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23 juin 2014 05:25
127 ans ! C’est le temps que cela a pris avant qu’une femme soit nommée Deputy Commissioner of Prisons (DCP) à Maurice. Et cette femme, c’est Guneeta Aubeeluck. Tailleur impeccablement dressé, escarpins noirs, légère touche de rouge à lèvres… Lorsque nous la rencontrons à la prison centrale de Beau-Bassin, ce vendredi 20 juin, elle nous accueille avec le sourire.
D’emblée, Guneeta Aubeeluck, 50 ans, se confie sur sa nomination et son expérience dans le milieu carcéral mauricien. «C’est une grande fierté pour moi d’être la première femme à occuper ce poste depuis que le service pénitentiaire est opérationnel dans l’île. La prison centrale fonctionne depuis 1887. C’est une nomination que je partage avec le personnel de la prison, avec ma famille et la nation mauricienne. Car, à l’heure où nous parlons de gender equality, il est temps que les femmes mettent les pieds dans des secteurs qui étaient jusqu’ici réservés aux hommes. J’ai une pensée pour toutes les receveuses et conductrices d’autobus qui ont osé se lancer dans ce genre de domaine», souligne Guneeta Aubeeluck.
La quinquagénaire a fait ses premiers pas dans le milieu carcéral en 1987, en tant que Recruit Female Officer. «À l’époque, les Female Officers avaient accès uniquement à la prison des femmes et les Male Officers à celle des hommes. On ne pouvait même pas y effectuer une simple visite. Puis, après quelques années, j’ai postulé pour le poste de Senior Cadet Officer. Nous étions deux femmes à avoir envoyé notre candidature. À ce moment-là, nous ne savions pas que ce poste était destiné aux hommes uniquement. Nous l’avons su seulement après que nos candidatures ont été retenues. Quoi qu’il en soit, on nous a fait confiance et c’est à partir de là que tout a commencé», raconte Guneeta Aubeeluck, mariée et mère de deux enfants.
Dès lors, elle est envoyée dans différentes prisons de l’île périodiquement, pour des formations. Celles-ci durent généralement deux ans avant qu’une nouvelle recrue occupe le poste de Senior Cadet Officer. Une fois encore, Guneeta se démarque. «Après un an de cours, le responsable des prisons de l’époque m’a dit que j’avais déjà toutes les capacités pour assurer les fonctions de Senior Cadet Officer. J’ai alors été mutée à la prison de Richelieu. Par la suite, j’ai été nommée Assistant Superintendant of Prisons, puis Superintendant of Prisons et Assistant Commissioner of Prisons», explique-t-elle.
Des années de gloire, elle n’en a toutefois pas toujours connues dans le milieu carcéral. «L’année dernière, j’avais postulé pour le poste de DCP. J’ai été interviewée, mais ma candidature n’avait pas été retenue. J’ai été déçue d’autant que j’estime que j’avais toutes les qualifications pour occuper ce poste. Des collègues masculins, eux, avaient été nommés. À ce moment-là, je me suis dit que le fait d’être une femme n’avait sûrement pas joué en ma faveur. Mais j’ai persévéré et j’ai tenté ma chance de nouveau. Et voilà le résultat. Je suis aujourd’hui DCP», lâche-t-elle fièrement.
Guneeta Aubeeluck s’est distinguée à plusieurs reprises durant sa carrière. Elle a notamment été désignée Best All Round Recruit et a reçu la President’s Good Conduct and Long Service Medal au bout de 18 ans de service. Sept ans plus tard, elle a, à nouveau, reçu cette distinction.
En tant que DCP, elle a désormais la responsabilité de l’administration de la prison centrale, de la Pirate Wing et des travaux qui s’y déroulent actuellement. Elle devra également s’occuper de l’Inspectorate Team, de l’Emergency Planning Unit et de la Men Power Planning Unit de la prison centrale.
Sur le plan social, Guneeta Aubeeluck est également très active. Elle œuvre notamment pour le bien-être des enfants issus de familles démunies. «Je viens d’une famille modeste. Mes parents ont tout fait pour moi, même si les moyens étaient limités. Je souhaite que chaque enfant ait la même chance. L’argent ne doit pas freiner leur évolution. C’est pourquoi je me suis engagée dans le volontariat», confie-t-elle.
Engagée dans le milieu carcéral, mais aussi dans le social, Guneeta Aubeeluck compte décidément plusieurs cordes à son arc.
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