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Grève de la faim : Gérald Alcindor, un homme abattu mais déterminé

Il dit vivre un vrai cauchemar depuis plus de deux ans. Après une grève de la faim qui a démarré dans l’ombre, Gérald Alcindor, dont le nom a été mentionné par Shameem Korimboccus à sa descente d’avion, poursuit son combat.

Il est faible et arrive difficilement à parler. Posté derrière l’église Immaculée-Conception à Port-Louis, affalé sur un petit lit de fortune, Gérald Alcindor entame aujourd’hui son 14e jour de grève de la faim. Il exige qu’on lui rende ce qu’on lui doit pour avoir hébergé et nourri 448 personnes dans le cadre des championnats du monde de Beach Handball pour les moins de 17 ans en 2017. Il avait décroché ce contrat de la Mauritius Handball Association alors qu’il gérait le West Palm Inn, une affaire qu’il avait montée avec des partenaires.

 

L’homme de 38 ans affirme avoir injecté Rs 12 544 000 dans ce projet. De cette somme, il soutient avoir reçu uniquement deux paiements de Rs 3,5 millions et Rs 3,2 millions. Depuis deux ans, il n’a cessé de réclamer justice. Pourtant, avant ses déboires, Gérald Alcindor menait une vie tranquille, jonglant entre sa famille et son entreprise.

 

C’est en 1999 que ce père de deux enfants quitte Maurice pour aller faire carrière sur des bateaux de croisière. Il traverse plusieurs pays. «J’ai tout le temps été fier de mon pays. Je repartais sur les bateaux avec des photos pour montrer aux autres à quel point j’avais une belle île.» Lorsqu’il rentre définitivement au pays en 2013, il caresse l’idée de monter une affaire. Avec des partenaires, il ouvre un restaurant, le Beach Shack. «Les affaires marchaient bien. Il y avait des hauts et des bas mais on s’était fait un nom et ça fonctionnait.»

 

Face au succès, Gérald Alcindor transforme le restaurant en un petit hôtel, le West Palm Inn. Il y accueille les équipes de football dans le cadre de la COSAFA. «Il n’y a eu aucun problème.» Lorsqu’en 2016, la fédération de handball l’approche pour lui proposer d’accueillir les délégations dans le cadre d’un championnat, l’homme y voit une occasion en or. «C’était un événement mondial. Nous étions une petite entreprise avec l’opportunité de faire quelque chose de grand. J’ai décidé de foncer. Il fallait accueillir 448 participants de 16 pays. Nous n’avions que 22 chambres. J’ai fait le tour de Flic-en-Flac pour répertorier tous les appartements disponibles. C’était énorme mais réalisable.»

 

Le contrat est signé et il est question que le paiement soit fait en trois tranches. Une avant, une autre pendant et le reste à la fin des jeux. Face à l’envergure de l’investissement, Gérald Alcindor multiplie les emprunts, loue 12 blocs d’appartements et répond aux exigences demandées. Lorsque le premier versement arrive, il comprend vite qu’il y a un problème. «Impossible de toucher l’argent. La fédération m’a expliqué qu’il y avait des problèmes avec les sponsors, qu’il n’y avait pas d’argent mais que ça irait mieux.» Certains lui conseillent de tout arrêter, de «mettre tout le monde à la porte» mais il refuse. «J’ai voulu être patriote. J’ai voulu sauver l’image de mon pays. Voilà où j’en suis.»

 

Par la suite, Gérald Alcindor dit avoir été obligé de trouver l’argent pour fournir nourriture, uniformes et billets d’avion, des frais additionnels au coût de Rs 4 millions, qui viennent s’ajouter aux Rs 12 millions initialement prévues. «Je devais trouver une solution si je voulais récupérer mon argent.» Ce dernier reçoit effectivement deux paiements par la suite mais toujours pas la totalité de la somme dépensée. «J’ai frappé à toutes les portes, chacun se renvoyait la balle, d’autres ne me recevaient même pas.»

 

Totalement ruiné, il en parle dans la presse et crie à l’injustice. En plein désespoir et endetté jusqu’au cou, il fait une tentative de suicide en 2018. «J’avais un contrat écrit en bonne et due forme. Pourquoi ne l’a-t-on pas respecté ? Aujourd’hui, les gens me traitent de fou, de menteur et de voleur mais je suis un innocent. J’ai tout perdu. Mon affaire, tout mon argent. Cette situation est invivable.» Cette grève de la faim, c’était son dernier recours. Ce cauchemar, dit-il, s’arrêtera uniquement lorsqu’il récupérera son dû.

 


 

Myriam Alcindor : «Je n’en peux plus de voir mon fils souffrir»

 

Son cœur de mère saigne. Myriam Alcindor n’en peut plus de voir son fils dans cet état. Tous les jours, elle vient le voir. À 67 ans, cette mère de deux enfants a assisté à la chute d’un fils qui avait tout pour réussir. «Il travaille depuis qu’il a 14 ans. Il a toujours été sérieux et bosseur. Il n’a jamais eu de problème. Il est parti sur des bateaux, est revenu pour monter son business et aujourd’hui, il est à la rue. C’est difficile pour une mère de voir ça.»

 

Myriam dit l’aider comme elle peut pour le soutenir moralement et financièrement. «Avec la pension que nous touchons, nous payons l’école des enfants et essayons de l’aider.» Lorsque son fils lui a annoncé qu’il allait se lancer dans une grève de la faim, elle dit avoir tout fait pour l’en dissuader. «Je lui ai dit non, qu’ils allaient le laisser mourir mais il était déterminé.» Aujourd’hui, tout ce qu’elle souhaite, c’est que ce cauchemar prenne fin et que son fils puisse retrouver une vie normale. «Je ne peux plus dormir ni manger. Je n’ai plus de mots, plus de courage. Il faut que ça s’arrête.»