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Fondation Claude Raymond Geneviève : Un cardigan vert dans un petit coin solidaire

3 septembre 2016

Annick Geneviève-Duportail souhaite financer des projets sociaux avec l’argent récolté.

Petitbain de soleil. À Curepipe, il fait chaud et je fais le show dans mon petit panier. Je ne m’étale pas trop parce qu’il n’y a pas tant de place que ça. Ce n’est pas la foule, genre Blue-Bay en un dimanche de long week-end, mais ça y ressemble un peu : entre les jupes, les tops et les T-shirts, j’essaie de me mettre à mon aise quand même. Mais hop ! En une fraction de seconde, une gentille dame fait souffler un vent d’espace sur mon petit coin douillet. Elle repart avec un short et un T-shirt pour son fils (bilan du shopping : moins de Rs 100, des sous qui font toute la différence pour l’association, la Fondation Claude Raymond Geneviève). Moi, le cardigan vert, je peux respirer un peu mieux. C’est un peu les vacances pour moi… J’en profite même si j’ai hâte de reprendre du service et de réchauffer une petite fille quand il fait frisquet.

 

Je n’ai pas honte de me présenter : je ne suis pas tout neuf, j’ai eu d’autres amis humains, mais je peux encore donner beaucoup d’amour.  C’est dans une petite boutique sympa de la ville lumière, l’Atelier de Beauté, que vous pourrez me trouver (si je n’ai pas encore fait des ravages !). Sinon, vous tomberez certainement sur mes autres copains/copines de panier. Vous avez des petites choses comme ça que vous ne portez plus et qui peuvent encore servir ? Donnez-leur une nouvelle vie comme à moi. C’est tellement plus fun. Et la Fondation Claude Raymond Geneviève en a bien besoin pour les habitants démunis de Sainte-Catherine à Saint-Pierre (voir hors-texte).

 

Oui, c’est pour ça que je suis à vendre à petits prix (de Rs 10 à Rs 150) : pour récolter des fonds pour des projets sociaux. C’est pour financer des plans d’aide qu’Annick Geneviève-Duportail a eu l’idée de lancer une petite boutique solidaire à l’extérieur du magasin où elle travaille avec la complicité de la patronne (voir hors-texte). Les vêtements que vous déposez sont revendus à petits, petits prix et l’argent récolté permettra d’améliorer le quotidien de plusieurs familles à Saint-Pierre. «Nous souhaitons réorganiser le centre d’éveil, par exemple, afin de permettre aux femmes d’aller travailler pendant que leurs enfants ont un endroit où aller»,confie celle qui a repris les rênes de l’association créée par son frère, Gino (décédé il y a trois ans), en hommage à leur père Claude Raymond Geneviève qui était engagé dans le social.

 

La vente des vêtements et/ou des accessoires n’est pas réservée uniquement aux personnes défavorisées ; tout le monde peut s’offrir des trucs sympas – comme moi, le cardigan vert – en mode friperie. Trop bien, non ? Mais d’où est venue cette idée au top pour récolter des fonds ? No stress !Annick va tout vous raconter : «Pour aider des familles à Saint-Pierre, j’avais fait une collecte de vêtements. Mais il y en avait trop, alors je me suis dit que ce serait une bonne idée pour financer nos projets sociaux.»De débardeurs en boucles d’oreilles (oui, des accessoires sont aussi en vente à petits prix), les choses se sont mises en place et, pour l’instant, le concept plaît. Néanmoins, pour obtenir les fonds nécessaires (Rs 3 millions environ sur cinq ans), il faut beaucoup de jupes et Annick compte sur vous (les dons en espèces et en denrées alimentaires sont également most welcome).

 

Les journées de la jeune femme se rallongent, mais elle ne s’en plaint pas. Elle trie les vêtements (dans l’arrière boutique de l’Atelier de Beauté) et les passe à la machine chez elle s’ils ne sont pas déjà lavés (mais ce serait bien de vous en occuper avant de faire un don). Ensuite, il est question d’indiquer le prix de chaque pièce et d’attendre qu’elle trouve une nouvelle famille pour gonfler la cagnotte de la fondation. Vous voyez, c’est pour la bonne cause que je reprends du service ! En plus, en attendant, je m’offre des vacances et des petits bains de soleil…

 


 

Pourquoi à Saint-Pierre ?

 

Les premières actions de la fondation ont eu lieu à Curepipe, d’où est originaire la famille Geneviève. «Ma maman a déménagé à Saint-Pierre. Et j’y étais quand un incendie a éclaté et que des familles se sont retrouvées à la rue», explique Annick. Celle qui veut aider les autres depuis qu’elle est toute petite n’a alors pas hésité une seconde : il fallait apporter son soutien à ces personnes. Pendant des mois, ces dernières  ont vécu dans un refuge : «Ce n’était pas facile. Une femme était même enceinte. Je l’ai accompagnée, elle a eu son enfant, nous avons créé des liens. Après, je me suis dit que je ne pouvais pas abandonner ces personnes comme ça, qu’il y avait encore du travail à faire.»

 

Des entreprises opèrent des projets d’aide dans la région. Mais la Fondation vient en tant que soutien et avec un savoir-faire et un savoir-être différent pour l’accompagnement des familles et le travail de terrain. D’ailleurs, Annick, une maman d’un petit garçon et d’une belle-fille, poursuit une formation en leadership social à l’Institut Cardinal Jean Margéot. Son but, confie-t-elle, est de réduire la pauvreté, d’éradiquer la misère et de prévenir les fléaux sociaux.

 


 

Céline Chung : «Je veux aider»

 

 

La propriétaire de la boutique, où on trouve vêtements, produits de beauté et accessoires, raconte comment elle s’est laissée embarquer dans cette belle aventure humaine :«J’ai ouvert l’Atelier Beauté il y a deux mois. Je sais, c’est très fresh ! Et je cherchais du personnel. J’ai besoin d’aide parce que je maquille sur place et je me déplace aussi. Un jour, Annick est entrée dans la boutique pour discuter du poste. C’est une histoire très random ! Le courant est passé entre nous, sans problème. Et on a commencé à discuter, elle m’a parlé de son projet et je n’ai pas hésité. Je lui ai dit : je veux y participer, je veux aider et je ne veux pas attendre pour le faire. Je ne me suis pas dit que les gens préféraient acheter les vêtements qui coûtent moins cher que ceux que je propose. Il ne faut pas penser qu’à soi. Alors, je suis heureuse de pouvoir faire quelque chose !»

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