellement créé de l’«Efficacité gouvernementale», conjointement avec l’homme d’affaires républicain Vivek Ramaswamy. «Ensemble, ces deux Américains formidables traceront le chemin pour mon administration afin de démanteler la bureaucratie gouvernementale, sabrer les régulations excessives, couper dans les dépenses inutiles et restructurer les agences fédérales», a souligné Donald Trump dans un communiqué ce mardi 12 novembre.
«L'ambiance est partagée»
L’élection de l’homme d’affaires de 78 ans suscite ainsi de nombreuses réactions. Et pour nos compatriotes installés au pays de l’oncle Sam, les semaines à venir risquent d’être très riches. Marie Vanessa Ramen nous raconte ainsi tout l’engouement que cette présidentielle a suscité. «L’ambiance à New-York dans les jours précédant l’élection était dynamique et très animée. Les New-Yorkais montraient un grand intérêt, avec de nombreux citoyens participant au vote anticipé et arborant fièrement des autocollants I Voted. Les discussions politiques étaient omniprésentes – au travail, dans les parcs et dans les restaurants. Kamala Harris, qui a remporté tous les votes électoraux de New-York, avait un soutien important à travers le pays, avec des soutiens de célébrités comme Jennifer Lopez, Beyoncé, Cardi B, Alicia Keys, Oprah Winfrey et les Obama. L’ancien président Donald Trump a également reçu des soutiens notables, notamment celui d’Elon Musk. Donald Trump a remporté l’élection avec une course très serrée dans de nombreuses grandes villes», nous confie la jeune femme en nous parlant de l’issue de ce scrutin qui a retenu l’attention du monde entier. «L’ambiance est partagée entre joie et déception, alors que chacun digère les résultats, notamment à New-York où le parti Démocrate dispose d’une forte base de soutien. J’ai croisé des étudiants émus au parc pendant que je faisais mon jogging et, en même temps, j’ai vu des célébrations en soirée dans des restaurants. Les émotions sont fortes à travers tout le pays alors que les partisans de Kamala Harris et du parti démocrate digèrent la défaite. C'est une période de réflexion et politiquement, il semble que la nation soit un peu divisée.»
Cet événement politique a été, raconte Marie Vanessa, une expérience avec plein d’enseignements. «Vivre cette élection aux États-Unis a été intense, mais significatif. C’était un sujet majeur de conversation parmi mes collègues, mes amis et pratiquement toutes les personnes que je rencontrais. Personnellement, j’ai choisi de travailler de chez moi le 5 novembre, jour de l’élection, par prudence en cas de désaccords qui pourraient surgir. Cependant, dans l’ensemble, tous sont restés respectueux et j’admire la dignité avec laquelle les deux camps ont accepté le résultat. Kamala Harris a montré beaucoup de dignité et de grâce malgré la défaite, ce qui est très respectueux. J’ai passé les 21 premières années de ma vie à Maurice, puis, j’ai vécu au Canada pendant sept ans et brièvement en Angleterre pour des projets professionnels, avant de déménager aux États-Unis en 2020, en grande partie pour la résilience de l’économie, les opportunités d’emploi, la liberté et la force de la démocratie. Observer de près ce processus démocratique a renforcé ma fierté de considérer ce pays comme chez moi. C’était réconfortant de voir les gens s’exprimer avec respect, dignité et grâce malgré la défaite», conclut notre compatriote qui, bien évidemment, attend de voir la direction que va prendre l’administration de Trump.
Melvin Moothen, installé aux États-Unis, a aussi les yeux rivés sur l’avenir. «La victoire inattendue de Donald Trump laisse l’avenir du pays incertain, d’autant plus que son programme radical est susceptible de gagner du terrain avec le parti républicain qui contrôle le Sénat et probablement la Chambre des représentants, ainsi qu’une Cour suprême favorable à ses intérêts. Une chose semble certaine : les poursuites pénales dont il fait l’objet risquent de s’enliser davantage, voire de s’éterniser jusqu’à ce qu’il accède à la présidence, moment où il pourrait se prévaloir d’une immunité totale et voir ces accusations disparaître. En ce qui concerne son administration, il a clairement indiqué qu’il avait l’intention de mettre en œuvre des changements importants au sein de la bureaucratie fédérale. Parmi ses principaux objectifs figurent les déportations massives, les attaques contre les droits reproductifs, l’imposition de droits de douane substantiels sur les produits importés et le retrait éventuel des États-Unis de l’OTAN. On ne sait pas encore si son parti imposera des contraintes ou sera en mesure de freiner ses actions, comme cela s’est déjà produit par le passé», nous confie le jeune homme en nous faisant part des incertitudes qui l’habitent. «Les quatre prochaines années comportent de nombreuses incertitudes, mais il semble qu’il soit dans une position plus forte pour chercher à se venger de ses adversaires politiques et pour rétablir des politiques sociales, sanitaires, économiques et environnementales néfastes, qui pourraient avoir des répercussions durables et constituer une menace pour la démocratie américaine. En outre, je pense que les idéologies de la suprématie blanche et la culture MAGA au sens large, caractérisées par le racisme, le fascisme et la misogynie, prendront de l’ampleur sous sa direction, ce qui a déjà commencé à faire. Le capitalisme est prêt à bénéficier de sa présidence, les grandes entreprises connaissant déjà une flambée des cours boursiers et des prévisions de marché optimistes. Il reste à voir comment sa relation avec la star Elon Musk influencera le paysage du capitalisme. Ce que beaucoup d’Américains ne réalisent peut-être pas encore, c’est le potentiel destructeur de l’autonomisation des figures autoritaires. Alors que nous nous tournons vers l’avenir, il sera crucial d’observer comment ses opposants, à la fois au sein du gouvernement et au-delà, élaborent des stratégies pour lui résister à la fois à l’échelle nationale qu'internationale», conclut notre compatriote qui, comme de nombreux Américains, attend le président élu au tournant...