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9 mars 2015 04:43
Rien ne les arrête. Déterminées, elles font leurs preuves dans des domaines qui étaient, jusque-là, réservés aux hommes. Dans le cadre de la Journée internationale de la femme, observée ce dimanche 8 mars, nous avons donné la parole à une factrice, trois femmes pompiers et une conductrice d’autobus.
Les lunettes posées sur le nez, du rouge à lèvres pour marquer sa féminité, Veema Rampall, factrice de profession, a fière allure dans son uniforme. Cela fait six ans qu’elle le porte au quotidien. Ce métier, conjugué cette fois au féminin, suscite parfois des commentaires sexistes. «Au départ, mes collègues, les hommes, avaient du mal à accepter les femmes dans leur entourage. Mais au fil du temps, ils se sont adaptés au changement», explique-t-elle.
«Je réplique, mais pas toujours»
Là où les commentaires de ce genre perdurent, c’est dans la rue. Comment y faire face ? Faut-il répliquer ou jouer les indifférentes ? «Parfois, je subis des moqueries. Certains m’arrêtent, me demandent s’il faut me qualifier de facteur ou de factrice avant d’esclaffer de rire. Par moments, je réplique, mais pas toujours», concède-t-elle. Cela, afin d’assurer sa sécurité, car des voyous, il y en a pas mal.
Il n’y a pas que les adultes qui s’y mettent. Mais aussi des collégiens, voire des écoliers : «On me demande où se trouve ma bicyclette, car les facteurs sont toujours à bicyclette. Ils trouvent bizarre que je ne sois pas à vélo. Alors, ils remettent en question mon statut parce que je suis une femme. Il faut les éduquer à l’école pour qu’ils évoluent avec la société.»
Jaya Sooba, 25 ans, Pretima Bundhoo, 32 ans, et Premika Teeluckdharry, 27 ans, ont, elles, choisi de devenir femmes pompiers. Cela fait presque trois ans qu’elles se sont lancées dans cette aventure. Mais pour l’heure, c’est au Head Office qu’elles sont postées, en attendant que des dortoirs destinés aux femmes soient aménagés dans les différentes casernes de pompiers à travers l’île. «Nous faisons des travaux administratifs à la Management Support Unit. Mais nous maintenons notre forme physique. Dès qu’il y a de nouveaux équipements qui sont introduits dans le service, on nous apprend à les manier», explique Jaya.
Être femme pompier, c’est aussi beaucoup de défis à relever. «Des fois, il nous arrive de rencontrer des difficultés. Alors, on nous lance des phrases du genre ‘‘tu as voulu faire un métier d’homme, alors sois un homme !’’» souligne Premika. Jaya, elle, se tait lorsqu’elle doit faire face à ce genre de commentaires : « Mo pa reponn.» Reste qu’elle est déterminée à se faire respecter. «Il faut savoir tenir tête aussi. Je sais ce que je vaux», lâche Pretima.
En arriver aux mains
Mila Reekoye, conductrice d’autobus depuis 2009, a embrassé cette profession grâce à son père qui la pratique également. Et la jeune femme a plus d’une corde à son arc ; elle détient aussi une licence de poids lourd. Mais être une femme au volant, surtout dans un autobus, n’est pas un long fleuve tranquille. «Parfois, des passagers ne respectent pas les consignes. Lorsque je les ramène à l’ordre, ils me répondent que je suis une femme», fait-elle ressortir.
Il y a pire. Pour se faire respecter, elle avoue être déjà arrivée aux mains à la garde du Nord : «Je déteste la vulgarité, encore moins qu’on me manque de respect. Mais il y a des cas où il est difficile de ne pas perdre ses moyens.» Le harcèlement dans la rue, elle le subit aussi. «Une femme au volant d’un autobus, cela amuse les hommes. Ils me sifflent, font des commentaires. Ils sont peu nombreux. Mais il faut que cette partie de la population change de mentalité», soutient-elle.
Mila déplore toutefois le fait que peu de femmes s’intéressent à ce métier. La raison ? «Le manque de respect envers ces femmes. J’en connais deux qui faisaient ce métier. Mais elles ont arrêté. Idem pour une conductrice de camion. Je ne la vois plus. C’est dommage.»
Factrice, femme pompier, conductrice d’autobus : elles révolutionnent chaque jour le monde du travail.
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