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23 mars 2020 17:09
La scène donne presque froid dans le dos. Dans le hall d’arrivée de l’aéroport Sir Seewoosagur Ramgoolam, pas d’agitation, pas de chauffeurs qui brandissent des pancartes, pas de familles guettant l’arrivée des passagers. C’est le calme plat depuis que le Premier ministre Pravind Jugnauth a annoncé, le mercredi 18 mars, la fermeture de toutes les frontières pour tous les passagers.
Les derniers sont rentrés, le jeudi 19 mars, par les derniers vols encore autorisés à atterrir. Sur le parking, une zone a été délimitée par les forces de l’ordre pour permettre aux derniers arrivants d’entrer directement dans le bus sans avoir de contact avec leur famille. Tous ont été transférés au centre de détention du Chaland, qui a été converti en centre de quarantaine. Toolaksha et Hema Jhowry ont fait le déplacement de Montagne-Longue pour venir accueillir leur mère qui est revenue de Bombay.
Dépassées par la situation, elles sont en colère et inquiètes. «Le vol a atterri à 8h50 et c’est seulement à 16h30 qu’ils ont quitté l’aéroport. Nous n’avons même pas pu l’approcher. Nous avons uniquement pu récupérer ses valises. C’est vraiment difficile», lance Toolaksha. Hema, elle, ne cache pas sa colère. «On les a fait attendre une journée entière à l’aéroport pour ensuite les emmener en quarantaine mais certaines personnes qui étaient dans le même vol ont pu, elles, rentrer chez elles. C’est quoi ça ?»
Dans le hall d’arrivée, l’agitation a ainsi laissé place au silence. Hormis quelques employés qui, munis de leurs gants et leur masque, circulent encore, il n’y a pas grand monde sur les lieux. Michael Clelie, bagagiste chez Créola, n’imaginait pas assister à une telle scène un jour. L’aéroport, où il travaille depuis des années, est un endroit mouvementé d’habitude. Au lieu de ça, depuis quelques jours, ce lieu qu’il connaît si bien a changé de visage. «C’est la première fois que je vois ça. Je peux vous dire que ça fait peur. Il n’y a plus de passagers. L’endroit est complètement désert. Nous ne savons pas combien de temps encore ça va durer.»
À l’étage, dans le hall des départs, le contraste est saisissant. Sur les bancs, devant les tableaux d’affichages, aux comptoirs, les passagers affluent. Alors que certains ont décidé d’écourter leurs vacances, de nombreux touristes ont vu leur vol être annulé. C’est le cas de Dominique et de sa famille, venus de Normandie pour des vacances. «Nous avons appris que la compagnie aérienne que nous avons pris ne viendra plus à Maurice. Nous sommes donc venus à l’aéroport pour trouver un autre vol.» Cette situation, dit-il, vient un peu gâcher la fin des vacances. «C’est définitivement pas la joie.»
Marieanne Buhagiar, Mauricienne installée dans l’Essonne en France a, elle, décidé d’écourter son séjour et de rentrer plus tôt que prévu. Elle était venue rendre visite à sa fille et à ses petits-enfants mais rentrer est, dit-elle, la meilleure solution même si elle est triste de laisser sa famille. «Comme ils ont annoncé qu’il n’y aurait plus de vols, nous ne voulons pas être coincés ici. Nous avons des traitements médicaux en France et nous ne pouvons pas faire sans.»
Face au déboulement, les employés de cette étage sont à pied-d’œuvre. Certes la situation est exceptionnelle mais pas lieu de paniquer pour Dev Bhunjun, employé de banque : «Nous prenons toutes les précautions pour nous protéger et protéger les autres. Il ne faut pas s’alarmer.» Même son de cloche du côté de Marie-Noëlle Ang Ting Hone, employée au service wrapping. L’important, dit-elle, est de ne pas paniquer et de se protéger au mieux.
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