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Eliakim Fanfan, 4 ans, meurt après avoir ingéré de la méthadone : les adieux déchirants à un petit ange

17 octobre 2022

Désiré et Ruth Fanfan sont effondrés après avoir perdu leur petit dernier.

Ses éclats de rire ne résonneront plus dans leur petite maison. Sa voix non plus. Du haut de ses 4 ans, le petit Eliakim Fanfan, décédé de façon tragique le vendredi 14 octobre, illuminait la vie de son entourage. Son sourire enchanteur, sa façon de parler, ses yeux pétillants, sa bonne humeur constante, ses expressions, ses mimiques ou encore ses caprices d’enfant, faisaient de lui une petite lumière, un soleil qui pouvait faire fondre tous les cœurs. Et dans la maison familiale, sa petite bouille, figée sur une photo installée sur la table mortuaire entre deux bougies – le temps des funérailles qui ont eu lieu le samedi 15 octobre –, renvoie à l'image de l’enfant bouillonnant de vie qu’il était : pas timide pour un sou, très éveillé, avec la langue joliment pendue.

 

Hélas, ce n’est qu’à travers les photos et les souvenirs que sa famille se rappellera désormais d'Eliakim. Car le jeudi 13 octobre, un terrible drame leur a enlevé leur petit ange. Selon la police, c’est vers 19 heures ce jour-là que Désiré Fanfan a emmené son fils à l’hôpital Jeetoo où il a été admis après qu’il aurait accidentellement ingurgité le contenu d’une fiole contenant de la méthadone et qui appartiendrait à son grand-père – ce dernier est un bénéficiaire du Programme de réduction des risques. Le lendemain, soit le vendredi 14 octobre, le petit a rendu l’âme vers 4 heures. Selon le rapport de l’autopsie, son décès a été attribué à un «acute pulmonary oedemia».

 

Le grand-père, âgé de 59 ans, a été arrêté au cours de la journée de ce samedi 15 octobre. Il a concédé que le flacon lui appartenait. Il est passé en cour et est détenu en cellule policière.  Selon une source policière,  il comparaîtra à nouveau en cour ce lundi et une accusation provisoire d'«involuntary homicide» sera logée contre lui : «Pour l'heure, il n'a pas encore été interrogé et c'est l'enquête qui déterminera s'il est sous traitement méthadone. De là, la police établira si une accusation provisoire de "possession of dangerous drugs" sera également logée contre lui.» Cette affaire fait aussi grand bruit dans le milieu de ceux qui luttent contre la toxicomanie car un patient n'est pas supposé ramener de la méthadone chez lui.

 

Un cauchemar

 

Depuis la tragédie, c’est toute une famille mais aussi tous ceux qui ont côtoyé le garçonnet qui sont plongés en plein cauchemar. Une tempête semble s’être abattu sur la maisonnette de la rue Blanche, à Roche-Bois. Les gorges sont nouées, les cœurs lourds et difficile de ne pas laisser échapper un sanglot lorsqu’il faut évoquer le terrible drame. C’est l’air complètement perdu, le regard dans le vide, que Désiré Fanfan, meurtri, évoque la disparition de son «bébé», de qui il était très proche. «C’était un bon enfant», lâche-t-il. Complètement dévasté, il lui est impossible d’en dire plus.

 

Pour son épouse Ruth, leur enfant répandait toujours de la joie autour de lui. «C’était un enfant qui était constamment joyeux. Personne ne pouvait le voir sur le chemin sans lui dire bonjour. Il avait beaucoup d’énergie», confie-t-elle. Difficile pour cette mère de revenir sur ce qui s’est passé. «Linn bwar metadonn mo papa apre linn dan levap ziska linn desede», ajoute-t-elle.

 

De tristes images reviennent dans la tête de ceux qui étaient là au moment du drame. Anoushka Henriette, la cousine de Ruth, qui habite dans la même cour, est bouleversée. «C’est un de ses frères qui nous a dit qu’il avait bu de la méthadone et on s’est rués pour voir ce qui s’était passé. On était tous affolés et on a tout essayé pour le faire vomir mais il était déjà très affaibli et n’arrivait même pas à parler. Il avait commencé à changer de couleur», nous confie Anoushka Henriette qui parle d'Eliakim, le benjamin d’une fratrie de deux filles et quatre garçons, comme étant «le chouchou» de la famille et quelqu’un qui avait une belle présence. «On était proches. Comme je ne travaille pas, je passais beaucoup de temps avec les enfants, dont Eliakim. C’est un accident et c’est une grande souffrance pour nous tous», souligne-t-elle, dans un sanglot.

 

Entre incompréhension et interrogations sur les circonstances du décès du petit et comment il a pu avoir accès au produit qui l’a tué, tous ceux qui connaissaient le garçonnet sont sous le choc. Parmi, Danna Dorine, assistante puéricultrice au Centre d’Éveil de Roche-Bois où Eliakim était élève, et Sabrina Utile, coordinatrice dans le même établissement. «Je me souviendrai toujours d’Eliakim comme quelqu’un de jovial. Il était aussi connu pour son franc-parler. Il était comme mon enfant. C’est comme si j’avais perdu une partie de moi-même», confie Danna Dorine, sous le regard triste de sa collègue Sabrina.

 

Même s’il a eu une courte vie, le petit Eliakim laisse une belle trace dans la vie des nombreuses personnes qui ont été touchées par sa personnalité et son côté avenant. Parmi, Sabrina Utile, qui a fait un témoignage à l’église lors des funérailles. «Ce petit garçon me manquera énormément. Il était très intelligent et s’exprimait très bien. Il aidait même les autres enfants autour de lui», conclut Sabrina qui, comme beaucoup de proches touchés par cette perte, est profondément attristée parce qu’elle n’entendra plus jamais résonner les jolis éclats de rire du petit Eliakim...

 

Christophe Karghoo et Stephanie Domingue

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