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Hans Offmann, l’émouvant adieu à un joyeux combattant

23 juin 2014

Il adorait être là où on ne l’attendait pas. Il avait un enthousiasme débordant.

Droit, le visage fermé tant elle a du chagrin, Jennifer Offmann, 41 ans, reste digne. Si elle refuse de se laisser sombrer, c’est parce que Hans, son époux, décédé à l’âge de 40 ans après un long combat contre la maladie, le lui a demandé avant de fermer les yeux à jamais. Après deux ans de «lutte acharnée» contre des problèmes rénaux, le rideau est brutalement tombé, lundi dernier, pour le showman – ex-animateur de Radio Plus qui s’était ensuite lancé à son compte – qui avait fait de l’animation, sa raison de vivre.

«Plus d’une fois, avant de partir, il m’a fait promettre de ne pas verser de larmes, de rester forte pour lui, mais aussi pour nos trois filles :  Victoria (8 ans), Adriana (6 ans) et Chloé (2 ans et demi). C’est quelqu’un qui semait du bonheur sur son passage. Il m’a dit : ‘‘Reste toujours heureuse, ne te laisse pas gagner par la tristesse’’», confie Jennifer d’une voix cassée. Mardi dernier, elle accompagnait son époux pour son dernier voyage, au cimetière de Flic-en-Flac, avant l’ultime séparation. Un peu plus tôt, le même jour, proches, amis, voisins et collègues s’étaient réunis à Baie-du-Cap, à l’église Saint François d’Assise, pour une cérémonie lourde de chagrin, mais qui s’est ténue comme Hans l’avait demandé. C’était «un rassemblement pour fêter» le mari, le père, l’ami, le frère et le fils qu’il était… Lui que beaucoup décrivent comme un «amoureux de la vie» et qui «vivait à cent à l’heure».

Bien qu’il se battait contre un mal qui l’affaiblissait chaque jour un peu plus, même s’il ne voulait pas laisser sa maladie prendre le dessus, Hans savait, hélas, que ses jours étaient comptés. «Son état se détériorait de plus en plus et on s’attendait au pire à tout moment», relate Jennifer, des sanglots dans la voix. Mais il n’était pas question, précise-t-elle, de se laisser abattre, de baisser les bras ou encore de se laisser submerger par de la peine : «La maladie s’est brusquement invitée dans sa vie, en 2012. Tout d’un coup, il s’est mis à avoir de vives douleurs à la tête. Très vite, le diagnostic a révélé que le problème venait de ses reins. Malgré le choc, malgré cette terrible nouvelle, il ne s’est jamais avoué vaincu. Quand il parlait de la mort, il disait qu’il n’allait plus être là physiquement, mais qu’il serait toujours à nos côtés. Il plaisantait beaucoup sur le sujet. C’était sa façon à lui de nous préparer à son départ.»

Il était très fier de ses trois filles et adorait faire des activités pour leur faire plaisir.


Ces derniers mois, entre les allées et venues à l’hôpital de Souillac pour ses séances de dialyse, Hans, qui avait le rire facile, a vécu chaque instant comme une gourmandise. «Quand n’importe qui parle de lui, on évoque d’abord son sourire, cette banane qu’il affichait toujours et en toutes circonstances. Puis, il y avait sa façon de parler, sa voix, ce débit rapide qui le caractérisait tant, ses blagues, sa fougue, son grain de folie, mais surtout son professionnalisme et son envie de toujours bien faire», raconte Jennifer.

Malgré la lourdeur de son traitement, malgré sa transformation physique, sa perte de poids ou encore la douleur qui le faisait souvent crier, sans parler des violents maux de tête qui le paralysaient quand ça lui prenait, Hans est resté, selon Jennifer, fidèle à lui-même jusqu’au bout : «Il était fatigué, mais avait toujours son légendaire sens de l’humour.»


Ses plus belles réalisations


C’est donc dans la joie et la bonne humeur que Hans a profité des derniers moments passés avec sa famille : «On a pu avoir du bon temps ensemble lors de la fête des Mères. D’ailleurs, c’est durant cette journée qu’on a fait notre dernière photo de famille. Durant ses derniers jours, on partait régulièrement à la messe et on a, tout récemment, fait une petite sortie à Curepipe, où on avait bien rigolé, pour ne pas changer, autour d’un bon chocolat chaud et d’un bon éclair au chocolat.»

Pour Hans, la nourriture était quelque chose de sacré : «C’était un très bon mangeur qui raffolait de bons petits plats, mais surtout de bols renversés.» Et une fois qu’il avait le ventre plein, c’est dans son lit qu’il s’abandonnait : «Il adorait dormir.» Les disputes avec lui ne faisaient jamais long feu. «Il me laissait même crier quelquefois, sans rien dire. Bien évidemment, ces moments étaient fréquents car tout n’était pas rose. Souvent, je le reprochais de trop se donner dans son travail, mais avec lui, on ne pouvait pas discuter. Tout, à la fin, se transformait en fous rires», raconte Jennifer.  

Quand son travail prenait beaucoup de son temps, entre les animations qu’il faisait pour les centres commerciaux et autres firmes, et les événements qu’il orchestrait pour les fêtes comme la Saint-Valentin, la Noël ou encore le Festival China Town – son dernier «event», cette année, avant que son état ne se détériore –, Hans passait tous ses moments de répit avec ses trois filles : «Il disait qu’elles étaient ses plus belles réalisations et qu’elles étaient des reflets de lui-même. Il chérissait tous ces instants. Bien sûr, il le faisait davantage depuis qu’il se savait malade.»  

Durant les semaines précédant sa mort, Hans a surtout tenu à participer aux préparatifs pour la Première communion de son aînée, qui aura lieu dans les prochains mois : «Il sentait peut-être qu’il s’essoufflait, mais il tenait à donner son avis. C’est ainsi qu’on a choisi ensemble ce qu’il y aura sur son gâteau.» Bien qu’il ne soit plus là, Jennifer se fera un devoir, dit-elle, de respecter ses dernières volontés : «Il a proposé qu’il y ait des étoiles et un arc-en-ciel sur le gâteau de Victoria. Il a aussi choisi la couleur jaune pour la décoration et je vais faire en sorte de tout faire comme il l’a souhaité...»

Pour le gamin invétéré qu’il était, le quotidien se devait toujours d’être croqué à pleines dents et c’est avec la même force, souligne Jennifer, que Hans se jetait dans son travail : «Il disait toujours qu’il était fait pour l’événementiel.» À l’hôpital, raconte Jennifer, Hans avait vite sympathisé avec tous les patients qui voyaient en lui «quelqu’un de toujours positif», malgré les épreuves, comme les séances de dialyse.

Il lui suffit de penser à lui pour qu’elle sourie. «La vie est une fête. Pourquoi faudrait-il se prendre la tête ?» Toute la personnalité de son époux, poursuit Jennifer, tient dans cette petite phrase qui a toujours rythmé l’existence du joyeux drille qui lui avait tourné la tête à l’hôtel Paradis, où les deux s’étaient rencontrés. «J’ai tout de suite été séduite par sa belle et forte personnalité. Il était toujours solaire et il était toujours là où on ne l’attendait pas.»


Cheveux rouges, short vert…


Pour elle, même si les dix dernières années passées aux côtés de l’homme de sa vie – ils allaient célébrer leurs onze ans de vie commune le 11 juillet – ont toutes été remplies et riches en amour, comme leur mariage à la Clarisse House ou encore la naissance de leurs trois enfants, Jennifer  se souviendra toute sa vie de son premier rendez-vous avec Hans : «Je l’avais côtoyé à l’hôtel, où on se voyait souvent. Mais le premier pas, on l’a fait une fois qu’il avait quitté son emploi. Si à l’hôtel je le voyais toujours en chemise et pantalon, j’ai été très surprise lors de notre première sortie. Il était venu avec les cheveux rouges, un short vert et des chaussettes de différentes couleurs. Il était surprenant et fou, à sa façon, mais c’est ce que j’aimais chez lui. Il était entier et différent, et n’avait pas honte de cela. Il revendiquait cette différence, tout en étant très bien dans sa peau.»

Du plaisir, Hans en prenait au moins autant dans la vie, qu’il en donnait aux autres. «Il faisait toujours ce qu’il aimait et ce qu’il voulait. C’est comme ça qu’il s’est construit et qu’il est devenu le fonceur qu’il était.» Et c’est forte des valeurs que lui ont transmises Hans que Jennifer et ses filles s’efforcent, en cette période difficile, de garder le sourire, comme l’a souhaité celui qui, pour elles, restera à jamais «l’homme, le mari, l’ami et le père idéal» qui s’en est allé comme il a vécu, sur la pointe des pieds.

Et pour Jennifer et ses trois filles, il n’y a pas de doute : Hans «tutoie désormais les anges», pour l’éternité...

 



Une rencontre au nom de Hans


Des prières, un partage, sur Hans, mais aussi sur les nombreux souvenirs qu’il laisse derrière lui. Demain, lundi 23 juin, Jennifer Offmann invite tous ceux qui ont connu son époux, à venir «célébrer sa vie» avec elle. «Son vœux était de partir heureux et ce sera un rassemblement où on va tout faire comme il l’a décidé. J’invite donc tous ceux qui l’ont côtoyé et qui voudraient lui rendre hommage à venir chez nous, à Baie-du-Cap, vers 20 heures», lance Jennifer. Les intéressés sont priés de la contacter sur les numéros suivants : 5732 2939/ 5768 6392.

 




Une vague de sympathie


«Il était un exemple de courage, de sagesse et d’humanité pour tous»,  «Un homme qui avait une grande joie de vivre…» Les messages de sympathie se sont succédés, depuis lundi dernier, sur la page Facebook de Hans Offmann, quand la terrible nouvelle est tombée. C’est désormais Jennifer qui gère ce profil, comme l’aurait  souhaité Hans. «Je suis sûre qu’il m’aurait dit : “Tu vois tous les amis que j’ai ?’’ C’est pour cela que je laisse son compte actif. Il aurait aimé cela», assure Jennifer. Sur sa page défilent ainsi des témoignages, des messages de condoléances ainsi que de nombreuses photos postées par tous ceux qui ont eu l’occasion de le côtoyer.

Ses ex-collègues et les auditeurs de Radio Plus n’ont pas non plus manqué de lui rendre hommage sur les ondes de la radio privée, lors d’une émission spéciale, lundi dernier, en soulignant l’homme pétillant et au grand cœur qu’il était.

 



Karl Offmann : «Mon fils était un bon vivant»

Il est ici en compagnie de ses parents : Karl et Danielle Offmann.


Rien qu’en parlant de lui, une grande émotion l’envahit. C’est son benjamin – son aîné Bernard, qui a 43 ans, vit en France – que Karl Offmann, ancien président de la République, a enterré au cours de la semaine écoulée. «C’est très difficile pour moi de parler de lui. Hans était quelqu’un qui avait une présence de tous les instants. Quand il était dans un lieu, on ne pouvait pas ne pas le voir. C’était quelqu’un qui pouvait faire, en 24 heures, ce qu’une personne normale aurait fait en deux jours. Il était comme ça, Hans, un bon vivant, avec une grande volonté», confie-t-il. Une messe sera donnée en mémoire de son fils le dimanche 29 juin, en l’église de Sacré-Cœur, à Beau-Bassin. 

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