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[ Drame à Grande- Rivière-Sud-Est ] Son époux et son fils de sept mois décédés | Nishta Mungur : «Je vais devoir survivre pour ma fille»

13 juin 2016

La jeune femme se retrouve seule avec sa fille après la mort tragique de son époux et de son bébé.

Ellea perdu deux des êtres les plus chers de sa vie. Et ne sait pas comment elle va continuer sans eux. Comment poursuivre sans son époux Nilesh qu’elle aimait tant et son fils de sept mois, Luvish, pour qui elle aurait volontiers donné sa vie ? Portant un sari rouge bordé de doré et des bijoux, ceux-là même qu’elle aurait portés pour son mariage, Nishta Mungur, 25 ans, est l’image même de la souffrance. Son époux a lui aussi été revêtu de sa tenue de marié pour ses funérailles. Tout un symbole.

 

D’ailleurs, la jeune femme ne cesse de demander à ceux venus lui témoigner leurs sympathies pendant les funérailles de prier pour son époux : «Priez pour que Nilesh puisse trouver le bon chemin avec notre petit Luvish. J’ai aussi besoin de vos prières pour avoir du courage pour continuer mon existence. Dieu a voulu que mon mari meure avec notre fils. Moi, je vais devoir survivre pour ma fille.»Mais elle sait qu’elle portera toute sa vie la douleur et les regrets suscités par cette tragédie.

 

Le mercredi 15 juin, Nilesh Mungur, un policier de 30 ans, son épouse Nishta et leurs deux enfants, Nishita, 3 ans, et Luvish, sept mois, avaient embarqué avec d’autres policiers et leurs familles pour une balade à l’île-aux-Cerfs. Sur le chemin du retour, c’est le drame. L’embarcation dans laquelle se trouve la quinzaine de personnes chavire à Grande-Rivière-Sud-Est et tous les occupants tombent à l’eau. Quatre d’entre eux périssent noyés : Nilesh et Luvish Mungur ainsi qu’Urmilla Mewa, une policière, et Vagish Shamloll, le fils d’une autre policière, âgé de 4 ans. Nilesh Mungur, dont le corps sera retrouvé le lendemain, s’est noyé en voulant porter secours à son enfant.

 

 

Le cœur en miettes, Nishta regarde tous ces gens venus rendre un dernier hommage à son mari et son fils, à Tagore Lane, Lallmatie. «Je n’aurais pas cru qu’il y aurait autant de monde pour leurs funérailles. Nilesh était précieux pour moi. Je penserai toujours à lui et je continuerai à l’aimer ainsi que notre fils Luvish», lâche la jeune femme, en larmes. Le couple était marié depuis mai 2011 et leur petit dernier allait souffler sa première bougie le 12 octobre.

 

Abasourdi, Pawan Mungur, le jeune frère de Nilesh, n’arrête pas de repenser au moment où il a appris la nouvelle. Nishta avait appelé sa belle-mère pour l’informer de l’accident. «J’ai voulu lui parler ensuite, mais elle n’a pu me donner d’autres détails car elle pleurait trop. Il était 17h45. Je me suis rendu à l’hôpital de Flacq où j’ai eu le choc de ma vie lorsque j’ai appris que mon neveu était mort et que mon frère était porté disparu. Je me suis ensuite rendu à Grande-Rivière-Sud-Est vers 1h30 et j’ai passé la nuit sur place, espérant que mon frère allait s’en sortir car il était un bon nageur. J’ai eu un autre choc lorsque sa dépouille a été repêchée vers 9h30.»

 

Calvaire

 

Les parents du policier, Pravin et Gaytree, sont également inconsolables. «Qui aurait cru que notre fils allait mourir si jeune ? Je prie Dieu pour que d’autres parents ne vivent pas le même calvaire. J’ai deux fils et ils étaient mes trésors. Notre famille a perdu un pilier. Le village a aussi perdu une perle. C’était un travailleur social émérite. Il était aussi très actif dans un groupe de prière. Il travaillait dur pour pouvoir assurer l’avenir de ses enfants. Au départ, il voulait devenir infirmier», souligne Pravin. Tous ceux présents aux funérailles s’accordent à dire que le jeune papa était un «bon garçon», qu’il était «toujours souriant»et «very helpful, ne refusant jamais de venir en aide aux autres». Nilesh était entré dans la force policière en avril 2011, un mois avant son mariage. Il était affecté à la District Supporting Unitde Flacq depuis trois mois. Auparavant, cet ancien menuisier spécialisé dans la fabrication de produits en aluminium travaillait au poste de police de Brisée-Verdière.

 

 Les funérailles du constable Mungur et de son fils étaient chargées d’émotion.

 

Les circonstances du drame qui lui a coûté la vie ainsi qu’à son fils et deux autres personnes sont encore floues dans la tête des membres de sa famille car tous évitent de demander des explications à son épouse Nishta pour lui éviter de repenser à ce drame. «Nu pa pe koz sa aksidan la ek mo bel fi pu evit li pans sa enkor. Linn zis dir nu ki se enn gro vag kinn devir bato la. Ala kuma mo garson ek mo ti zanfan la inn noye», précise Pravin. Nishta préfère effectivement ne pas s’étendre sur le sujet.

 

Toutefois, après avoir eu vent de la version du skipper dans la presse, la jeune femme a voulu apporter certaines précisions. «Le skipper ment. Il ne nous a pas donné de gilets de sauvetage. Il dit aussi que le bateau a chaviré parce que des passagers dansaient et chantaient. C’est faux. Nous sommes allés sur l’île tranquillement et sommes aussi revenus tranquillement. Il n’y aurait pas eu de morts s’il nous avait tous donné des gilets. Notre famille envisage des poursuites», dit-elle. La mort dans l’âme, elle doit tout de même regarder vers l’avenir… Pour sa fille et pour que justice soit rendue à son époux et son fils qui lui ont été brutalement arrachés.

 

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