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Elle décède après avoir livré une bataille contre deux cancers : vibrant hommage à Diane, la guerrière

21 octobre 2021

«Elle disait toujours qu'il fallait se battre avec le sourire et en silence», dit son époux. Ils sont ici avec leurs trois enfants : Azaya, Laëlia et Keith.

Elle était solaire. En toutes occasions. Dans les bons moments comme dans les moins bons. Face aux épreuves, face à la maladie, elle gardait son sourire. Elle se montrait forte... Quoi qu'il arrive ! Elle était comme ça, Diane Colimalay, 33 ans, visage connu dans le milieu du social, qui a perdu, le dimanche 10 octobre, la bataille qu'elle livrait ces derniers mois contre un deuxième cancer – après avoir combattu un premier l'année dernière – qui la rongeait. Pour son courage, pour sa détermination, pour sa rage de vivre, cette mère de famille forçait l'admiration.

 

Car elle avait, disent ceux qui l'ont connue, ce petit truc que très peu de personnes ont. Un charme indéfinissable, un supplément d’âme, qui la rendait unique, spéciale, attachante. Elle avait un optimisme, une positivité à toutes épreuves, un don du ciel, celui de toujours se mettre au service des autres, qui la rendaient plus belle qu'elle ne l'était. C'est la voix cassée par le chagrin, ponctuée de moments de silence, parfois fondant en larmes avec de l'émotion à fleur de peau, que Jason Colimalay, 32 ans, l'époux de Diane, son «meilleur ami», l'épaule sur laquelle elle se reposait, son fidèle compagnon dans toutes ses entreprises ces dernières années, revient sur son cheminement aux côtés de celle qu'il aimait tant. «Diane ne voulait jamais qu'on soit tristes», lâche Jason dans un sanglot, quelques jours après avoir enterré la mère de leurs trois enfants : Azaya, 9 ans, Laëlia, 7 ans, et Keith, 3 ans. «Elle était tellement spéciale qu'elle a eu un cancer pour lequel il n'y avait pas de protocole. Mais malgré les circonstances, malgré sa souffrance, malgré la lourdeur de ses traitements, sa douleur et la chimiothérapie, elle gardait le sourire. Elle ne se plaignait jamais de son sort.»

 

Jason gardera à jamais de Diane l'image d'une femme forte : «Elle disait toujours que rien n'est impossible. Quand je voulais baisser les bras face à des difficultés, Diane me reprenait toujours en me disant qu'on devait se battre. Elle disait toujours qu'il fallait se battre avec le sourire et en silence.» Pour lui, perdre Diane – femme active qui était à la tête de la Young Spirit Association qui a pour mission d’encadrer les jeunes en situation difficile –, c'est perdre sa boussole : «Elle était non seulement mon épouse mais elle était aussi ma confidente, mo palto, mo lonbraz...»

 

Marquant des moments de pause et avec parfois un sourire dans la voix, c'est en pesant chacun de ses mots que Jason raconte la mère de ses enfants. Il lui est difficile de revenir sur ce «moment béni» qu'il a vécu ce samedi 9 octobre, avec sa famille : «On préparait notre mariage religieux quand le confinement est venu tout chambouler. Puis, la maladie s'est pointée. Tou inn cancel an plas. Mais on a pu se marier religieusement avec l'aide de la direction de la clinique Darné et devant le père Laurent Rivet. Malgré le fait qu'elle était branchée avec toutes sortes d'appareils, Diane a eu la force et le courage de dire quelques mots. Le père Rivet lui avait au préalable demandé si elle était consentante pour ce mariage et elle a dit oui. Il y avait même un gâteau. Diane a crié "baby" en voyant notre petit dernier Keith dans mes bras. Ensuite, c'est devant nos enfants et devant le staff et le management de la clinique, dont le personnel qui l'a suivie, que Diane a dit "oui" pour devenir mon épouse. Elle a dit oui et après cela, elle n'a plus parlé. Comme elle était très croyante, elle voulait vraiment avoir ce mariage. Et on a pu le faire. Elle est décédée le lendemain, soit dimanche, à 7h15. Ses funérailles ont eu lieu le lundi suivant. Elle portait une robe jaune, sa couleur préférée...»

 

 

Leur histoire, raconte Jason, a été tout de suite une évidence. Un coup de foudre, un coup de folie, un coup d'amour : «Monn zwenn li le 10 juillet 2011 dan la kour St Vincent de Paul, dan Pailles, dan enn program apel Marche des Vocations. Le 17 août mem lane, mo ti pe asiz lor enn peron dan la kwizinn so papa ek li, li ti lor enn ti sez. Mo dir li, ey to pou marye ar mwa ? De mwa apre nou rankont, le 14 septam 2011, nou finn marye sivilman.»

 

«Son héritage»

 

C'est avec beaucoup de dignité, raconte Jason, que Diane a fait face à la maladie, même si cela avait été pénible pour ses enfants : «Notre aînée vivait mal le fait de voir sa mère sans cheveux. C'était pénible pour elle à tel point qu'elle a dû être suivie par un psychologue. Elle me disait : "Papa, va acheter une perruque pour maman, je ne veux pas la voir comme ça..."»

 

Son épouse – issue d'une famille de deux enfants – pensait très souvent d'abord aux autres avant de penser à elle-même : «Il m'est arrivé de lui dire qu'elle ne touchait aucune paye avec les activités dans lesquelles elle œuvrait. Elle prenait ce qu'elle avait et elle donnait aux autres mais elle ne lâchait pas prise. Beaucoup de gens vont la pleurer, notamment des garçons du scoutisme avec qui Diane a beaucoup cheminé.»

 

 

Le grand cœur de son épouse, poursuit Jason, l'a toujours inspiré : «Elle ne reculait devant rien. Qu'il s'agisse d'une prostituée ou d'une autre personne brisée, Diane considérait tout le monde comme son ami. Elle était aussi très franche et ne mâchait jamais ses mots.» Jason se souvient particulièrement d'une des plus grandes batailles de son épouse : pourvoir la cité Jonction, à Pailles, d'un amphithéâtre pour les enfants de la région : «Elle était enceinte et elle s'était battue de toutes ses forces pour ce projet. Li ti zet so lekor lor sime ek lapolis ti vinn pran li. À la place d'un parking, il y a aujourd'hui un amphithéâtre dont tous les enfants peuvent profiter. Linn fer la tet li pie pou resi fer aste enn batiman pou ki bann zanfan ki li ti pe ankadre avek bann leson ek lezot aktivite kapav servi.»

 

 

Diane, ajoute Jason, n'avait peur de rien et ne reculait devant rien : «Quand les portes étaient fermées pendant le confinement à cause du coronavirus, Diane répondait présente. Elle a commencé à être paralysée en février et à la mi-février, elle ne pouvait plus bouger. Lorsqu'il y a eu le lockdown, malgré sa douleur et sa souffrance palpables, Diane a quand même marché pour aller faire la distribution de dons.» Jason n'a qu'à fermer les yeux pour se mettre à entendre la voix de Diane : «Elle n'avait rien mais elle a pu monter tout un spectacle : Le roi lion... Elle était engagée dans l'église, dans le social mais aussi dans son travail car, en sus de ses activités dans le social, Diane avait un métier : elle était enseignante au sein de l'APEIM, auprès des enfants autistes et trisomiques...»

 

 

Même si Diane n'est plus là, son entourage et ses proches vont, confie Jason, honorer ses engagements : «C'est son héritage. On ne va pas laisser tomber. Je suis en train de trier des photos car je vais préparer un album pour que notre petit dernier sache quelle belle personne était sa maman... On va constamment lui rappeler à quel point sa mère était exceptionnelle...» Elle, une force de la nature qui s'est beaucoup donnée pour les autres...

 


 

Pluie de témoignages pour «une femme exceptionnelle»

 

Des mots d'amour pour une personne qui avait un grand cœur. Les témoignages pleuvent sur les réseaux sociaux depuis que la triste nouvelle du décès de Diane Colimalay est tombée. Jean-Paul Hennequin garde les souvenirs d'une bonne amie : «J'ai rencontré Diane la deuxième semaine où je suis arrivé à ENL Foundation comme Social Worker. Elle avait une aura qui m’a tout de suite rassuré. Elle avait ce don que tout le monde aimait chez elle. Pendant sept ans, j’ai cheminé avec Diane et je l’ai vu s’épanouir et continuer à se battre pour ses idées et ses projets. Elle voulait faire un changement pour son quartier mais aussi dans les autres régions comme Cité Vuillemin, Alma et Telfair, et donner accès à l'éducation aux enfants qui avaient le plus besoin avec le projet Accompagnement scolaire. Elle a créeé, en 2018, son association, Young Spirit Association, qui a pour objectif de continuer à soutenir le projet Accompagnement scolaire dans la région de Pailles et de promouvoir des ateliers artistiques pour les enfants.»

 

 

 

Dean Rungen se dit aussi honoré d'avoir pu côtoyer Diane : «Diane ti enn vre misioner dan so fason, bien diskret, humble, enn batant, enn role model, enn fam exempler ek enn soley ki briye pou bann zanfan ghetto ki pa ti konn lir ek ekrir. Lapli, soley, siklonn, konfinnman, li pann per pou res lor koltar ek al ed seki pli feb, seki pena manze, malgre li ti malad, li ti pe gagn touzour sousi lezot ! »

 


 

Elle a dit...

 

 

Lors d'une de ses dernières interviews, en juin, elle avait partagé avec nous sa rage de vivre. «Quand le cancer se pointe dans notre vie, on a mal, on a peur mais on a aussi une force qui nous habite. C’est cette force qui me porte», nous avait-elle déclaré.

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