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Frais d’examens du SC-HSC : Les élèves s’en vont en guerre

12 septembre 2016

Les représentants de plusieurs collèges se sont réunis pour faire entendre leur voix.

Ils se battent pour une cause, disent-il. Une cause que ces élèves estiment juste et nécessaire. Ils y croient fortement et qu’ils aient tort ou raison, ils ne comptent pas revenir en arrière. Alors que dans leurs collèges respectifs, vendredi après-midi, leurs camarades de classe refusaient d’aller en classe en signe de protestation, un groupe d’élèves de plusieurs établissements secondaires du pays débarquaient dans les locaux de La Sentinelle, avec leurs convictions à bout de bras, pour faire entendre leur voix.

 

«On se bat pour un principe. Ce que le ministère est en train de faire n’est pasfair play. Nous sommes prêts à accepter la décision de la ministre mais uniquement si la première date, soit le 15 juillet, qui nous avait été donnée, est respectée», lance Mohini Toofany, Headgirl du Queen Elizabeth College(QEC). Voilà ce que revendiquent ces représentants de collèges qui se sont rassemblés au sein d’un groupe qui brandi le slogan : «L’union fait la force.»Ils espèrent ainsi faire pression et faire reculer la ministre Leela Devi Dookun-Luchoomun qui semble, elle, bien décidée (voir hors-texte) à ne pas faire marche arrière, n’en déplaise aux jeunes revendicateurs.

 

Depuis quelques jours, en effet, c’est le branle-bas de combat dans de nombreux collèges du pays où la confusion et la cacophonie règnent. Les élèves, soutenus par les parents, montent au créneau pour crier leur frustration et leur colère. La situation a même dégénéré dans certains collèges en fin de semaine ce qui a forcé la police à intervenir. À l’origine de leur grogne, la décision du ministère de l’Éducation d’appliquer de nouvelles règles concernant les frais d’examens du School Certificate(SC) et du Higher School Certificate(HSC). Selon celles-ci, les élèves ayant un taux d’absence de plus de 10 % enregistré entre janvier et septembre devront payer en intégralité les frais d’examens avant la fin octobre.

 

Si certains refusent catégoriquement cette nouvelle mesure, c’est contre la date butoir pour la comptabilisation des absences que s’élèvent Mohini Toofany et ses amis d’autres collèges comme le Royal de Port-Louis et de Curepipe, le John Kennedy College ou encore le Rabindranath Tagore College, entre autres. «Nous nous détachons des autres groupes qui ne veulent pas payer et qui encouragent la violence. Nous sommes d’accord avec cette mesure mais n’acceptons pas que la date limite change. Nous avons pris nos précautions et nous nous sommes absentés après le 15 juillet pour éviter les problèmes et aujourd’hui, on change de discours»,déplore Yash Bujun du collège Royal de Port-Louis.

 

C’est justement ce changement de discours que dénoncent ces étudiants. Pour Hania Rajack du QEC, les informations données par le ministère de l’Éducation n’ont jamais été claires : «Ce n’est pas professionnel du tout de la part de la ministre. Il y a déjà le stress des examens et maintenant on vient nous faire du chantage en nous disant qu’on n’aura pas le timetable. Est-ce que c’est éthique ? Jusqu’où ça va aller ?»s’insurge-t-elle. De plus, ce serait, disent ces étudiants, une manœuvre du gouvernement pour «extirper de l’argent des parents».Du haut de leurs 17 ou 18 ans, ces jeunes semblent convaincus que tout le système éducatif mauricien est inadapté et est donc à revoir car s’ils ne vont pas à l’école, c’est parce que, avancent-ils, ils n’ont pas d’autre choix.

 

Il faut dire que pour ces élèves en fin de cycle secondaire, s’absenter de l’école avant les grands examens est devenu une priorité, voire une normalité. Et les raisons ne manquent pas pour justifier un tel choix. «On ne fait rien à l’école. Si on reste à la maison, c’est pour réviser et mieux nous préparer aux examens. On a aussi les leçons particulières qui ont lieu pendant les heures de classe», explique Anna Ramtohul du Droopnath Ramphul State College. Mais est-il vraiment possible qu’alors que les examens approchent rien ne soit fait à l’école pour préparer les élèves ? Anusha Vencadasmy de GMD Atchia, elle, n’hésite pas à parler de «l’incompétence»des professeurs. Taariq Abdullatif du collège John Kennedy semble, lui, partager le même avis. Selon ce dernier, si les élèves ne se rendent pas à l’école c’est parce qu’ils n’y trouvent pas ce dont ils ont besoin.

 

Mais dans ce cas, le problème serait-il plus grave que ce que l’on pense ? Comment peuvent-ils penser que l’école ne leur apporte rien de bon ? «Le ministère applique une méthode d’apprentissage qui est traditionnel alors que dans le monde les règles changent tous les jours. Avec la technologie, tout est possible aujourd’hui. On n’a même pas besoin de se rendre à l’école pour apprendre, on peut le faire en ligne», indique Nabil Khodabaccus du Royal College de Curepipe. Cependant, souligne-t-il, il est faux de parler «d’incompétence»du moins en ce qui concerne les enseignants de son collège :«Je ne peux pas dire une telle chose. J’aime mes professeurs et je trouve qu’ils font du bon travail.»

 

En attendant de révolutionner notre système éducatif, ils devront sans doute bientôt se faire une raison car, jusqu’à preuve du contraire, la ministre de l’Éducation est plus que jamais déterminée à leur faire comprendre qu’il y a des règles et qu’il faut les respecter.

 

Leela Devi Dookun-Luchoomun campe sur sa position

 

Elle n’a pas l’intention d’abandonner la partie et compte bien faire comprendre aux élèves qu’ils doivent respecter les règles. Ce sont celles-ci justement qui créent la polémique depuis plusieurs jours parmi les parents et les élèves qui doivent prendre part aux examens du SC ou HSC. Alors que tout le monde a cru que le taux d’absentéisme serait comptabilisé de janvier à juillet 2016, il s’avère que la date limite pour accumuler les 90 % de présence était le 9 septembre. Alors que les collégiens crient au scandale, affirmant que cette date n’avait jamais été mentionnée auparavant, la ministre de l’Éducation est venue apporter des précisions.

 

 

Selon elle, toutes les informations étaient claires, soit que les élèves devaient être présents du 18 mai 2015 jusqu’au moment où le timetabledes examens serait distribué, soit la mi-septembre 2016. Pour elle, toute cette confusion n’a donc aucune raison d’être. Quant à la date du 15 juillet, Leela Devi Dookun-Luchoomun a expliqué que cette date, qui n’a jamais été communiquée aux élèves, concernait les recteurs qui devaient comptabiliser le taux d’absence. De plus, la ministre a précisé que personne ne serait pénalisé. Les élèves dont les parents n’ont pas pu payer les frais avant le 31 octobre pourront quand même prendre part aux examens. La somme sera récupérée par la suite.

 

Réactions

 

Navin Ramgoolam, leader du PTr 

«Les autorités doivent prendre en charge la totalité des frais d’examens de cette année au vu de l’amateurisme irresponsable dans la gestion de ce dossier. Ils ont pris cette décision sans un véritable consensus des différents partenaires, ni explications auprès des parents.»

 

Paul Bérenger, leader du MMM

«La ministre de l’Éducation fait beaucoup de mal à nos étudiants et à notre système éducatif. C’est inacceptable ce qui se passe en ce qui concerne les frais d’examens. C’est une confusion totale créée à la veille de leurs examens. Nous sommes totalement solidaires avec les étudiants et leurs parents.»

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