Publicité
21 mars 2016 04:57
Poignée de main franche, visage expressif, voix qui porte : Graça Machel, l’épouse de l’ex-président sud-africain Nelson Mandela, est de celles qui illuminent une pièce rien que par leur présence. Avec son franc-parler, sa forte personnalité et la conviction dont elle a fait montre pour évoquer les causes qui lui sont chères – l’éducation et la place des femmes dans la société –, elle n’a laissé personne insensible. Ceux qui ont assisté aux activités dans le cadre du lancement de l’African Leadership College, à Beau-Plan, durant la semaine écoulée – notamment les journalistes des médias internationaux, dont la BBC et Al-Jazeera –, peuvent d’ailleurs en témoigner.
Si c’est la raison de sa venue chez nous qui a monopolisé toutes ses interventions, l’ex-Première dame, âgée de 70 ans, a aussi souligné le fort lien qui unissait son époux à notre île : «L’esprit de Madiba flotte sur Maurice.»C’est donc en tant que chancelière de l’établissement que l’ex-ministre de l’Éducation et de la Culture du Mozambique (de 1975 à 1989) – personnage politique, femme brillante et diplômée en droit qui parle six langues et qui a rejoint la guérilla contre les colons portugais – a animé quelques causeries autour de son thème de prédilection : l’éducation.
Un sujet qui lui procure «beaucoup de joie» et qui, aujourd’hui encore, lui donne la force de continuer à donner beaucoup d’elle-même pour des projets éducatifs qui lui tiennent à cœur. «Nous participons à l’écriture d’une nouvelle page de l’histoire de l’éducation tertiaire sur le continent africain»,a-t-elle confié jeudi dernier, lors du lancement officiel de l’institution qui, pour elle, proposera une nouvelle façon d’apprendre, des «new ways of looking at ourselves»pour former les «futurs leaders de l’Afrique».
Graça Machel, qui s’exprime lentement en faisant beaucoup de gestes avec les mains et qui pèse chacun de ses mots, parle de la nouvelle aventure dans laquelle elle s’est lancée avec passion : «Je crois dans ce projet parce que nous sommes tous des enfants de l’Afrique. L’enfant en moi a toujours soif d’apprendre. J’ai toujours cette envie de me réinventer et c’est un plaisir d’être à Maurice pour ce lancement et d’être associée à l’African Leadership University.»
N’ayant jamais été très médiatique, celle qui est aussi connue pour avoir été d’un soutien indéfectible à Madiba, et cela jusqu’à sa mort en 2013, a été avare de commentaires sur sa vie personnelle, préférant davantage s’exprimer sur la raison de sa visite à Maurice : «L’Afrique a encore beaucoup d’investissements à faire dans l’éducation.»Sans oublier son autre combat : la place de la femme dans la société, particulièrement en Afrique. «Une partie de mon récent travail a été d’établir une stratégie pour retenir les filles dans le système éducatif, du moins jusqu’au secondaire», explique-t-elle.
Toutefois, suite à une rencontre avec la presse vendredi, l’épouse du héros de l’apartheid, quoique très réticente, a baissé (difficilement) la garde pour se laisser aller à quelques confidences sur son défunt époux. «C’est toujours difficile de parler de lui. Cela ne fait que trois ans qu’il nous a quittés»,a-t-elle confié. S’ils partageaient tous les deux beaucoup de points en commun, la soif de connaissance était une chose dans laquelle tous les deux croyaient vraiment : «Tout le monde sait que Madiba était un passionné d’éducation. Il en parlait tout le temps.»
Suite à une question d’une radio privée vendredi, Graça Machel a parlé de la relation intime que l’ex-président sud-africain avait avec notre île : «Madiba avait d’abord une relation avec le pays en tant que chef d’État. Puis, c’est à la retraite qu’il a appris à aimer l’île. Il y venait en privé pour se reposer. Une partie de son esprit flotte en quelque sorte sur Maurice dans des lieux qu’il a visités. Je peux dire qu’il est toujours avec vous.»
Désormais, elle aussi – grandement à travers son travail au sein de l’African Leadership College – cultivera une histoire d’amitié avec notre île !
C’est un établissement d’enseignement supérieur de classe mondiale, qui offre des programmes visant à développer les futurs dirigeants de l’Afrique. La mission première de l’institution est de développer 3 millions de dirigeants africains au cours des 50 prochaines années. L’université est axée sur la construction de 25 campus à travers l’Afrique. Ceux-ci, à la fin, accueilleront 10 000 étudiants chacun. L’ALU flagship campus, connu comme l’African Leadership College, est basé à Maurice.
Sa pédagogie est fondée sur la conviction qu’il existe un double impératif dans la formation des dirigeants. Tout d’abord en misant sur le développement de l’individu. Ensuite, les étudiants sont armés de compétences professionnelles pour le marché du travail.
Publicité