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Fièvre aphteuse : Rodrigues dans un chaos économique

23 août 2016

Jean Daniel Raffin s’est lancé dans l’élevage des vaches laitières et de moutons depuis 12 ans. Et c’est la première fois depuis qu’il fait ce métier, qu’il est confronté au virus de la fièvre aphteuse, cette épidémie qui a mis l’élevage de Rodrigues à genou depuis le début de juillet. Àce jour, ce dernier a perdu trois vaches et un taureau. «C’est mon gagne-pain. C’est tout ce que je sais faire et depuis cette épidémie, c’est mon business qui souffre», explique ce dernier qui ne sait plus comment il survivra économiquement.

 

Car s’il a été dédommagé pour les bêtes qu’il a dû enterrer, il estime que cet argent ne suffira pas pour relancer son élevage. «Je salue d’abord la décision de l’Assemblée régionale d’avoir aligné la compensation des éleveurs rodriguais sur celle de Maurice. Mais cela ne m’aidera pas suffisamment», déplore-t-il. «On nous demande de mettre cet argent de côté pour la relance de l’élevage en temps et lieu. Mais en attendant, de quoi vais-je vivre ? Qu’est-ce que je vais manger ? Avec quoi nourrir ma famille ?»se demande Jean Daniel Raffin.

 

Ce dernier est d’avis que les autorités doivent faire un suivi auprès des familles affectées par la fièvre aphteuse et de leur accorder une aide sociale. «Avec l’interdiction d’exporter le bétail, ce sera très dur de survivre. J’ai un enfant en Form Vet un autre en CPE. Je dois subvenir à leurs besoins. Mais je ne sais plus comment faire. Avant l’épidémie, j’étais engagé dans la distribution quotidienne de lait et j’exportais mon bétail. Mais je suis au chômage forcé comme les autres éleveurs qui se retrouvent dans la même situation que moi.»

 

Chez les bouchers, c’est la même inquiétude. Asandy Peermamode, le président des bouchers de Rodrigues, dit craindre un chaos. Depuis le début de l’épidémie, certains bouchers auraient, selon lui, fermé leur commerce. «C’est la conscience citoyenne qui les a poussé à fermer. Car même si l’humain ne risque rien en mangeant de la viande contaminée, les Rodriguais, eux, ont peur et ne se tournent plus vers les viandes fraîches. Personnellement, je ne travaille plus depuis le début du mois d’août. C’est un gros manque à gagner. ÀRodrigues, le chômage fait rage. La population vit de la pêche, de l’agriculture et de l’élevage. Et un de ces secteurs est tombé à terre, on ne sait pas si on pourra le relever», fait ressortir notre interlocuteur. Il est d’avis que cette situation va plonger la petite île encore plus dans la pauvreté.

 

De son côté, Claudarel Bottesar, le porte-parole de la plateforme de solidarité Rodrigues, estime que l’interdiction d’exporter temporairement les œufs et les volailles de Rodrigues vers Maurice n’aura pas de conséquence économique sur Rodrigues contrairement à l’exportation du bétail. «Les œufs et les volailles seront écoulés sur le marché rodriguais pour la consommation locale. Mais c’est l’exportation du bétail qui va souffrir le plus. On lance un appel au gouvernement central afin qu’il apporte leur aide à l’Assemblée régionale pour essayer d’éradiquer de la fièvre aphteuse a Rodrigues», dit-il. En attendant d’autres mesures pour lutter contre la fièvre aphteuse, c’est l’avenir des éleveurs rodriguais qui est dans le flou.

 

Un comité ministériel mis sur pied

 

Lors du Conseil des ministres du vendredi 20 août, un comité ministériel présidé par Pravind Jugnauth a été mis sur pied. L’objectif : se pencher sur la relance du secteur de l’élevage à Maurice et à Rodrigues et déterminer si le gouvernement central apportera une aide supplémentaire aux éleveurs de la petite île.

 

La vaccination commence ce lundi 22 août

 

Les vaccins pour lutter contre la fièvre aphteuse de souche O, qui selon les résultats d’analyses seraient originaire de l’Asie du Sud et du Moyen Orient, sont arrivés ce week-end. La vaccination débutera à Maurice comme à Rodrigues ce lundi 22 août 2016.

 

La colère de Nazirah Kinoo, éleveuse de bétail

 

Son élevage de bœuf avait été épargné jusque la semaine dernière. Mais la donne a changé pour Nazirah Kinoo qui assiste, impuissante, à la mort de ses bêtes affectées par l’épidémie de la fièvre aphteuse. «On ne peut pas laisser les animaux à l’air libre. Je comprends. Mais je dois bien les nourrir. Mais on nous empêche de couper de l’herbe. De plus, je ne peux plus vendre du lait de vache et des œufs. Toute notre famille vit de l’élevage. Je ne sais plus quoi faire», se désole cette éleveuse qui lance un appel d’aide aux autorités.

 

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