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Féminicides : ces dix dernières victimes inoubliables

8 mars 2020

«Mo ti dir mo tifi ki so lavi an danze, kit li»

 

Soujeet Boobhun, le père de Madhuri Seetul, tuée le 26 novembre 2018

 

 

«À chaque fois qu’elle se faisait tabasser, elle quittait le toit conjugal pour se réfugier chez nous. Mais à chaque fois, son mari la suppliait de revenir et elle finissait par céder à son insistance», confient les proches de Madhuri Seetul. Durant ses 11 années de vie commune avec Vedanand Seetul, les coups étaient devenus son quotidien. Elle tenait bon par amour pour ses enfants et aussi parce que le père de ces derniers était sa seule source de revenue financière. Mais le lundi 26 novembre, Madhuri a succombé à une énième agression de la part de son époux. «Il la battait régulièrement. Mo ti dir mo tifi ki so lavi an danze, kit li», regrette son père Soujeet Boobhun. Elle n’a hélas pu le faire.

 


 

«Si on savait que cette relation allait se terminer de cette façon…»

 

Shanti Gungadoss, la mère d’Anita Gungadoss, agressée le 29 mai 2019, décédée le 4 juin 2019

 

 

«Il ne méritait pas une épouse comme ma fille. Si on savait que cette relation allait se terminer de cette façon, j’aurais conseillé à ma fille de le quitter depuis longtemps», regrette Shanti Gungadoss, la mère d’Anita Gungadoss. Un mois avant le drame, Anita avait déserté le toit conjugal après une énième agression et était retournée vivre chez sa mère à Grand-Baie, rejoignant ainsi ses fils âgés de 21 et 16 ans qui s’y trouvaient déjà depuis quelque temps. Mais dans la nuit du samedi 25 au dimanche 26 mai 2019, Sunil était venu implorer son pardon. Le mardi 28 mai, le couple est rentré chez lui à Batterie-Cassée. Et le lendemain, c’était le drame. Sunil a poignardé Anita à l’abdomen et celle-ci a rendu l’âme cinq jours plus tard.

 


 

«Kikenn inn pey kosion sa zom-la... Akoz sa mo tifi inn mor !»

 

Marie Louise, maman de Tiannesela Perrine, tuée le 20 août 2019

 

 

«Tiannesela ti enn bon zanfan. Li ti pe okip so bann zanfan bien. Mari-la pa ti okip mo tifi ek so trwa zanfan kouma enn mari ek enn papa bizin fer», raconte Jean Claude Perrine, le père de Tiannesela Perrine. Cette dernière, lasse des accès de violence du père de ses enfants et de ses tentatives de suicide, s’était séparée de lui après qu’il avait été arrêté et mis en prison pour une énième tentative de suicide. Mais quelques mois plus tard, Jean Maurice Collet a retrouvé la liberté. Une semaine après, le 20 août 2019, il a attendu la jeune femme à proximité de la maison familiale et lui a assené deux coups de couteau à l’abdomen. Surprise, elle n’a pu se défendre, d’autant qu’elle tenait son bébé d’un an dans ses bras. Pour Marie Louise Perrine, ce drame ne serait pas arrivé si l’ex-compagnon de sa fille était resté en prison : «Nou inn aprann ki kikenn inn pey so kosion... A koz sa mo tifi inn mor !»

 


 

«Elle nous faisait croire qu’elle était comblée»

 

Sarah, une des sœurs de Stéphanie Ménès, tuée le 4 septembre 2019

 

 

«Ma soeur a donné des signes qu’elle n’était pas heureuse car au cours de ces deux dernières années, elle a tenté de se donner la mort deux fois. Elle nous faisait croire qu’elle était comblée», confie Sarah. Mais après une énième dispute avec son mari, à qui elle était mariée depuis 16 ans, Stéphanie Ménès a fini par quitter le toit conjugal avec ses filles le vendredi 30 août. «Elle a parlé aux policiers de ses problèmes mais ils lui ont uniquement dit qu’elle devrait elle-même régler ses problèmes de couple. Ils n’ont pas pris sa déclaration», confie Géraldine, l’autre sœur de la victime. Mais à peine avait-elle eu la force de faire le pas vers une vie qu’elle espérait meilleure que son bourreau l’a rattrapée. Le mercredi 4 septembre, Stéphanie Ménès a été tuée de sang-froid par le père de ses enfants à leur domicile, à Résidence Briquetterie, Ste-Croix.

 


 

«Nou tou ankor dan sok»

 

Hassenjee, le frère de Shabneez Mohamud, tuée le mardi 10 septembre 2019

 

 

«Ce drame nous accable terriblement. Ma mère est complètement abasourdie. Nou tou ankor dan sok», se désole Ashraf, le frère de Nasurudin. Les proches du couple disent ignorer quand leur descente aux enfers a commencé exactement. Mais le mardi 10 septembre, Shabneez a été étouffée à mort par son époux sous le toit conjugal. Pendant ce temps, ses fils de 15 ans et 11 ans s’étaient échappés pour aller informer la police que la situation dérapait violemment chez eux. Mais les policiers ont pris tout leur temps pour réagir et sont arrivés quand c’était déjà trop tard. Shabneez avait déjà succombé aux coups de son époux.

 


 

«Ma sœur vivait l’horreur au quotidien»

 

Sylvia, la sœur cadette de Joyce Revat, tuée le 12 septembre 2019

 

 

«Elle se faisait tabasser tous les jours. Cet homme l’empêchait de voir ses enfants et de nous parler. Ma sœur avait déjà porté plainte contre lui en deux occasions, il avait été trouvé coupable de brutalité à son égard et condamné à payer des amendes. Il avait également dit plusieurs fois qu’il allait tuer ma sœur», confie Sylvia, la sœur cadette de Joyce Revat. Cette dernière, ajoute-t-elle, «vivait l’horreur au quotidien». Et le 4 septembre 2019, Rodney Rambhujun a mis ses menaces à exécution. Il a roué sa compagne de plusieurs coups, avant de plonger sa tête dans «enn barik dilo» jusqu’à ce que mort s’ensuive.

 


 

«Ma petite-fille a vécu l’enfer avec cet homme»

 

Chantal René, grand-mère de Sorenza René, tuée le 13 octobre 2019

 

 

«Il la tabassait régulièrement et n’hésitait pas à éteindre des cigarettes sur elle. Ma petite-fille a vécu l’enfer avec cet homme», se désole la grand-mère maternelle de Sorenza René. Les proches de la jeune femme ont tout fait pour la persuader de se séparer de son bourreau, en vain. Et ce qu’ils redoutaient le plus s’est produit. «Il a frappé Sorenza, puis l’a tuée. Ensuite, il lui a attaché les mains et les pieds avant de la mettre dans un sac poubelle et de l’envelopper avec deux draps. Puis, il l’a quittée là comme un animal…» se lamente Chantal René. L’examen post mortem indique que la mort de Sorenza René remontait à au moins quatre jours. Ses proches pensent qu’elle a été tuée dans la soirée du dimanche 13 octobre.

 


 

«Il disait qu’il la ramènerait dans 15 minutes»

 

Vishan, le frère aîné de Sheena Buleeram, tuée le 8 novembre 2019

 

 

Il aurait suivi le van de l’hôtel qui devait ramener Sheena Buleeram dans les parages de Sébastopol à 16 heures, le 8 novembre dernier. Une fois qu’elle en est descendue, Umaiir Nubeebuccus, de qui la victime était divorcée, l’a obligée à grimper à bord de la voiture qu’il conduisait. Pendant des heures, Anju, la sœur de Sheena, et Neha, sa belle-sœur, ont tenté d’entrer en contact avec la jeune femme et Umaiir. «Il disait qu’il la ramènerait dans 15 minutes. Lorsqu’il nous arrivait d’avoir Sheena au téléphone, nous constations qu’elle n’allait pas bien, qu’elle pleurait», raconte Neha. Ses proches et elle ont alors alerté la police de Montagne-Blanche. Mais très tard dans la soirée du 8 novembre 2019, ils ont appris la terrible nouvelle. Le corps de Sheena Buleeram avait été retrouvé par des policiers qui patrouillaient vers 21 heures, dans les champs de cannes à Camp-de-Masque ; elle avait été poignardée par Umaiir de 22 coups de couteau.

 


 

«Mo tifi ti pou ankor la si la lwa ti pli sever... »

 

Vidyawontee Anatah, maman de Jaya Bunghooye, tuée le 4 février 2020

 

 

Son calvaire aurait commencé un an après son mariage. «Mo tifi ti fini koumans gagn bate me li ti pe kasiet nou selma», lance Vidyawontee Anatah. Alors qu’elle était séparée de son époux depuis un an et demi et détenait un Protection Order contre lui, Jaya Bunghooye avait été victime, selon sa mère, d’une tentative de meurtre le 6 janvier. Son mari Kriteshsingh l’avait étranglée lors d’une dispute devant sa maison. Elle avait échappé à la mort grâce à des voisins et a porté plainte contre son bourreau. Ce dernier avait été arrêté puis relâché sous caution. Le 4 février, il a attaqué Jaya en pleine rue, lui tailladant le cou sous les yeux épouvantés des passants. «Mo tifi ti pou ankor la si la lwa ti pli sever», pleure aujourd’hui Vidyawontee.

 


 

«Mon père buvait et battait ma mère tout le temps»

 

Sharonne Phokeerdass, la fille de Dorine Phokeerdass, tuée le 20 février 2020

 

 

«Je me souviens des accès de colère de mon père alors que je n’étais encore qu’une gamine. Mais elle n’était pas la seule à subir les coups car il s’en prenait aussi à nous», confie Sharonne. Les larmes aux yeux, elle se souvient : «Mon père buvait et battait ma mère tout le temps.» Malgré tout, Dorine Phokeerdass a tenu bon. Mais il y a trois ans, elle a pris son courage à deux mains et quitté le toit conjugal ainsi que son bourreau. Mais ce nouveau chapitre de sa vie s’achèvera vite car, le jeudi 20 février 2020, elle a été agressée mortellement à l’arme blanche en tentant de s’interposer dans une bagarre entre son nouveau compagnon et son ex-mari sous le regard impuissant de ses enfants et de sa petite-fille.

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