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23 janvier 2024 13:58
«Beaucoup de questions se posent après le passage du cyclone Belal et il n’y a pas que les autorités qui doivent rectifier le tir. Je pense qu’il y a une responsabilité individuelle, collective et étatique. Individuelle et collective, car il faut que les Mauriciens aient une conscience écologique de pa zet salte et qu’ils n'attendent pas un ordre de l’employeur ou des autorités pour savoir s’il faut aller travailler ou pas ; il faut faire preuve d’un peu de bon sens. Étatique, car on parle de prévoir, de prendre des précautions, de tirer des leçons des situations d’avant et, surtout, de s’adapter. Par exemple, on ne peut pas faire des petits drains alors qu’on est souvent en situation de flash flood. Mais le plus inquiétant est pour moi l’ingérence politique dans des instances où il y a des personnes compétentes. Que l’opposition ne vienne pas marteler que ce n’est pas bien et fasse la même chose si elle prend le pouvoir par la suite !»
«Après ce qui s'est passé le lundi 15 janvier, nous avons eu la preuve que le mécanisme mis en place par le gouvernement, en l’occurrence le National Emergency Operation Command (NEOC), n’a plus sa raison d’être. Il peut y avoir en son sein des professionnels, mais ils ont fait preuve d’une incompétence trop flagrante. Dans une telle situation, il n’y a rien à rectifier. Il faut tout changer. Par respect pour la population et surtout devant la souffrance de ces milliers de familles qui sont directement touchées, ce Command, à commencer par son président, aurait dû déjà soumettre sa démission pour ne pas avoir pris la bonne décision au bon moment. Les responsables des différents ministères et autres institutions doivent, de toute urgence, se mettre au travail afin de créer un climat de confiance et de sécurité au sein de la population en cette période cyclonique et de grosses averses. Le temps n’est pas au règlement de comptes. La population mérite mieux.»
«Le comité qui gère les catastrophes naturelles doit être constitué de professionnels et non de politiciens. Il faut que les Permanent Secretary des ministères y remplacent les ministres. Cela permettra qu'on ait, dans ce genre de comité, des personnes professionnelles et qui ont à coeur l’intérêt des citoyens sans qu'ils aient à se soucier de leur image politique et des conséquences sur leur électorat.
Le NEOC n’a pas fonctionné, ni au niveau national, ni au niveau régional. J’ai moi-même été formé pour faire partie de la CDRT (Équipe de réponse aux catastrophes communautaires), mais pour l’arrivée de ce cyclone, on n’a pas reçu d’instructions, on a dû sortir pour aider volontairement sans instruction et assistance alors que pendant la formation toute une structure avait été mise en place. Le NEOC doit être plus proactif, les gens qui y siègent doivent pouvoir librement exprimer leurs craintes et faire des suggestions. Les décisions prises au final doivent tenir en compte des expériences vécues. Le NEOC doit se réunir tout au long de l’année et être professionnel à tout niveau.
Concernant la météo, les prévisions de la station météo sont loin d’être précises, il faut faire appel à l’expertise internationale, car c’est la vie de 1,3 million de personnes qui est en jeu.»
«La gestion de ce cyclone a été extrêmement catastrophique et les décisions semblent avoir été prises par des amateurs. La gestion d’un cyclone n’est pas juste une question "de confiner le peuple", mais c’est un travail continu et consistant, c’est-à-dire qu’il faut inclure la crise climatique dans les politiques locales et nationales au sein de toutes les institutions du gouvernement et du secteur privé. Il faut avoir des lignes qui prévoient ce genre de situations et des réglementations pour protéger les travailleurs. Il faut adresser le problème lié à la gestion des déchets en ayant une stratégie élaborée pour éliminer le plastique de nos circuits de consommation.
Il faut conscientiser la population et que tout le monde puisse avoir accès aux infrastructures requises pour disposer de leurs déchets de manière durable. Il est crucial d’adresser le problème lié au manque de planification de nos espaces urbains et le surdéveloppement du pays avec des projets immobiliers qui détruisent nos marécages et autres écosystèmes naturels, sans compter qu’il faut absolument revoir les systèmes de drainage et d’assainissement qui ne sont pas efficaces.
Je suis consciente que le niveau d’eau reçu était au-delà de ce que nous pourrions imaginer ou de ce que nos drains pourraient capter, mais c’est bien cela la crise climatique. Le gouvernement ne fait absolument rien face à la crise climatique. Ce ne sont certainement pas quelques arbres ou coraux plantés ici et là qui nous aideront. Je pense que nous pouvons clairement voir cette tendance d’eyewashing et de greenwashing pour faire passer les projets qui ne cessent de détruire notre environnement naturel.»
«Les autorités sont supposées être du côté du peuple mauricien… Surtout en ce qui concerne la sûreté et, donc, la protection de ses habitants. Elles auraient dû être proactives connaissant la menace qui planait sur l'île et tout simplement émettre une alerte 3 ou un avis de confinement pour empêcher les citoyens de sortir de chez eux sous peine de perdre la vie ou de rester bloqués dans de telles conditions. Oublions l'économie du pays pour un jour. "Prevention is better than cure", comme on dit.
Les décisionnaires doivent mieux réagir face à des situations de crise à l'avenir, surtout en cette période cyclonique où aucun risque de danger n'est à écarter. Au moindre moment de doute, il faudra réagir et réagir bien. Et surtout ne pas tenir les citoyens en attente des fameuses décisions qui tombent vers 4 heures du matin alors qu'une menace, qu’elle soit imminente ou pas, rode dans nos parages.»
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