Les regards sont braqués sur ce high-profile case. Le premier après le changement de gouvernement. Celui qui en annoncerait d’autres car, déjà, on évoque l’implication de personnalités/de proches de l’ancien régime dans cette affaire ou d’autres. Et après les turpitudes d’un vendredi 3 janvier (arrestation, perquisition, détention), la mer agitée s’est quelque peu calmée. Car pour l’instant, l’ancien gouverneur de la Banque de Maurice (BoM) opte pour le silence. C’est la stratégie d’Harvesh Seegolam, qui a été arrêté sous une accusation provisoire de conspiracy to defraud, et de son équipe légale. Face aux enquêteurs, mais pas que. D’ailleurs, son avocat, Me Ravi Yerrigadoo l’a confirmé après sa remise en liberté sur parole, ce samedi 4 janvier, à la sortie de la Bail and Remand Court : «Une enquête est en cours, nous ne ferons aucune déclaration.»
L’ancien homme fort de la banque centrale est attendu en cour de Port-Louis, le lundi 6 janvier, à 9h30, et il s’est engagé à suivre toutes les conditions rattachées à sa libération, a précisé son conseil légal. Quelles sont-elles ? Le paiement de deux cautions de Rs 250 000, chacune (ce lundi), la signature d’une reconnaissance de dette de Rs 5 millions, la nécessité de se présenter au poste de police tous les jours entre 6 heures et 20 heures, l’obligation d’avoir une adresse fixe et d’être joignable par la police (au téléphone) et l’engagement de ne pas entrer en contact avec les autres personnes impliquées dans cette affaire. Si à la mi-journée, la police avait objecté à la remise en liberté d’Harvesh Seegoolam, une intervention du bureau du directeur des Poursuites Publiques a été sollicitée pour arriver à un dénouement en début d’après-midi. Me Nataraj Muneesamy n’a pas objecté à une remise en liberté sous caution sous conditions strictes.
De longues heures. L’ancien gouverneur de la Banque centrale a été interpellé à son retour à Maurice, le 3 janvier 2025, par les officiers du Passport and Immigration Office. Celui qui a été nommé gouverneur de la BoM en février 2020 (il a démissionné le 21 novembre 2024), était en déplacement à Dubaï lorsqu’un arrest on arrival a été émis contre lui, à la mi-décembre. À sa descente d’avion, Harvesh Seegoolam a été soumis à plusieurs heures d’interrogatoire under caution par l’Anti-Money Laundering Unit du CCID. L’ancien gouverneur de la BoM a vécu une perquisition à son domicile à Floréal avant d’être placé au centre de détention de Moka, tard dans la nuit.
Ce qui lui est reproché ? C’est l’actuel gouverneur de la BoM, Rama Sithanen, qui a parlé de l’affaire lors d’un point de presse suivant sa nomination. Pour lui, il était question de détournement de fonds publics. Au cœur des interrogations : un décaissement de Rs 45 millions par la Mauritius Investment Corporation (MIC) le 28 octobre 2024 à une entreprise qui aurait été classée à haut risque (catégorie numéro 5). Si Rama Sithanen ne donne pas, alors, le nom de cette entité, il sera vite dévoilé ; il s’agirait de Pulse Analytics. Cette transaction aurait porté préjudice à la MIC : «La première demande a été rejetée par le conseil d’administration de la MIC. Mais une nouvelle demande a été approuvée. Pourtant, elle ne respectait pas 11 des 25 conditions du term sheet», expliquait, alors, Rama Sithanen. L’enquête suit son cours et pourrait impliquer d’autres personnalités. Pour cette affaire et d’autres liées aux transactions de la MIC.