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15 juin 2015 13:43
Elle a vécu, affirme-t-elle, un véritable cauchemar dont l’issue a été pour elle totalement tragique. Quand Sweety, 22 ans, et sa belle-mère Anuradha Santokheea voient débarquer, lundi dernier, des policiers à leur domicile de Stanley, leur expliquant qu’elles doivent immédiatement les accompagner à la morgue de Candos pour identifier deux corps, elles sont sous le choc. Ces derniers mois, la famille Santokheea a vécu dans l’angoisse. Le fils d’Anuradha, Kenny, a disparu il y a plusieurs mois. Il aurait pris la fuite avec la sœur de sa femme, Barishma Monohar, âgée de 16 ans, en octobre dernier.
Face à l’annonce de la police, les deux femmes, gagnées par la peur, acceptent sous la contrainte de se rendre à la morgue. Cependant, rien ne se passe comme cela leur avait été annoncé. «Ils nous ont brutalement poussées dans le van et nous ne nous sommes pas arrêtés à la morgue. Le van a continué sa route et nous avons atterri au poste de police de Vacoas», raconte Anuradha.
Une fois sur place, les deux femmes demandent des explications mais leurs questions restent sans réponses. Selon Sweety, qui est alors enceinte d’un peu plus de deux mois, sa belle-mère et elle sont séparées et interrogées sur la disparition de Barishma et de Kenny. Face aux questions insistantes des policiers, elles ne cessent de répéter qu’elles ne sont au courant de rien. C’est justement à ce moment-là, raconte Sweety, que tout aurait dégénéré. «Ils ont commencé à nous insulter et à nous menacer en disant qu’ils allaient utiliser la force pour nous faire parler. Ils nous ont dit que si nous ne leur donnions pas d’informations, ils allaient nous martyriser et utiliser la torture par l’eau», allègue la jeune femme, visiblement traumatisée par ce qui lui est arrivé.
Cette dernière va même plus loin en affirmant que les policiers qu’elle avait en face d’elle ce jour-là auraient menacé de l’envoyer en prison et de lui prendre son enfant. Sonnée par de telles menaces, c’est à cet instant-là, dit Sweety, qu’elle s’est sentie mal : «J’ai ressenti une douleur insoutenable au ventre. J’ai demandé à aller aux toilettes, mais ils ont refusé. Ce n’est qu’après avoir insisté qu’un policier m’y a accompagnée.» Une fois aux toilettes, la jeune femme se rend compte qu’elle saigne. Affolée, elle informe les policiers de sa situation et demande à être conduite à l’hôpital. Mais ces derniers, dit-elle, n’acceptent pas de l’y emmener : «Ils m’ont dit que je mentais et que je voulais les manipuler alors que j’étais en train de perdre mon bébé.»
Au lieu d’être transportée à l’hôpital, Sweety dit avoir reçu une simple serviette hygiénique et avoir fait face à l’entêtement et à l’agressivité des policiers. Se sentant de plus en plus mal, elle se rend une deuxième fois aux toilettes et constate que les saignements sont abondants : «J’avais l’impression qu’on tirait quelque chose de mon ventre. C’était extrêmement douloureux.» Lorsque Sweety est finalement emmenée à l’hôpital, il est trop tard pour sauver le bébé. Elle est admise en urgence et doit se faire injecter du sang tant le saignement est abondant.
La jeune femme, déjà maman d’un garçon de 4 ans et qui attendait ce deuxième enfant de tout son cœur, est désemparée. Pour elle et sa famille, il n’y a aucun doute sur les raisons qui l’ont amenée à perdre son bébé. «Tout allait bien avant ce jour-là. J’étais en bonne santé. C’est parce qu’ils m’ont malmenée que j’ai perdu mon bébé», déclare-t-elle, pleine d’amertume.
Avec son époux Avinash, qui dit lui aussi avoir été malmené par la police lors de son interrogatoire, Sweety a porté plainte à la Human Rights Commission et a requis les services de l’avocate Jenny Motealoo. Pour le jeune couple, les policiers qui ont débarqué chez eux sont définitivement responsables de la perte de leur bébé dont ils avaient déjà commencé à préparer l’arrivée. Animée par un sentiment d’injustice et de colère, Sweety est déterminée à aller jusqu’au bout de cette affaire.
Selon nos informations, la police a ouvert une enquête sur ces accusations de brutalités policières.
Laura Samoisy et Amy Kamanah
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