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13 juin 2016 12:18
Ses yeux verts sont noyés par un flot de larmes que rien ni personne ne peut arrêter. Vêtu de son kurta blanc, qui symbolise le deuil dans la religion hindoue, Madhoo Mewa, 59 ans, est complètement dévasté. Assis devant la dépouille de sa fille, dans un coin de son salon à St Julien Village, l’homme ne quitte plus du regard le corps sans vie, recouvert de fleurs.
Non loin de lui, son épouse et sa fille aînée partagent la même douleur intense que rien ne semble pouvoir apaiser. Ceux venus témoigner leurs sympathies à cette famille tentent vainement de prendre un peu de sa peine. Mais la souffrance des Madhoo ne peut être atténuée depuis qu’ils ont appris le décès tragique de la cadette de la famille, Urmila Mewa, une policière de 25 ans, affectée au poste de police de Brisée-Verdière. Elle est l’une des victimes ayant péri à Grande-Rivière-Sud-Est, le mercredi 8 juin, lors d’une sortie en bateau.
Un drame que Madhoo Mewa ne peut accepter. «Ma famille est anéantie à jamais. Urmila était une jeune femme rayonnante qui avait toute la vie devant elle. On n’arrive toujours pas à comprendre comment un tel drame a pu arriver», confie-t-il, les yeux gonflés et rougis tant il a pleuré. Ce père désemparé réclame la vérité sur ce terrible accident qui a coûté la vie à sa fille. «D’après ce que j’ai appris, ma fille tenait la main du bébé de sept mois qui est égalementdécédé dans ce drame. À un moment, il s’est produit quelque chose, mais je ne sais pas quoi exactement. Peut-être une houle qui a surpris les passagers, je ne sais pas. Ce serait à ce moment-là que ma fille ainsi que le bébé seraient tombés dans l’eau. Mais je veux savoir ce qui s’est réellement passé. Je réclame la vérité», lance-t-il le cœur lourd de chagrin.
Et ce qui l’attriste encore plus, c’est de ne pas avoir pu dire au revoir à sa fille le jour du drame. Madhoo est chauffeur d’autobus et chaque matin, il quitte la maison familiale très tôt, soit à 4 heures. «Je l’ai vue pour la dernière fois le mardi 7 juin. Je l’ai déposée à son travail. Comme elle travaille sur un shift system, parfois on ne se voit pas durant des jours», souligne Madhoo. Sa fille, dit-il, était une bonne policière qui faisait son travail avec passion.
Célibataire de son état, elle a grandi dans le petit village de St Julien, a fréquenté l’école primaire de cette localité, avant de rejoindre le secondaire. «Elle a toujours été très studieuse et a décroché son HSC au Eastern College, à Flacq, à l’âge de 19 ans.»Tout de suite après, raconte notre interlocuteur, Urmila s’est lancée à la recherche d’un emploi et a postulé pour devenir policière. C’est avec succès que la jeune femme a terminé sa formation avant de porter l’uniforme bleue, faisant la fierté de sa famille.
«Elle adorait le sport. Pour maintenir sa forme, elle avait acheté un tapis de course qu’elle utilisait tous les jours. Elle n’aimait pas vraiment sortir. Elle passait la majeure partie de son temps à la maison lorsqu’elle était de repos. Elle était toujours derrière son ordinateur à faire des recherches ici et là. C’était sa passion.»Très populaire dans son village, Urmila avait, selon son père, le cœur sur la main. D’ailleurs, c’est elle qui avait financé le mariage de sa sœur aînée et fait construire un étage au-dessus de la maison familiale.
«Elle dépensait pratiquement tout son argent à nous faire plaisir. Elle était une policière et une fille exemplaire. Récemment, elle avait même acheté une voiture afin que toute la famille en profite, surtout pour faire des sorties. Hélas, elle n’amême pas eu le temps de profiter de son véhicule», lâche Madhoo, le regard triste et vide.
Après qu’il soit rentré des funérailles de sa fille, le facteur a sonné à sa porte avec, à la main, un petit colis destiné à Urmila. «Elle avait commandé des gadgets pour son téléphone via Internet», confie son père. Mais Urmila, elle, ne fait hélas plus partie de ce monde. Au grand désespoir de ses proches qui réclament la vérité sur ce drame qui a choqué toute l’île.
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