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6 octobre 2015 13:01
Nos lagons se vident. La surpêche et l’exploitation massive des ressources de la mer ne sont pas sans conséquences sur la vie marine et la pêche. Pour lutter contre la dégradation de ces ressources et pour permettre le renouvellement des ourites, Maurice a suivi les pas de Rodrigues et participe à la fermeture de la pêche à l’ourite, proposée par le programme SmartFish de la Commission de l’océan Indien, qui est financé par l’Union européenne, et suivie sur le terrain par la Mauritius Marine Conservation Society. Une première à Maurice.
Ce projet-pilote fait suite à la demande des pêcheurs mauriciens qui ont été encouragés par les résultats positifs des fermetures saisonnières de la pêche à l’ourite à Rodrigues depuis 2012. Fermée depuis le 10 août, la pêche reprendra ses droits le 10 octobre. En attendant, du Morne à Souillac, là d’où vient un quart de la production des captures d’ourites, les pêcheurs s’organisent au sein de ce qu’ils appellent la surveillance communautaire du lagon. Gérard Bernard, 48 ans, pêcheur depuis plus de 17 ans, en fait partie. Au cours de ces dernières années, il a constaté comme les autres pêcheurs que les ourites rapetissaient en taille. Conscient du danger que représente la pêche continue, il s’est engagé en tant que Community Resource Observer. Avec ses camarades, il veille sur le lagon afin que personne ne pêche les ourites et que celles-ci puissent se reproduire et grandir.
L’ourite est une espèce qui grandit rapidement ; elle double de poids tous les 35 jours. C’est en hiver qu’une grande partie des ourites femelles pondent et couvent leurs œufs, d’où la nécessité de leur laisser ce temps de repos pour grandir. Les surveillances s’organisent selon l’heure des marées et peuvent durer jusqu’à quatre heures.
Outre ce rôle de garde-fou, Gérard souligne surtout le besoin d’éduquer et de sensibiliser la population sur l’importance de protéger les ourites pendant cette fermeture de la pêche. «Nous portons notre T-shirt fermtir lapes ourit. Nous approchons les gens du village et ceux sur la plage pour leur parler et leur expliquer les raisons de cette fermeture. Tout le monde est conscient de la taille qui diminue de plus en plus, mais c’est notre gagne-pain. Donc, il faut prendre le temps d’y penser et de discuter.»
La protection des ressources marines, Gérard, très impliqué dans ce projet, y croit dur comme fer. «Je suis grand-père de deux petits garçons, mais je n’ai pas envie que mes enfants et mes petits-enfants soient pêcheurs. Je ne veux pas qu’ils aient cette vie dure que j’ai eue. Par contre, je veux qu’ils goûtent et mangent du poisson mauricien», confie-t-il.
Pour ce faire, il faut laisser les poissons et les ourites se reproduire et grandir. Voilà l’essence même de la fermeture volontaire de la pêche aux ourites.
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