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Élection partielle à Montagne-Blanche - Grande-Rivière-Sud-Est - Des observateurs : «une absurdité», «un gaspillage», «une culture de non-transparence»

19 mai 2024

Kris Valaydon et Richard Rault décortiquent cette actualité qui fait beaucoup parler.

Peu de place au doute. Même s’il faut que le fil d’avenir se déroule et se désentortille pour connaître le fin mot de cette histoire, Richard Rault et Kris Valaydon pensent que cette élection n’aura pas lieu. 

 

Kris Valaydon : «Les dirigeants du pays sont en train de prendre les gens pour des cons»

 

«Je pense, comme peut-être une majorité de Mauriciens, qu’il n’y aura pas de partielle et qu’on ira directement aux élections générales. À voir les dates du communiqué de la présidence, du nomination day et du polling day (à la limite de ce qui est permis par la loi), c’est révélateur de l’intention du gouvernement. La conclusion ? C’est que les dirigeants du pays sont en train de prendre les gens pour des cons, des ignorants, et qu’ils veulent nous tourner en bourrique, et cela avec une honteuse désinvolture. Le gouvernement perpétue ses habitudes et sa culture de non-transparence. Il va continuer sur sa lancée en gardant secrètes ses intentions. Un gouvernement responsable, soucieux des finances publiques annoncerait de la date des élections générales le plus vite possible afin de ne pas être obligé de tenir une élection partielle pour élire un député pour une quarantaine de jour.»

 

Richard Rault : «Un miroir aux alouettes»

 

«Aucune personne sensée ne peut croire que cette élection partielle aura lieu. C’est une répétition de 2019, avec l’annonce de la partielle après la démission de Vishnu Lutchmeenaraidoo, avant que ne se tienne les élections générales. C’est un gaspillage d’argent et de ressources. Un miroir aux alouettes pour faire diversion face à la question principale. Il est à douter que le gouvernement proroge la période de cette législature au-delà du 6 novembre. La seule fois où ça a été fait, c’était le 11 juin 1982 – le premier 60-0 ! – après des législatives datant du 20 décembre 1976.»

 

Et si jamais ! Si, contrairement aux analyses, elle a bien lieu cette élection, elle sera porteuse de quel message ?

 

Kris Valaydon : «Désinvolture et arrogance»

 

«Si la partielle a bel et bien lieu, c’est également grave, car les dirigeants se foutent éperdument de ce qui adviendrait en termes de dépenses des fonds publics, de l’utilisation de notre argent, de nous en tant que contribuables, car il s’agit d’élire un député pour une quarantaine de jours (et cela relève du non-sens, d’une absurdité) puisque le Parlement sera dissout automatiquement en novembre. Gaspiller des millions et tant d’énergie pour une partielle sans conséquences palpables pour le bien commun relève d’une désinvolture et d’une arrogance que confère le pouvoir politique.»

 

Perdre du temps, gagner du temps. Kris Valaydon évoque une stratégie pour faire perdre du temps aux adversaires. Richard Rault estime que le gouvernement souhaite gagner du temps ; deux réflexions qui se rejoignent.

 

Kris Valaydon : «Gaspillage d’énergie et de salive»

 

«Je suis d’avis que la partielle n’aura pas lieu mais que la spéculation va alimenter le débat, futile à la fin. C’est un exercice de management de l’opinion publique, une stratégie pour créer une guerre des nerfs parmi les opposants, pour provoquer un inutile gaspillage d’énergie, de salive et de réflexion autour d’un événement fictif.»

 

Richard Rault : «Dans l’espoir d’embobiner le maximum de gens»

 

«Pour l’actuel gouvernement, il faut que les scènes se jouent d’abord avant de passer à la prochaine étape. Le gouvernement a besoin de plus de temps dans l’espoir d’embobiner le maximum de gens, surtout les plus indécis. Il est déjà engagé dans les consultations pré-budgétaires, avec une date du discours du Budget qui devrait être annoncé sous peu. Il faudra compter quelques semaines de discours autour du Budget, puis – ou parallèlement –, ce sera la publication du rapport du Pay Research Bureau (PRB), suivie de quelques semaines pour compléter l’arbitrage afin de veiller à faire le minimum de mécontents. Il y aura alors suffisamment d’échauffement électoral, avec l’habituel phénomène labous dou. Je ne suis ni prophète ni devin mais les signes sont suffisamment clairs pour laisser penser aux législatives lors du troisième trimestre.»

 

Questions de fond. Kris Valaydon questionne un pouvoir absolu. Richard Rault s’appesanti sur le rôle du président de la République.

 

Kris Valaydon : «L’expression d’un pouvoir autoritaire»

 

«Cette situation doit nous faire réfléchir sur le pouvoir absolu dont dispose un Premier ministre. Il décide seul s'il faut y avoir une élection partielle ou non, et à quelle date. Plus grave encore ; il décide seul de la date des élections générales. Lorsqu'un événement démocratique dépend du bon vouloir d'une seule personne, c’est l'expression d’un pouvoir autoritaire, d’un pouvoir discrétionnaire abusif. C’est dessus qu’il faudrait porter le débat et non pas sur la possibilité ou non qu’une partielle ait lieu. C'est dommage que dans les médias la discussion tourne autour des spéculations autour de la date de la partielle et que peu d'attention soit donné à ce monopole.»

 

Richard Rault : «Comment le président de la République peut-il justifier cette partielle ?»

 

«On retiendra que la Commission électorale a fait son travail. J’ai moins de choses agréables à dire sur le président de la République qui s’est simplement fendu d’un rôle de porte-plume. Un président de la République, c’est le chef de la nation, de la République. Il est là pour s’assurer que l’unité de la nation soit renforcée. Mais c’est clair qu’il n’a aucune considération pour elle. Comment peut-il justifier l’utilité de cette partielle en pleine année électorale ? Depuis le 1er mai, la campagne est lancée. Et le président ne peut pas ne pas être au courant.»

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