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Fou de colère, il poignarde celle qu’il appelle «mama»

8 juin 2015

Marie Thérèse Julia Furcy, 85 ans, était mère de huit enfants et grand-mère de nombreux petits-enfants.

Trahi par un geste de trop. Dès que la nouvelle de la découverte du corps de Marie Thérèse Julia Furcy s’est propagée, Benji Gabriel, 21 ans, a été l’un des premiers sur les lieux du crime. Et alors que les proches, choqués, se regroupaient autour du corps de la vieille dame de 85 ans et se demandaient qui avait bien pu commettre une telle atrocité, le jeune homme, considéré comme un membre de la famille, s’est jeté sur son cadavre. «La police disait à tout le monde de ne pas s’approcher du corps et de ne toucher à rien. Mais Benji a fait fi de ces instructions et s’est jeté sur ma grand-mère qu’il a serré fort en hurlant que sa mama était morte», relate Wendy, la petite-fille de la victime.

 

Il n’en a pas fallu plus pour que les soupçons se portent sur Benji Gabriel au sujet du meurtre de l’octogénaire tuée de plusieurs coups de couteau, dont un au cœur qui lui a été fatal. Sa dépouille a été retrouvée vers 22 heures, le mardi 2 juin, par sa dame de compagnie, cachée sous une épaisse couverture tachée de sang. Une macabre découverte qui a mis la famille de la victime et tout le quartier de Tranquebar, à Port-Louis, en émoi.

 

Arrêté tout de suite après son geste, Benji Gabriel est passé aux aveux presque 24 heures plus tard. Il a aussi avoué avoir caché l’arme du crime, ses vêtements maculés du sang de la victime ainsi qu’une paire de gants sous un pont de la localité. Le vendredi 5 juin, il a participé à une reconstitution des faits (voir hors-texte) pour montrer comment les choses se sont passées. Il a raconté à la police le déroulement de la soirée jusqu’au moment fatal.

 

Il fait nuit en ce mardi 2 juin. Marie Thérèse Julia Furcy vient de se faire livrer un riz frit préparé par un de ses amis qui habite la même localité. Presque au même moment, Benji Gabriel, agent de sécurité, rentre du travail. Et comme chaque soir, le jeune homme rend une petite visite à Julia Furcy, sa propriétaire et sa voisine de palier, de qui il est très proche. «Ma grand-mère n’aimait pas rester seule. Surtout depuis que mon grand-père est décédé il y a 10 ans. Elle aimait avoir de la compagnie. Et Benji Gabriel passait le plus clair de son temps chez ma grand-mère et l’appelait même mama», raconte Wendy.

 

Acte ignoble

 

Sauf qu’en ce mardi 2 juin, les choses ne se passent pas comme à l’accoutumée. Après que les deux ont partagé le dîner, une discussion éclate entre eux concernant Juliana*, la petite-fille de Julia Furcy, âgée de 13 ans, et avec qui Benji Gabriel entretiendrait une relation. Il aurait même fugué deux fois avec la jeune fille. «Il fréquentait ma cousine depuis quelque temps, explique Wendy. Dans la famille, tout le monde voyait cette relation d’un mauvais œil, car ma cousine est bien trop jeune. Et il y a quelques semaines, Benji Furcy a été arrêté par la police pour avoir eu des relations sexuelles avec elle. Il a dû fournir une caution pour retrouver la liberté. Et ma grand-mère a financé en partie cette caution. Lors du dîner du 2 juin, ma grand-mère lui a une fois de plus demandé de laisser sa petite-fille en paix, car celle-ci ne voulait plus entendre parler de lui. C’est ce qui l’aurait poussé à bout.»

 


Les funérailles de la victime ont eu lieu hier, en présence de ses nombreux proches et amis.

 

Ne supportant pas les remarques de sa propriétaire qui le mettent très en colère, Benji Furcy se rend chez lui, enfile une paire de gants et saisit un couteau. Il retourne ensuite chez sa propriétaire et la poignarde. Une fois son forfait commis, il prend le temps de la mettre dans son lit et de la recouvrir avec un molleton. Comme pour laisser croire que Julia Furcy s’est simplement endormie et rentre chez lui. Mais son acte ignoble ne tarde pas à être mis à jour avec l’arrivée de la dame qui tenait compagnie à Julia Furcy le soir.

 

Depuis le drame, les proches de la vieille dame, considérée par son entourage comme une personne protectrice et généreuse, n’arrêtent pas de la pleurer. Selon sa petite-fille, Wendy, ce sont justement ces qualités qui auraient coûté la vie à sa grand-mère qu’elle affectionnait tant. «Sa générosité l’a tuée», dit-elle, les larmes aux yeux. 

 

Le coeur sur la main

 

Pour ses proches et les habitants de Tranquebar, Marie Thérèse Julia Furcy ne méritait pas une telle fin. Elle qui avait le cœur sur la main. «Chaque 27 décembre, jour de son anniversaire, elle rassemblait les personnes démunies de la localité autour d’un déjeuner ou d’un dîner. Et elle offrait même des cadeaux à tous ceux présents. Elle avait vraiment un cœur en or», témoigne Wendy. Mère de huit enfants, dont six qui vivent à l’étranger et qui se sont déplacés pour assister aux funérailles, qui se sont déroulées hier, Julia Furcy était aussi une passionnée des voyages. «Elle a visité l’Europe, notamment l’Angleterre. Elle passait également le plus clair de son temps à prier.»

 

Toutefois, si Julia Furcy est décrite comme une vieille dame énergique malgré son âge, sa santé lui jouait parfois des tours. Il y a tout juste une semaine, elle était admise aux soins intensifs de l’hôpital Jeetoo pour des problèmes cardiaques. «Elle s’est battue pour s’en sortir. On aurait accepté son décès si elle avait succombé lors de son hospitalisation. Mais nous ne pourrons jamais accepter la façon dont elle a trouvé la mort. Ce criminel doit payer pour ce qu’il a fait», lâche Wendy, hors d’elle.

 

Et dire, dit-elle, que sa grand-mère a tout fait pour aider la famille de Benji : «Sa maman faisait même le ménage chez ma grand-mère qui la payait. C’était aussi sa façon à elle de les aider, car ils sont d’un milieu très modeste. Cependant, Benji n’a eu aucune reconnaissance et a tué ma grand-mère.» Julia Furcy laisse un grand vide derrière elle et tous regrettent terriblement qu’elle ait connu une fin aussi horrible à son âge.

 


 

Benji Gabriel retourne sur les lieux du crime

 

L’agitation est à son comble à Tranquebar en ce vendredi 5 juin. Vers 9h45, des habitants de la rue Louis Maxime Chan Kin se regroupent dans la rue en attendant l’arrivée de Benji Gabriel. Celui-là même qui a avoué avoir tué Marie Thérèse Julia Furcy, 85 ans, d’un coup de couteau en plein cœur. Sur place, des membres de la Special Supporting Unit, des policiers du poste de police de Pope Hennessy et des officiers du Scene of Crime Office mettent tout en place pour que l’exercice de reconstitution des faits se déroule dans les meilleures conditions. Au même moment, les voisins se livrent à une discussion à bâton rompu sur ce drame qui les touche de plein fouet.

 

 

Benji Gabriel, lors de la reconstitution des faits.

 

«Madam la ine tir li lor kosion. Kuma dire line signe so arret de mor kan line fer sa», se désole une voisine. Alors qu’une autre se remémore de la gentille dame qu’était la victime : «Elle a grandi ici et y a vécu toute sa vie. Elle était un bel exemple de générosité, elle ne méritait pas de finir ainsi.» Vers 10h10, l’arrivée d’un véhicule de la force policière vient interrompre leur conversation. À travers la vitre, on aperçoit le présumé meurtrier, vêtu d’une chemise kaki et d’un blue jeans.

 

Menottes aux poignets et le visage fermé, il s’avance d’un pas décidé vers la maison de la victime en jetant un regard discret sur la foule. Accompagné de plusieurs policiers, il monte ensuite les marches menant à l’étage, où vivait Marie Thérèse Julia Furcy, et explique aux enquêteurs comment il a procédé pour tuer sa propriétaire qu’il appelait «mama». L’exercice dure une trentaine de minutes avant que le présumé ne soit reconduit en cellule policière. Benji Gabriel a également été présenté en cour cette semaine sous une accusation provisoire d’assassinat. La police poursuit son enquête.

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