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Fermeture des lieux de culte : vivre sa foi autrement

17 mai 2021

Peut-on sentir la présence de Dieu et être en communion avec Lui tout en étant loin de l’église, du temple ou de la mosquée ? La question divise plus qu’elle ne rassemble. Depuis le confinement et les restrictions sanitaires qui s’en sont suivies, impliquant, notamment, la fermeture des lieux de culte et l’interdiction des rassemblements religieux, beaucoup vivent ce moment comme une véritable épreuve. Un éloignement qui engendre chez certains fidèles un mélange de sentiments fait d’incertitude, de déception et de questionnement, principalement lorsqu’il faut vivre des moments importants comme un temps de carême ou une fête religieuse.

 

Certaines personnes multiplient d’ailleurs ces derniers temps des appels au gouvernement pour que celui-ci autorise l’accès aux lieux de culte, se demandant pourquoi les centres commerciaux ont le droit d’opérer contrairement aux églises, temples et mosquées. Pourtant, au vu de la situation où le nombre de cas de contamination locale ne connaît pas de baisse, cette décision du gouvernement d’interdire l’accès à ces lieux hautement fréquentés où le respect des gestes barrières peut être mis à mal est sans doute le mieux qu’il y ait à faire.

 

Dans le contexte actuel où la responsabilité de chaque individu compte, les fidèles sont donc appelés à faire preuve de patience et de prudence. Vivre et pratiquer sa foi tout en étant à la maison, explique le pandit Vishwaraj Maghoo, est tout à fait possible, même si se rendre à son lieu de culte revêt une grande importance en termes de préparation et de connexion à Dieu. «Lorsqu’on va au temple, c’est un moyen pour le dévot de se purifier physiquement mais dans un moment pareil, nous devons faire ce qui est le mieux pour nous, pour notre famille et la communauté. Dieu nous a donné beaucoup d’intelligence, il y a plusieurs autres façons pour nous de nous connecter à Lui.»

 

Aller en profondeur

 

Pour le pandit Vishwaraj Maghoo, les fidèles peuvent, en attendant l’ouverture des lieux de culte, développer leur foi et leur dévotion à la maison en utilisant les moyens qui sont mis à leur disposition. «Vous pouvez vous connecter à travers les réseaux sociaux et assister aux prières en ligne. C’est aussi une forme de partage. C’est le moment où la tradition et la technologie se marient. Il y a aussi la radio et la télévision, qui proposent des programmes religieux. Ça peut nous aider à combler le manque.» Le plus important, poursuit-il, c’est de se mettre en condition pour se rapprocher du Seigneur. «La méditation nous amène plus près de Dieu. Cet exercice se fait seul ou en famille. C’est le moment d’explorer cette voie. Pratiquement tout le monde a aussi des livres sacrés ; pourquoi ne pas revenir à ces textes et prendre le temps de les lire et de les comprendre ? Il ne faut pas oublier que le plus grand temple, c’est nous. Il se trouve à l’intérieur de nous-mêmes. C’est cela que nous devons cultiver.»

 

Que ce soit à la mosquée ou à la maison, la prière, lance le maulana Seedat, peut se faire n’importe où, même si certaines prières doivent se faire spécifiquement à la mosquée. «En ce moment, malheureusement, nous ne pouvons pas le faire. Nous devons le comprendre car le virus rôde autour de nous.» La démarche de certaines personnes de réclamer la réouverture des lieux de culte, dit-il, vient du fait que les centres commerciaux et les bazars sont de nouveau en opération et que les gestes barrières ne sont pas toujours respectés. «C’est dans ce contexte que cette demande a été faite. Par exemple, cette décision de maintenir la distanciation sociale sur les bus stops mais pas dans les bus n’a pas du tout de sens. Les lieux de culte auraient pu rouvrir dans le respect de toutes les conditions sanitaires nécessaires.» Toutefois, en attendant que ce soit de nouveau le cas, les fidèles, explique-t-il, ne doivent pas s’arrêter à cela. «Si vous êtes sincère, votre foi sortira grandie de cette épreuve qui peut devenir une bénédiction. Notre prophète nous dit que nous pouvons nous rapprocher de Dieu à travers les difficultés.»

 

Et si ce temps de restriction qui nous contraint à rester à la maison devenait une chance, une opportunité, de vivre notre foi autrement ? C’est la question du père Jean Claude Veder qui estime que la foi chrétienne ne dépend pas uniquement d’une église. «Évidemment, il y a un manque car la célébration de la messe est importante mais nous pouvons tout aussi bien vivre notre foi en étant chez nous. Au contraire, ce temps nous invite à vivre en petite communauté et à vivre la prière avec plus de profondeur.»

 

Il en a lui-même, dit-il, fait l’expérience en tant que prêtre. «Aujourd’hui, on se retrouve à célébrer la messe avec 10 personnes dans les cures et les salles d’œuvre, et nous vivons quelque chose de profond. Il y a une plus grande proximité, une qualité de présence, à tous les niveaux. Pareil pour les funérailles où j’arrive à être plus proche des gens qui souffrent, à prendre le temps de les écouter et de les accompagner dans leur douleur.»

 

Aujourd’hui, il nous faut, lance le père Jean Claude Veder, trouver le positif dans le négatif. Le fait de pouvoir se réunir à 10 laisse tout de même place à pas mal de possibilités. Il y a aussi les moyens technologiques qui peuvent contribuer à entretenir notre foi. «Bien sûr, rien ne remplace le contact humain mais ça nous permet de vivre notre foi autrement. Nous pouvons humaniser ces moyens car c’est vrai que ça peut sembler aride. Nous avons eu récemment un temps d’adoration en ligne qui est le symbole de la présence du Christ et les fidèles m’ont dit combien ça leur a fait du bien de vivre quelque chose d’aussi fort.»

 

Pour le prêtre, ce temps de restriction ne doit pas être une barrière pour les fidèles dans la pratique de leur foi mais bien une opportunité de la vivre autrement. 

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