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Escalade des prix : la détresse des Mauriciens

3 juillet 2022

Certains prix affichés sur des produits de consommation de base dans les supermarchés font tiquer et donnent des sueurs froides à de nombreux Mauriciens.

Devant les rayons des supermarchés, les mines sont déconfites. Les regards sont pensifs. Les expressions sont figées. La vue de certains prix affichés sur des produits de consommation de base fait tiquer. Car, depuis le vendredi 1er juillet, avec la fin des subsides sur plusieurs commodités de base – le jeudi 30 juin – comme les boîtes de conserve, le lait en poudre et l’huile alimentaire, entre autres, leurs prix, qui étaient jusqu'alors fixés, ont été revu à la hausse. Et ces nouveaux tarifs donnent des sueurs froides aux consommateurs dont le pouvoir d'achat n'arrête pas de descendre depuis quelque temps déjà, la pandémie et la guerre en Ukraine étant passés par là.  Une fois à la caisse, c'est à nouveau un électrochoc pour les Mauriciens dont le porte-monnaie en ce moment est dans le rouge.

 

Pour protéger les consommateurs contre les prix excessifs, le ministère du Commerce a décidé d’imposer un «maximum mark-up» – c'est à dire une marge de profit maximale autorisée qui varie entre 20 et 25 % et qui inclut tous les frais encourus par les importateurs, distributeurs et détaillants, de la douane au rayon du supermarché – sur les sept catégories de produits qui étaient jusque-là subventionnées. Cinq catégories supplémentaires sont concernées. Ainsi, comme souligné dans le budget, d'autres prix de produits comme les couches pour bébés et pour adultes, les céréales et les pâtes seront aussi contrôlés.

 

Ainsi, selon les nouveaux prix en vigueur, le lait  Everyday, par exemple, passe de Rs 224 à Rs 328, soit une augmentation de Rs 104. Concernant l'huile alimentaire, le sachet Rani d’un litre passe de Rs 53 à Rs 108, entre autres réajustements. Cette escalade des prix des produits de consommation affecte de nombreux foyers. Mary-Jane, mère active qui a deux enfants âgés de 10 et 14 ans en sait quelque chose. «C'est frustrant, décourageant, stressant... J'ai parfois l'impression de travailler dur pour rien. À présent, le salaire ne sert plus qu'à payer les factures et à acheter les produits en promo uniquement, quitte à se tourner vers des aliments de moindre qualité et à manger plusieurs fois la même chose pendant le mois. À côté, nous faisons beaucoup de sacrifices en n'allant plus au cinéma ou manger dans un fast-food. Une situation difficile à vivre pour les enfants aussi qui ont du mal à comprendre qu’ils n'ont plus droit à leurs loisirs parce qu'on n'a pas suffisamment d'argent», nous confie cette maman qui a dû revoir son train de vie avec cette situation économique difficile, comme beaucoup d'autres.

 

Tania, également mère de deux enfants, doit aussi trouver des subterfuges pour pouvoir faire tourner sa cuisine. «Je suis déçue et découragée. Aller au supermarché est une angoisse. C’était déjà dur pendant et après le confinement mais là, c’est juste invivable. Ma marque préférée c’est "PROMO". Je réfléchis à 10 fois avant d’acheter ou de cuire. Une famille moyenne à Maurice se compose de quatre personnes. C’est minimum deux bouteilles d’huile et quatre boîtes de fromage par mois, par exemple, mais là, il faudra encore plus rationner. Le burger dans le pain des enfants ? Une fois par mois ! Alors qu’avant, c’était une fois par semaine. J’avais commencé un petit business de plats cuisinés mais j’ai dû stopper. Je sers à manger aux enfants d’abord et s’il en reste, je mange la même chose», nous explique-t-elle en parlant de la baisse de son pouvoir d’achat.

 

Anita, une jeune femme indépendante, a dû aussi revoir ses priorités suite à la hausse des prix de plusieurs produits de consommation courante, bien qu'elle n'ait pas une famille à sa charge. «Ça fait quelques mois que mon salaire est dépensé complètement chaque mois. Je crains d'avoir bientôt à puiser dans mes économies. Consciente de la cherté de la vie, je me suis résolue à ne plus partir en voyage. Les sorties et repas au restaurant sont considérablement réduits. J'espère qu'un jour les prix redeviendront à la normale comme  l'enlèvement des restrictions cette semaine», nous déclare cette habitante de Moka.

 

Il semble que les expressions «se serrer la ceinture» ou encore dans un contexte plus local «pez nene bwar deluil» sera d'actualité pour les Mauriciens pendant un bon moment encore. Pour  Suttyhudeo Tengur, président de l’Association pour la Protection de l’Environnement et des Consommateurs (APEC), les consommateurs ne connaîtront pas de répit de sitôt. «L'augmentation des prix des commodités alimentaires, dans les semaines et les mois à venir se poursuivra, notamment à cause du fret. Il y a aura aussi des pénuries de beaucoup de produits destinés à l'exportation dans plusieurs pays. La production ne sera pas suffisante. Il faut aussi compter sur la valeur de la roupie qui est très faible, ce qui ne va pas arranger les choses. Cela occasionnera encore des augmentations dans les rayons. Je pense que ça va durer pour encore 12 mois. Les consommateurs vont continuer à souffrir, tout comme le pouvoir d'achat qui va encore baisser», nous confie-t-il en parlant de la situation des consommateurs mauriciens.

 


 

Du côté des autorités...

 

Le Premier ministre, qui était à Bois Marchand dans le cadre de la célébration de la Journée internationale des coopératives ce samedi 2 juillet, a parlé de la situation affectant le secteur de l'alimentation. «Nounn pass par pandemi, aster-la nou gagn enn lager kinn deklare. Bann pei ki ti pe prodir an gran kantite nepli pe prodir. Nepli ena exportasion. Resaman, nou ti pe inport delwil depi Lezip. San okenn avertisman, Lezip dir li aret exporte. Deza li enn problem kan ou pey bann prodwi pli ser, me pou kapav gagn li disponib dan sipermarse azordi sa pe poz enn problem o nivo internasional. Ou realiz demars ki gouverman avek sekter prive pe fer pou nou kapav o mwin gagn sa bann prodwi-la disponib ?» a déclaré Pravind Jugnauth.

 

Le sujet a aussi été évoqué par Maneesh Gobin, le ministre de l'Agro-industrie, lors de la conférence de presse hebdomadaire du MSM ce samedi 2 juillet : «La stratezi ki pe adopte se ki li pa susbtainable kontinie donn sibsid lor tou prodwi. La stratezi ki nou pe adopte, seki gouvernman intervene on the market diferaman kot nou sey fer STC inport direkteman bann prodwi ek la nou intervenir lor supply/demand. Avek lintervansion STC lor sertin prodwi ek Marketing Board lor lezot prodwi nou esay ekilibre supply sa bann prodwi la lor marse.»

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