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Geerish Bucktowonsing : «Il est urgent de responsabiliser les usagers de la route»

23 février 2016

Geerish Bucktowonsing : «Il est urgent de responsabiliser les usagers de la route»

Le MACOSS lance une campagne en faveur de la sécurité sur nos routes. Pourquoi cette décision de la part de l’organisation qui chapeaute les ONG ?

 

Trop, c’est trop ! Tout simplement. Les statistiques parlent d’elles-mêmes : il y a trop de morts sur nos routes. Trop d’accidents. Et puis, on oublie parfois ceux qui ne décèdent pas. Les blessés et les blessés graves. Ceux qui vivent mais qui ne peuvent plus travailler et/ou avoir une vie normale. Mais aussi le traumatisme des familles. La douleur de perdre des êtres chers. On fait parfois l’impasse sur toute la souffrance qui découle d’un accident. Sur les conséquences. Alors, nous avons estimé qu’il fallait sensibiliser et surtout qu’il était urgent de responsabiliser les usagers de la route.

 

Vous ciblez donc tous les usagers de la route ? Pas uniquement ceux qui se déplacent en utilisant un véhicule quel qu’il soit…

 

Absolument. La route se partage. Il faut toucher tous ceux qui l’utilisent : les piétons, les cyclistes, les chauffeurs de poids lourds… Chacun a une responsabilité : s’assurer de rentrer sain et sauf, et qu’il en soit de même pour les autres. Ce qui fait la richesse de Maurice, c’est sa population. Alors, il faut tout faire pour que cette île soit une safer placepour ces hommes et ces femmes.

 

Pendant un mois, vous enchaînez campagne d’affichage, tables rondes, etc. En quoi cette action de sensibilisation est-elle différente des dizaines d’autres avant elle ? 

 

D’abord, il y a le choix du thème : responsabiliser et faire prendre conscience plutôt que de condamner. Notre catch phraseveut tout dire : Dan enn segonn, tou kapav fini. Ces quelques mots résument bien notre propos : ça n’arrive pas qu’aux autres, faites attention à vous et à ceux qui vous entourent. Nous avons opté pour une façon traditionnelle de communiquer, les billboardspar exemple. Mais ce n’est pas la seule. Nous avons fait une vidéo postée sur YouTube, nous essayons de faire circuler notre message sur les réseaux sociaux. Nous avons également choisi le kreol morisienpour toucher le maximum de personnes. C’est la langue maternelle de la plupart des Mauriciens. Et les jeunes sont tout de suite touchés par le message.

 

Facebook, YouTube… vous avez pensé spécialement aux jeunes lors de la préparation de cette campagne ?

 

Nous avons pensé à tout le monde. Mais aussi et surtout à eux. Quand quelqu’un apprend à conduire, on ne lui enseigne que la conduite. On ne le sensibilise pas à sa responsabilité sur la route. Un jeune a son permis, il a sa première voiture, il se sent un peu comme James Bond. Comme un acteur, quoi ! Il se met au volant, croit qu’il peut tout faire, que rien ne va lui arriver. Personne ne lui dit : attention, tu as ta vie mais aussi la vie d’autres personnes entre tes mains. On ne veut pas lui faire peur mais le responsabiliser.

 

Il n’y a pas que les jeunes à responsabiliser. Ceux qui ont fraudé à la National Transport Authority, par exemple, en mériteraient bien une petite dose.

 

D’où l’idée d’organiser une table ronde. Tous les acteurs du secteur de la route (des moniteurs d’auto-école, des examinateurs, des membres de la Traffic Branch, entre autres) seront présents. Il ne s’agit pas uniquement de discuter mais de sensibiliser, de changer le mind set. De les responsabiliser pour qu’ils responsabilisent les usagers de la route qu’ils rencontrent. C’est tout un système qu’il faut revoir. J’utilise encore le terme «responsabilité» parce qu’il est central : quand on est responsable de quelque chose, on y fait attention. Quand on ne se sent pas responsable, on se dit : tant qu’on ne m’attrape pas, ça ira !

 

Le ministre du Transport, Nando Bodha, compte amender les lois pour plus de contrôle concernant les automobilistes et les motocyclistes. Les speed cameras sont de plus en plus nombreuses… S’agit-il, selon vous, de mesures appropriées ?

 

Selon de nombreuses études, l’erreur humaine serait la principale cause des accidents. Il faut donc sensibiliser tous ceux qui partagent la route. Mais je vais poser une question : pourquoi y a-t-il autant d’accidents ? Je ne suis pas sûr de fournir une réponse correcte, je ne suis pas un spécialiste. Alors je vais m’interroger. Les caméras sont sur les autoroutes. Mais ce n’est pas forcément là qu’il y a des accidents. Que faut-il faire ? Il y a plus d’accidents le week-end. N’y a-t-il pas des conclusions à en tirer ?  Et puis, n’y a-t-il pas trop de véhicules pour une si petite île ? À l’entrée de Port-Louis, combien de personnes sont seules dans leur voiture ? Le métro léger, c’est pour quand ? Est-ce qu’on est sûr de l’état de nos routes et de nos véhicules ? La NTA fait-elle son travail ? La liste est longue !

 

 

Bio express

 

Il a à cœur le bien-être des Mauriciens. D’ailleurs, ça doit se ressentir car c’est le troisième mandat de Geerish Bucktowonsing à la tête du MACOSS. Il est marié à Rubina et papa de Rushika, Rithika et Ryan.

 

Ma semaine d’actu

 

Quelle information a retenu votre attention ces derniers temps sur le plan local ?

 

La série de crimes crapuleux le week-end de la Saint-Valentin. J’ai trouvé que c’était inquiétant et que ça donnait à réfléchir sur la société mauricienne. Alors qu’on fêtait l’amour, pourquoi tant de haine ?

 

Et sur le plan international ?

 

Je suis les élections en Amérique. Cette semaine, je me suis fait cette remarque : les Américains préfèrent opter pour des candidats âgés au lieu des plus jeunes.

 

Que lisez-vous actuellement ?

 

Robinson sur l’île durable d’Éric Ng. Il parle d’une série de projets environnementaux intéressants.

 


 

«Dan enn segonn…»

 

«…tou kapav fini.» Voici le message choc de la campagne du MACOSS. Et durant les prochaines semaines, plusieurs activités sont au programme :

 

-De l’affichage : Sur des billboards (de Plaisance à Grand-Baie) mais aussi dans la presse écrite avec le message-phare. Une présence accrue sur les plateaux radio et télé est aussi prévue.

 

- De la communication via courriel :Grâce à des agences de virtual marketing. Ne vous étonnez pas de recevoir un petit mail !

 

- Les réseaux sociaux, bien sûr :Le partage à travers Facebookest en cours et grâce à toutes les like pagesdu network du MACOSS. Le petit plus : que la Road Safety Bannersoit utilisée par le plus grand nombre comme coverphoto. Une vidéo est actuellement partagée depuis YouTube.

 

- Du partage traditionnel :À travers des pamphlets et des stickers distribués sur les routes.

 

- Au menu des discussions :Une table ronde afin de sensibiliser à la sécurité routière.

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