Publicité

Heritage City : La boîte de Pandore ouverte…

12 septembre 2016

Pravind Jugnauth a exprimé son étonnement après le BP d’hier.

Poisson d’avril en septembre. Dans le juke boxde Lepep, le rythme entraînant de It’s Unbelievable. Après le Bureau politique du MSM, hier 10 septembre, le samedi a pris des allures de pa kone !

 

Vous croyiez – en vous fiant à un communiqué émanant du Conseil des ministres – qu’Halloween était en avance de quelques semaines, que le gouvernement avait décidé de prendre les devants et de déterrer et faire revivre un dossier mort, conspué, enterré, détesté, celui d’Heritage City. Bad trip ! Si un cafouillage vous a donné le vertige – il y a eu deux communiqués officiels émanant du bureau du Premier ministre dans la soirée de vendredi : le premier ne faisant pas mention d’Heritage City –, Pravind Jugnauth, lui, a été clair : le projet de nouvelle ville administrative n’a pas été ressuscité.

 

Non. Heritage Cityne fait pas son come-back – selon le leader du MSM, il vaut mieux le préciser –  et il ne peut pas expliquer comment deux communiqués ont été émis :«Ce communiqué n’est pas correct. Nous n’avons pas discuté de faire revivre ce projet au sein du Conseil des ministres. J’ai été étonné d’apprendre le contenu du deuxième communiqué. La décision que nous avons pris tient toujours.»Après l’épidémie du choc, celui de l’étonnement. Pourtant, hier à la mi-journée (un peu plus de deux heures après les déclarations du leader du MSM), on pouvait encore lire sur le site gov.mu :«CABINET DECISIONS – 9 SEPTEMBER 2016 - 1. Cabinet has agreed to the Heritage City project being revived. A Committee chaired by the Prime Minister would finalise all issues.» Au bureau du Premier ministre, on affirme qu’il est impossible qu’il y ait deux versions des cabinet decisions. Faisons-nous face à une manipulation au sommet de l’État ?

 

Au sein du MSM, c’est bien ce qu’on se dit après ce BP mouvementé. Un scénario est évoqué avec insistance : le deuxième communiqué aurait été fabriqué pour servir les intérêts des défenseurs d’Heritage City : «En même temps, on se demande à quoi ça sert de faire ça : la vérité finit bien par éclater, non ? C’est le cas maintenant. Mais tout ça est quand même inquiétant», s’interroge un député MSM. Néanmoins, ce n’est pas le seul courant de pensée : «Peut-être que SAJ a décidé de n’en faire qu’à sa tête et de ne pas écouter son fils», confie un élu de l’Alliance Lepep, qui dit s’attendre à tout (mais qui précise qu’aucune décision n’a été prise au sein du Conseil des ministres concernant Heritage City). Pravind Jugnauth, lui, s’est contenté de dire qu’il doit initier une enquête pour savoir comment une telle situation a pu être possible. Manipulation ? Erreur humaine ? Site piraté ? La piste qui provoquera moins de dégât auprès de l’opinion publique sera, sans doute, privilégiée.

 

De quoi faire souffler un vent glacial sur les relations entre père et fils. Le déjeuner du dimanche en famille doit se digérer avec un peu de difficulté. Car les contours de deux camps opposés s’étaient dessinés autour de l’abandon du projet d’Heritage City, le 5 août. D’un côté, Pravind Jugnauth et son conseiller spécial, Gérard Sanspeur (initiateur de la chute de la construction de cette nouvelle ville administrative). De l’autre, le Premier ministre (qui avait fait part de sa tristesse concernant l’abandon de ce projet au Parlement) et l’homme qui rêvait d’Heritage, Roshi Bhadain. Deux vagues qui s’entrechoquent et qui provoquent des remous visibles – et invisibles – au sein du MSM.

 

Des turbulences néfastes pour le pays, estime un membre du PMSD: «Ils doivent gérer leurs problèmes parce que ça n’en finit pas et ça nous embarrasse !» Au Muvman Liberater, même son d’énervement. Les liens de l’alliance Lepep continuent de s’effriter, assure un membre de ce parti : «Tout ça parce que le père et le fils n’arrivent pas à se mettre d’accord. Enfin, ils veulent tous les deux la même chose mais ce n’est pas possible. Et SAJ refuse de passer le flambeau.»Et l’affaire du double communiqué risque bien d’ouvrir la boîte de Pandore. Une démission/révocation est-elle au programme ? Le sujet sera au coeur des discussions des rencontres au sommet, ce week-end, selon nos renseignements.

 

Horrifié

 

Qui sera sacrifié ? Quelles explications – plausibles, cela s’entend – seront proposées ? Le gouvernement, tel qu’on le connaît, survivra-t-il à cet événement dont les implications dépassent l’entendement ? Autant de questions qui demandent des réponses du Premier ministre, aussi vite que possible, estime un membre du MSM qui se dit horrifié de ce qui s’y passe et qui se demande pourquoi le ministre de la Bonne gouvernance a refusé de s’exprimer ouvertement sur la question. À qui profite le crime, se demande-t-il…

 

À la sortie du BP, Roshi Bhadain a confié s’intéresser uniquement aux matches de football importants de ce samedi soir et ne pas pouvoir discuter de ce dont il a été question au Conseil des ministres. Trop vague. Alors qu’il semblait que l’on assistait à un revival du rêve du ministre de la Bonne gouvernance – à vendredi soir Roshi Bhadain avait également refusé de faire des déclarations -–, ses proches collaborateurs saluaient sa volonté et son travail de longue haleine pour ressusciter ce projet…qui n’est plus «on», selon Pravind Jugnauth. Ou qui l’est mais à l’insu du leader du MSM ?

 

Avec la cacophonie interne dans la bande à SAJ, tout est possible. Néanmoins, de plus en plus, des voix s’élèvent au MSM pour demander un retour à la sérénité pour gouverner avec plus d’efficacité. Fatigués des querelles internes, des prises de décisions fâcheuses et de gestions approximatives, nombreux sont ceux qui interpellent le bolom. Ce «poisson d’avril» en septembre suffira-t-il pour que le Premier ministre prenne les décisions qui s’imposent ? À voir…

Publicité