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9 janvier 2022 14:50
Il est là et il rôde autour de nous. Après les festivités de fin/début d’année, la peur que le variant Omicron se répande comme une traînée de poudre dans la population est plus que jamais présente. Cette crainte qui habite les cœurs en ce moment est justifiée par ce qui se passe dans d’autres pays. En France, par exemple, ce variant beaucoup plus contagieux mais supposément moins virulent, représente désormais près de 80 % des infections. L’Inde est également confrontée à une nouvelle vague de Covid-19 liée à Omicron, à New Delhi notamment.
Chez nous également, le nouveau variant est au cœur de toutes les préoccupations. Lors d’une conférence de presse le jeudi 6 janvier, le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, a, en dévoilant des chiffres, donné des indications sur la présence d’Omicron sous notre ciel. Ainsi, selon un exercice de séquençage, 17 cas du variant Omicron, dont 15 locaux, ont été détectés entre le 16 et le 27 décembre. Dans la même période, 62 cas du variant Delta ont été enregistrés, dont 55 cas locaux. Les chiffres de contamination ont aussi attiré l’attention cette semaine. Alors que 30 cas avaient été enregistrés entre le 3 et le 4 janvier et 48 entre le 1er et le 2 janvier, le pays a enregistré un peak de 101 cas le mercredi 5 janvier. «Notre île a enregistré des cas du variant Omicron depuis novembre. Récemment, il y a eu le cas d’une personne qui s’apprêtait à voyager et qui disait qu’elle ne savait pas comment elle avait pu contracter ce variant. C’est clair qu’Omicron se trouve déjà dans la communauté», nous confie le Dr Vasantrao Gujadhur, ancien directeur des services de santé publics.
À l’heure où beaucoup craignent une explosion de cas dans les semaines à venir après la période des fêtes, le Dr Gujadhur estime qu’il faut suivre les chiffres de très près : «Lorsqu’on voit ce qui se passe dans d’autres pays, même si selon des indications, Omicron ne semble pas être aussi sévère que Delta, on se doit de suivre la situation. Si on regarde ce qui se passe en Angleterre, par exemple, on voit bien qu’il y a un important taux de nouvelles contaminations. On a compris que le variant semble être moins dangereux que le variant Delta mais il est très contagieux car il se réplique beaucoup plus vite. On a appris aussi qu’il infecte des personnes qui ont déjà été contaminées. Personne n’est à l’abri, même ceux qui ont été contaminés.»
Pour lui, c’est le personnel soignant qui risque d’être grandement affecté si le nombre de contaminations augmente : «Les festivités de fin d’année sont terminées. Beaucoup de personnes ont repris le travail, des usagers vont utiliser les transports en commun comme l’autobus… Avec tout cela, mo panse nou pou ena inpe ka dan nou pei. E si nou gagn boukou ka Omicron, nou bann lopital pou sibmerze. Si nou gagn boukou ka kontaminasion ek ki nou sistem de sante sibmerze, mo panse ki nou kapav gagn boukou problem, même si on entend qu’Omicron n’est pas sévère. Par exemple, le personnel soignant même risque d’être infecté.»
Le médecin fait ainsi un appel à la vigilance : «Je ne suis pas là pour effrayer les Mauriciens mais on se doit tous d’être vigilants. On doit maintenir tous les gestes de sécurité pour qu’on se protège ainsi que notre entourage. Je conseille aux personnes qui sont malades, qui ont des comorbidités, qui souffrent de cancers notamment, et aussi à celles qui sont âgées d’aller faire leur dose de rappel. Le mot d’ordre, c’est la prudence. La population doit rester très vigilante à cause d’Omicron.»
Nouveauté cette semaine : le vaccin Pfizer est dorénavant administré comme booster dose aux personnes de plus de 40 ans déjà vaccinées. C’est ce que le ministre Kailesh Jagutpal a annoncé lors de sa conférence de presse du jeudi 6 janvier. Ceux qui souhaitent avoir Pfizer comme booster dose doivent se rendre dans les centres concernés. Les adolescents, soit ceux âgés entre 12 et 17 ans, doivent également se rendre dans les centres en question pour recevoir leur première dose. Il est à noter que l’ordre alphabétique est en vigueur.
Ce sont des images qui sont vivement commentées. Alors que l’affaire de l’achat controversé de médicaments Molnupiravir continue a faire des vagues, voilà qu’une autre histoire vient éclabousser les autorités. La vidéo montrant le ministre de la Santé Kailesh Jagutpal en train de chanter et danser dans une fête, sans masque ni distanciation sociale, a fait énormément de buzz. Bruneau Laurette, leader de Linion Sitwayin, réclame une enquête en se basant sur le fait que le ministre de la Santé n’a pas respecté les gestes barrières et les mesures sanitaires à cette fête. Il a consigné une déposition à la police ce mercredi 5 janvier. «On a un ministre de la Santé qui a mis en place des regulations que lui-même ne respecte pas. Dans la loi, sous la section Social & Physical Distancing Rules, il est dit que “Every person shall in any place, other than in his ordinary place of residence, strictly observe the social and physical distancing rules specified in this regulation”. Il est aussi dit : “Every person shall, at all times, on any premises, offices and buildings, keep a distance of at least one metre from any other person, except where the person is in company of child under the age of 12”. C’est dans la loi et nou bizin fer li. Le minis inn inpoz sa lor nou, kifer li li pa respekte sa li ? Ena osi bann Morisien kinn al pey lamann parski zot inn tir zot mask pou zot manze ou pou fim enn sigaret, seki zot pa kapav fer an gardan zot mask. Minis-la li, li pe fer sa delibereman. Zot pa kapav impoz enn bann la lwa ki minis lamem pa pe respekte. Dans certains pays, il aurait déjà dû démissionner», nous confie Bruneau Laurette.
Le principal concerné dans cette affaire, le ministre Kailesh Jagutpal, a déclaré, lors de sa conférence de presse du jeudi 6 janvier, qu’il est «très très mal élevé de rentrer dans ma vie familiale et de la rendre publique» et a ajouté qu’il faut laisser «les institutions faire leur enquête» sur cette affaire.
Rama Valayden, qui avait accompagné Bruneau Laurette lorsqu’il est allé consigner sa déposition dans le sillage de cette affaire, a déclaré que le ministre de la Santé a fait une danse de Noël sur les cadavres. Le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval ,estime, pour sa part, que Kailesh Jagutpal a enfreint la loi sur la Covid-19 et a été «pris en flagrant délit». Dans un message aux médias, il souligne que des Mauriciens ont été verbalisés par la police pour des délits moindres : «Voilà que le ministre participe à une dance party en violation des règlements sous les Covid Regulations concernant le port du masque et la distanciation sociale.» Il a aussi souligné que des ministres ont dû démissionner à l’étranger pour des affaires de la même nature. Arvin Boolell, le chef de file du PTr, a aussi commenté cette affaire. «Le ministre de la Santé a été pris à son propre piège», a-t-il déclaré.
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