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23 décembre 2014 05:04
Dans son cœur, un mélange de bonheur et d’inquiétude. Assise sur son lit, chez elle à Boulet-Rouge, Flacq, Corinne Salomon, 35 ans, n’a qu’une chose en tête : la santé de sa petite fille, Winella. Né le 12 décembre au sixième mois de la grossesse, l’enfant demeure placée en couveuse à l’hôpital du Nord : «Je suis heureuse qu’elle soit parmi nous, mais je suis consciente qu’elle est arrivée trop tôt. Cependant, je crois au miracle.»
Pour la maman, qui est sortie de l’hôpital vendredi, son bébé est «une petite battante» qui tient le coup malgré les circonstances difficiles dans lesquelles elle est venue au monde. «Ce jour-là, comme d’habitude, je me suis préparée pour partir au supermarché Winner’s de Boulet-Rouge, où je travaille depuis deux ans, au rayon charcuterie. À ce moment-là, je me sentais bien», explique Corinne, qui est également mère d’un petit garçon de 4 ans prénommé Azari.
C’est une fois sur son lieu de travail qu’elle a commencé, dit-elle, à se sentir mal : «J’avais très mal au dos et je sentais que quelque chose n’était pas normal.» Tout de suite, elle en informe son supérieur hiérarchique qui met un chauffeur à sa disposition. Elle prend alors la direction de l’hôpital de Flacq : «Les douleurs devenaient de plus en plus insistantes. Mais après auscultation, le médecin m’a dit que j’étais apte à partir et à reprendre le boulot puisqu’il n’y avait rien à signaler.»
Sans se poser de questions, Corinne retourne au travail : «Je me sentais extrêmement fatiguée. Je croyais que j’allais avoir quelques jours de congés.» Mais peu de temps après son arrivée au supermarché, les douleurs reprennent, cette fois plus vives : «Je suis partie aux toilettes en compagnie de deux de mes collègues, Rooksana Panchoo et Nitesha Munaff.» Une fois sur place, Corinne a à peine le temps de se rendre compte de ce qui se passe qu’elle perd les eaux. Il est alors 13h03 : «Je ne comprenais pas ce qui se passait et je me suis mise à crier : pa so ler la, pa so ler la ! Je savais qu’il était trop tôt pour que mon bébé naisse.»
D’autres collègues, qui se trouvaient dans le réfectoire à côté, accourent après avoir entendu les cris de détresse. Les premiers arrivés prennent les initiatives. «On avait récupéré un tablier pour y mettre l’enfant et une collègue avait amené du tissu sur lequel Corinne s’est allongée», explique Asha Purrun. Elle est la première à avoir tenu l’enfant dans ses bras : «C’est avec une grande émotion que j’ai annoncé à mon amie qu’elle avait eu une petite fille.»
D’abord transportées à l’hôpital de Flacq après l’arrivée du Samu, Corinne et sa petite fille ont ensuite été transférées à l’hôpital du Nord, où les équipements sont plus appropriés pour accueillir les prématurés.
Tout en sachant que les conditions de la naissance de sa fille ne sont pas favorables, Corinne ne peut pas cacher sa joie : «Je suis très heureuse d’avoir une petite fille. Je me dis qu’elle était impatiente de nous rencontrer, son grand frère et moi.» Ne vivant pas avec le père de ses enfants, ses «amours» sont la raison de vivre de la jeune femme : «Mon fils me comble énormément et l’arrivée de Winella est une bénédiction.»
Elle se souviendra toute sa vie de cet accouchement inhabituel : «Je suis très reconnaissante envers tous mes collègues, la grande famille de Winner’s de Boulet-Rouge. Mon bébé a aujourd’hui plein de mamans et de papas, car ils ont été les témoins de sa venue au monde. Autour d’elle, il y a énormément d’amour. Je sais que ma seconde famille, celle de Winner’s, sera toujours là pour moi.» Vikash Rampersand, le manager du supermarché, a aussi vécu intensément ce moment. «Ce n’est pas tous les jours qu’on vit une telle expérience», dit-il.
Si la maman est inquiète pour la santé de son bébé qui, selon elle, se serait cogné la tête sur le sol en venant au monde, elle garde espoir : «Je sais que c’est une courageuse comme moi. Je me suis toujours donnée pour mon fils, je compte bien le faire aussi pour ma fille.»
Depuis qu’elle est rentrée à la maison pour s’occuper de son fils, Corinne passe son temps à prier : «Les médecins ont été rassurants. Winella réagit très bien, mais elle est toute petite. Elle devrait rester en couveuse pendant un bon bout de temps, mais je suis sûre qu’elle surmontera cette épreuve.» Ce n’est pas pour rien qu’elle a donné le prénom de Winella à sa fille qui, pour elle, est une winner.
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