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Hey Lepep, le gouvernement ça dit quoi ?

7 décembre 2015

Hey Lepep, le gouvernement ça dit quoi ?

Une bougie à souffler. Un événement à «célébrer». Le 11 décembre, cela fera un an que l’improbable alliance présentée pour contrer celle du PTr-MMM est au pouvoir. Y aura-t-il un gâteau? Comme celui que sir Anerood Jugnauth et Paul Bérenger partageaient l’année dernière avant la «trahison». Ou alors comme celui que les membres du gouvernement, alors en campagne électorale, promettaient de partager avec… lepep. Pour fêter ces 12 mois au pouvoir, le gouvernement a choisi d’offrir un cadeau à Rs 150. Un gift qui n’a pas fait plaisir aux travailleurs de l’île. Eux s’imaginaient une compensation salariale plus importante. Le paquet cadeau est passé de travers. Comme l’abattage des chauves-souris, les déclarations chocs et polémiques de ministres tels qu’Anil Gayan ou Showkutally Soodhun, les guéguerres entre le PMSD et le MSM, les dérapages et le défilé des membres de l’ancien gouvernement aux Casernes centrales, les passe-droits toujours d’actualité et les promesses non tenues, entre autres. Néanmoins, le tableau de Lepep n’est pas si noir que ça. Le nouveau gouvernement a aussi accumulé de bons points auprès des Mauriciens : l’annulation de la construction d’une centrale à charbon à Pointe-aux-Caves, l’augmentation des différentes aides, l’ouverture de l’espace aérien, la mise en place d’initiatives pour combattre la pauvreté, entre autres. Et vous, vous retenez quoi de la première année du gouvernement Lepep ? Des intervenants de différents secteurs exposent leur point de vue.

 

Koomaren Viken Vadeevaloo, manager du réseau ANFEN : «On ne vit pas plus mal mais…»

 

Ce que je retiens de positif :On ne vit pas plus mal qu’on ne vivait avant. C’est déjà ça ! La pauvreté a-t-elle reculé ? Difficile à dire. Le combat contre elle a-t-il été remporté ? Bien sûr que non. Il faudrait une action globale, avec un encadrement fort et continu, pour que ça arrive. Néanmoins, je peux dire que j’ai trouvé intéressante l’implication du ministère de l’Égalité des genres auprès du Kolektif Drwa Zanfan Morisien. L’envie d’une collaboration plus durable est essentielle. Le gouvernement a également pris une mesure intéressante avec le projet de parrainage Lovebridge(mais toujours sans consultation avec les ONG, il faut le préciser). J’espère que le projet tiendra toutes ses promesses. Ne soyons pas négatifs.

 

Ce que je regrette :Le ministère des Services financiers a enlevé toutes les guidelinesdu CSR, uniquement parce qu’il y avait des grincements de dents sur certains points. Ce n’était pas quelque chose d’intelligent à faire. En même temps, on a pris une décision pour rectifier l’accompagnement social en créant Lovebridgequi absorbe beaucoup de fonds privés. Mais que fait-on de la National Empowerment Foundation qui fonctionne sans pilote et qui absorbe des fonds publics ? Il y a une incohérence ! Aujourd’hui, de nombreuses associations qui font du bon travail n’ont plus assez de moyens pour continuer. Cela a été fait sans consultation avec les ONG. Il faut que ça cesse, il faut que les dirigeants se tournent vers et écoutent la société civile. Nous avons des idées, nous avons des projets. Et nous en avons assez que les membres du gouvernement félicitent notre travail sans s’engager avec nous et sans nous consulter. Il faudrait que les projets gouvernementaux soient présentés à tous les stakeholders.C’est facile de dire qu’on va suivre un plan Marshall contre la pauvreté. Mais il faut être en contact avec le terrain pour prendre les bonnes décisions, les décisions qui pourront faire la différence. Malheureusement, le gouvernement Lepep, comme tous les autres d’ailleurs, n’écoute pas les ONG. J’attends qu’il le fasse en 2016. Et qu’il commence à travailler sérieusement. Le gouvernement nous a offert un grand spectacle de nettoyage. Comme il l’avait promis. C’est bien de mettre de l’ordre, mais je suis désormais dans l’attente d’un développement social, humain et économique, qui nous fera nous sentir plus Mauriciens.

 

Shane Dulmar, directeur de Noubaz Marketing & Communications et médaillé d’argent en judo aux derniers Jeux des îles : «D’intéressantes mesures pour les PME»

 

Ce que je retiens de positif : Les facilités qu’on offre aux entrepreneurs à travers la SMEDA ou encore la Banque de Développement. Moi, j’ai autofinancé mon entreprise parce que je ne souhaitais pas avoir à répondre à un organisme à qui j’avais emprunté de l’argent. J’ai fait de nombreux sacrifices, mais j’y suis arrivé. Néanmoins, je trouve que les avantages proposés par le gouvernement sont très intéressants. En tant que sportif, je dirais que les décideurs s’y sont pris un peu tard pour la préparation des Jeux des Îles, mais quand ils se sont décidés, c’était pas mal. Et puis, l’essence a baissé (enfin !), le prix d’une connexion Internet a baissé pour les familles qui n’ont pas de gros moyens… c’est bien.

 

Ce que je regrette :Le gouvernement a de bonnes intentions, mais c’est cet esprit de vengeance qui vient un peu gâcher cette première année. Ça me gêne. Sir Anerood Jugnauth a fait une chose qu’il avait promise : envoyer Navin Ramgoolam en prison. Et après ? Où sont les emplois ? Où est la relance économique ? La vision partagée par SAJ, son economic statement, c’était bien beau, mais les résultats concrets ne sont pas là. Je me dis que ça a servi uniquement à rassurer l’opinion publique. J’espère que 2016 sera une meilleure année économique, mais aussi sur le plan de la paix sociale.

 

Irna Sameeraz Jafferbeg, directrice de Live Events Planner : «Le Nine-Year Schooling, je n’y crois pas !»

 

Ce que je retiens de positif : Ma vie n’a pas changé en mieux ces derniers mois. Les courses au supermarché ne coûtent pas moins cher, au contraire ! La seule bonne chose que je puisse souligner, c’est l’augmentation de la pension de vieillesse.

 

Ce que je regrette : Je suis directrice d’entreprise. Aucune des mesures gouvernementales prises ne m’a aidée cette année. De temps en temps, j’entends parler d’une entreprise qui ferme. Une de plus ! Par ailleurs, il y a le projet de Nine-Year Schooling. Ma fille fera partie du premier groupe d’élèves qui passera ces examens-là. Elle sera une des premières victimes. Je dis bien victimes, parce qu’à mon avis, les décideurs ne s’attaquent pas au cœur du problème. À mon époque, c’était le ranking. Après, on a parlé de régionalisation. Et puis, pas tout à fait ! Avec ce nouveau système, c’est plus de compétition et de pression pour mon enfant. Pour terminer, je dirais que rien n’est fait pour que les Mauriciens puissent avancer. Je ne sais pas si ce sont les conséquences des actions de ce gouvernement-là ou de l’autre ou encore de l’autre avant lui, mais c’est une réalité. On veut s’acheter une maison ou alors une voiture ? On s’endette pour la vie si on arrive à concrétiser notre projet ! Je me demande comment font les plus pauvres… 

 

Mary Joyce Grondin, mère de quatre enfants et Insurance Advisor à la National Insurance Company (ex-BAI) : «C’est difficile de faire face avec une famille nombreuse»

 

Ce que je retiens (de positif) : Positif ? Franchement, je ne vois rien… ou alors pas grand-chose. J’étais employée à la BAI quand la compagnie d’assurances a basculé sous l’égide du gouvernement. Mon salaire a connu une baisse de 50 %. J’ai quatre enfants, mon mari est contracteur, ce n’est pas facile en ce moment pour nous.

 

Ce que je regrette :Aucune mesure pour les familles nombreuses, aucune aide. Mes courses me coûtent toujours aussi cher, il n’y a pas de baisse sur le matériel scolaire. J’ai un loan à payer. Je dois m’assurer que mes enfants ont tout ce dont ils ont besoin pour aller à l’école. Ma vie ne s’est pas améliorée avec l’Alliance Lepep ! Au lieu d’envoyer les gens au Central Criminal Investigation Department, j’estime que le gouvernement aurait dû travailler pour s’assurer que les Mauriciens vivent mieux. Je ne peux pas épargner. Mon mari et moi, on se débrouille pour arriver à faire vivre correctement notre famille. Et ce n’est pas avec cette modique compensation salariale que nos vies vont changer.

 

Bissoon Mungroo,président de l’Association des hôtels de charme :  «Le système de classification est essentielle»

 

Ce que je retiens de positif : Les statistiques le prouvent, non ? Il y a plus de touristes. C’est une bonne chose d’ouvrir l’espace aérien. Néanmoins, il ne faut pas le faire n’importe comment : à quoi ça sert d’avoir des touristes en plus s’ils ne dépensent pas ? Il faut des clients de qualité. Je pense néanmoins que Xavier-Luc Duval est un vieux routier et qu’il sait ce qu’il fait. Nul doute qu’il va mener le bateau à bon port.

 

Ce que je regrette :Pour nous, hôteliers, les choses n’ont pas changé. Chacun doit se débrouiller, doit faire son marketing. Le coût pour faire tourner un hôtel a augmenté et malheureusement, le prix de nos chambres reste le même. Il y a un mismatch. Et ce mismatchse ressent encore plus quand il y a la braderie des prix. Je m’explique : un hôtel cinq-étoiles qui ne se remplit pas baisse son prix afin d’attirer des clients et offre des tarifs proches du trois-étoiles. Ce n’est pas possible pour le trois-étoiles ! Il est temps que le système de gradingsoit mis en place. La classification est essentielle et elle doit être mise en place au plus vite. Il ne faudrait pas attendre plus…

 

Pour un manifeste flashback…

 

Dans son manifeste électoral, l’Alliance Lepep présentait ses douze priorités. 12 mesures à mettre en place en trois mois si elle remportait les élections. Faisons le point… un an plus tard.

 

Pension de vieillesse à Rs 5 000 : Il s’agissait là d’une des premières réalisations de l’alliance gouvernementale.

 

Révision du système actuel de permis à points pour éliminer les injustices, des caméras pièges et les doubles pénalités : le système a effectivement été revu après de nombreuses hésitations. Néanmoins, certains estiment que «l’injustice» est encore bien présente dans l’actuelle formule.

 

Destruction de la banque de données de la nouvelle carte d’identité nationale : elle a pris du temps, cette destruction ! Trop de temps, estiment les anti-cartes biométriques.

 

Combat contre la fraude et la corruption - le Declaration of Assets Actamendé :Il l’a été et a emmené dans son sillage le Good Governance Reporting Bill(voté cette semaine) qui a été la cause de la polémique politique de ces derniers mois de l’année. Au-delà de ça et de l’opération gran netoyaz– assimilée par certains à une vendetta politique plus qu’autre chose – lancée par le gouvernement, le combat n’a pas pris des allures de grande bataille.

 

Salaire minimum pour les travailleurs au bas de l’échelle : mesure maintenue au bas de l’échelle des discussions pour l’instant.

 

Construction de 2 000 unités de logement chaque année et allocation d’un lopin de terre à un prix nominal aux nécessiteux : lors du premier discours budgétaire de l’Alliance Lepep, plusieurs mesures en ce sens avaient été prises. Ont-elles été réalisées ? Rien n’est moins sûr.

 

Des chances égales à tous et amendement de la loi pour assurer la transparence et la méritocratie : ça doit être un work in progress(ou in thetiroir).

 

Indépendance opérationnelle de l’ICAC et de la police, et permission aux policiers de se syndiquer : rien à signaler sur ces points-là et c’est bien ça le problème !

 

Réorganisation de la MBC et Introduction de la télévision privée :un an plus tard, ça semble toujours être une priorité, mais peut-être pas la plus prioritaire. C’est pratique une télé pour servir le gouvernement !

 

Service wi-fi gratuit dans des endroits stratégiques et connexion Internet rapide à travers l’île : la lenteur des autorités à mettre cette mesure sur pied est sidérante.

 

Commission d’enquête sur la drogue afin d’en finir avec la mafia : elle a été mise sur pied en septembre et les travaux ont été lancés. Mais, pour l’instant, la mafia n’a pas été inquiétée.

 

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