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15 mars 2020 19:40
Avec sa minerve au cou, son horni noir couvrant ses cheveux et son tasbi (NdlR : chapelet) en main, cette dame de 68 ans ressemble à madame Tout-le-monde. Pourtant, elle fait beaucoup parler d’elle depuis quelques jours pour son acte héroïque. Le dimanche 8 mars, elle a fait fuir deux personnes qui l’agressaient, dont un armé d’un sabre, en les aspergeant avec une bombe aérosol contenant de l’insecticide. «Allah kinn donn mwa kouraz pou pez sa spre-la dan zot lizie», confie Bibi Sahida Seesaha, une habitante de Pailles.
Dans sa déposition à la police, Sahida explique qu’elle était chez elle, à l’avenue Perruche, lorsqu’une femme qu’elle connaît bien, prénommée Zabeen, et un inconnu, armé d’un sabre, se sont introduits chez elle. Ces derniers, dit-elle, lui ont infligé plusieurs coups de poing à la tête, puis la femme lui a tiré violemment les cheveux en arrière alors que l’inconnu pointait le sabre sur son cou. Puis, il lui a coupé quelques mèches de cheveux. Sans perdre son sang-froid, Sahida s’est saisie d’une bombe-insecticide qui se trouvait à portée de main et l’a actionnée dans leur direction. «Sa mem kinn fer zot sove ale kan monn fini», souligne la sexagénaire.
Blessée, elle s’est d’abord rendue au poste de police de sa localité pour porter plainte, avant de se rendre à l’hôpital Jeetoo, munie d’un Form 58. Elle est rentréé chez elle après avoir reçu des soins. Les deux individus sont toujours recherchés dans cette affaire d’agression avec préméditation, selon une source policière. Sahida, elle, craint cependant pour sa sécurité : «J’ai peur car ce n’est pas la première fois que cette dame m’agresse. La police aurait dû procéder à son arrestation une semaine plus tôt. J’ai failli mourir. Je dois ma vie à ma foi en Allah.»
Sahida est veuve et vit seule chez elle avec son fils Shameen, âgé de 44 ans. Le jour de son agression, elle s’est réveillée très tôt comme chaque dimanche pour «vann gato ek roti» à la foire de sa localité avant de se rendre au Centre Swami Vivekananda où le gouvernement avait organisé un rassemblement à l’occasion de la Journée internationale de la femme. En rentrant chez elle, Sahida a déjeuné et a fait une sieste après une séance de prière. «Mo fer namaz (NdlR : prière) sink fwa par zour. Ena zour mo fer an plis tou», affirme-t-elle.
Vers 15h40, elle s’est réveillée en sursaut en entendant du bruit et une voix de femme qui lançait des injures. «Mo pann kas latet parski mo ti fini rekonet lavwa madam-la. Li ti deza vinn kot nou enn dimans avan. Sa zour-la osi, li ti pe zoure for for me mo pa ti pe pran li kont. Zot ti vinn lor motosiklet. Lerla madam-la ti desann ek ti vinn donn mwa de klak. Mo ti al lapolis. Bann polisie-la ti dir mwa zot pou al warning li. Me sa fwa-la li ek sa lot dimounn-la inn agres mwa», explique Sahida. Elle connaît Zabeen car son fils Shameen travaillait pour elle mais il a arrêté il y a deux mois suite à l’amputation d’une jambe à cause du diabète.
«Pandan 20 an mo garson inn travay ek sa madam-la dan so lizinn frwi kristalize. Linn bizin aret travay apre anpitasion so lazam gos. Mo pe sipoze akoz kas ki sa madam-la inn koumans atak nou», explique Sahida. Son fils Shameen souligne, pour sa part, qu’il avait l’habitude d’aider Zabeen financièrement. Il a aussi, dit-il, vécu pendant quelque temps chez cette femme avec son épouse, dont il est maintenant séparé, et ses trois enfants, avant de rentrer définitivement chez sa mère après son amputation. Toutefois, tient-il à préciser, il n’a jamais eu de liaison avec Zabeen. «Mwa osi mo anvi kone kifer zot inn rod koup likou mo mama», s’insurge-t-il.
Sa mère martèle, quant à elle, qu’elle n’a jamais eu de «problem ek personn avan tousala». «Monn touzour vann gato ek roti trankil kot mwa», argue-t-elle. Tout ce qu’elle veut maintenant, c’est de vivre tranquillement sans que la dénommée Zabeen ou une autre personne vienne l’embêter. Une enquête est en cours pour tirer cette affaire au clair. L’arrestation des suspects reste la priorité de la police et le plus grand souhait de Sahida actuellement, est de pouvoir dormir tranquillement sur ses deux oreilles, après avoir échappé au pire.
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