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Elle accuse un médecin d’avoir transmis la Covid à sa fille qui en est décédée - Dominique Joseph : «Dokter-la pa ti pran oken prekosion»

19 juin 2023

Dominique et sa fille Isabelle comptent réclamer Rs 40 millions comme dommages moraux après le décès de Catherine qui aurait, selon elles, été victime d’une négligence médicale.

Cathérine Moosun, née Joseph, était une battante. Elle avait un moral d’acier malgré les épreuves de la vie. Voilà comment sa mère Dominique Joseph, 63 ans, et sa sœur Isabelle Joseph-Lamarque, 43 ans, la décrivent. Cette femme de 45 ans était souvent sur plusieurs fronts en même temps, menant courageusement toutes les batailles qui se présentaient à elle, même celles qui semblaient perdues d’avance. Pour elle, il n’y avait pas de petits combats ; elle était toujours partante pour relever les défis de la vie. Seul le «oui» comptait pour cette ancienne employée de Mauritius Telecom qui n’hésitait jamais à mettre en oeuvre son charisme et sa combativité pour atteindre son but. Catherine, qui se battait contre un cancer du sein et des os, savait que rien n’était plus important que la santé et elle était déterminée à mettre K.O. cette sale maladie. Sauf qu’une autre maladie est venue mettre un terme à son combat en lui enlevant la vie.

 

Cette ancienne Senior Administrative Assistant aurait été victime d’une grosse négligence, qui se serait avérée fatale, lors d’un séjour dans une clinique privée des hautes Plaines-Wilhems. C’est ce qu’allèguent sa mère et sa sœur dans une mise en demeure qu’elles ont fait servir, le 8 juin dernier, à un médecin et à la direction de la clinique où la quadragénaire est tombée malade de la Covid-19 en 2022. Mère et fille accusent le docteur en question d’avoir transmis ce virus à Catherine, qui était alors en traitement dans cet établissement pour des problèmes respiratoires. Elles comptent ainsi réclamer Rs 40 millions de dommages moraux. Outre Me V. Atmarow, à travers lequel elles ont fait servir la mise en demeure, ces deux habitantes de Curepipe ont également retenu les services de Me Sanjeev Teeluckdharry pour les assister dans leur démarche.

 

Selon son Death Certificate, Catherine Moossun a succombé à une «acute respiratory failure secondary to Covid-19 pneumonia». La jeune femme – qui vivait chez sa mère depuis sa séparation d’avec son époux – avait eu droit à des funérailles en toute simplicité en lien avec le protocole établi pour les personnes décédées de la Covid-19. Le vide laissé par ce départ dans le cœur de Dominique et Isabelle est toujours béant. Au départ, ces dernières n’avaient aucune l’intention de réclamer des dommages au médecin et à la clinique. Tout ce qu’elles voulaient c’était des réponses à leurs questions. «Nou ti al klinik plizier fwa pou rod randevou ek dokter-la me zame nou pann resi zwen li. Se direkter kinn reserwar nou a sak fwa. Nou pann dakor ditou ek fason linn koz ek nou. Li ti arogan. Li ti dimann nou si nou pe vinn la pou rod konpansasyon», lâche Dominique, révoltée.

 

Isabelle n’a pas non plus apprécié l’attitude du directeur à leur égard. «Nou ti anvi explik li problem mo ser me linn koz ek arogans ek nou. Li pann aksepte fot. Eski direkter-la pann rekonet tor dokter-la ek so klinik kan linn rod propoz nou enn konpansasyon ? Mo anvi ousi kone kifer enn dimounn depi sa klinik-la ti telefonn nou pou dir nou ki se zis dokter-la ki antor ek ki bizin pourswiv zis li tousel», se demande Isabelle. Sa mère et elle précisent que c’est le médecin traitant de Catherine lui-même qui avait appelé la clinique pour dire qu’il avait été testé positif à la Covid-19 à l’époque et qu’il serait indisponible pendant sept jours. Une infirmière a ensuite partagé la nouvelle avec la patiente.

 

«C’était un mercredi. Ma sœur était admise à la clinique depuis une semaine. Elle y faisait le va-et-vient pour soigner un problème respiratoire. Je tiens à préciser qu’elle n’était pas positive lors de son admission. On lui avait fait un test PCR. Les résultats étaient négatifs. C’est son médecin traitant qui l’a contaminée. Elle a été admise aux soins intensifs d’une autre clinique peu après. Et elle est décédée quelques jours plus tard, soit le 5 avril 2022», regrette Isabelle. La voix cassée par l’émotion, Dominique, elle, est partagée entre gratitude et colère : «So dokter avan ti les li tonbe kan lasirans ti aret kouver bann fre medikal. So nouvo dokter-la mem ki ti fer demars pou li al fer loperasion an Inde. Li ti okip li bien. Me li pa ti pe pran oken prekosion par rapor a Covid. Li pa ti met mask ek legan kan li ti pe rann vizit mo tifi. Se koumsa ki mo tifi inn al gagn sa maladi-la.»

 

Catherine Moossun avait été diagnostiquée d’un cancer du sein cinq ans plus tôt. À l’époque, elle suivait un traitement dans une autre clinique privée. Elle avait aussi demandé à son employeur de lui permettre de travailler de la maison avant de finalement prendre sa retraite quelques mois plus tard. «Si li pa ti dir ou, zame ou pa ti pou kone ki li ti malad. Mo tifi so moral ti extra for. Ziska dernie ler linn kontign res for», raconte Dominique. Malgré la maladie, la quadragénaire ne se laissait pas abattre. Elle a même pu terminer ses études et décrocher un Postgraduate Diploma in Business Management du Management College of Southern Africa, il y a trois ans. «Ma sœur a toujours été une battante. Elle s’est fait opérer en Inde, puis a fait sa chimiothérapie dans une clinique», explique Isabelle.

 

L’état de santé de Catherine a commencé à se détériorer début 2022. En sus de son lourd traitement contre son cancer du sein et des os, elle avait commencé à avoir de graves problèmes respiratoires. «Mo tifi inn touzour per lopital akoz Covid. Ek sak fwa li ti admet dan klinik so bann test PCR ti negatif», précise Dominique. Tout comme lors de sa dernière admission. Quelques jours plus tard, sa fille a d’abord commencé à avoir de fortes poussées de fièvre. Elle a, par la suite, été testée positive à la Covid-19. La direction de leur clinique aurait alors fait comprendre à la famille qu’il fallait la faire transférer dans un autre établissement hospitalier. «Zot ti dir nou ki zot pou nepli kapav okip li. Lasante mo ser inn gat net apre sa. Bann-la inn aret get li. Zot ti repli donn li so manze ni so bann medikaman, nou mem ki ti pe okip sa», allègue Isabelle.

 

Catherine Moossun a été admise aux soins intensifs d’une autre clinique peu après avant de décéder quelques jours plus tard. «Li difisil pou nou aksepte so lamor ziska ler. Ki sanla ti pou panse ki mo tifi ti pou mor akoz enn dokter kinn ed li boukou ek donn li bon swin kan li ti malad ? Seki pli agas nou dan sa zafer-la se rol klinik-la. Se kan lambilans inn vini pou amenn li ICU ki zot inn fer enn inzeksion kont douler ek li», s’insurge Dominique qui n’arrête pas de pleurer sa fille décédée d’une maladie qu’elle aurait contractée à l’endroit même où elle était venue se faire soigner pour une autre.

 


 

Le directeur de la clinique : «Nous avions respecté tous les protocoles»

 

Interrogé sur cette affaire, le directeur de la clinique concernée nous a fait comprendre la déclaration suivante : «Nous avions respecté tous les protocoles.» Il ne souhaite cependant pas faire davantage de commentaires là-dessus, dit-il, car il y a une action légale en cours.
 

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